Chapitre 4

36 4 26
                                    

La douleur est reine dans mon cœur. Elle m'oppresse, m'empêche de respirer, de penser. J'ai peur et j'ai mal.

•°•°•✷•°•°•

– Quand va-t-elle se réveiller ?

– Elle est déjà réveillée. N'est-ce pas, ma Reine ?

J'ouvris les yeux. Le monde était flou, je ne distinguai que des tâches de couleur éparses. Je clignai plusieurs fois des paupières et finit par discerner des formes et des contours.

Un homme était penché sur moi. Il portait une longue barbe grise et des lunettes minuscules. Ses yeux bleus pétillants tranchaient sur son visage de vieil homme.

Je mis quelques secondes à reconnaître le médecin de la cour.

À côté de lui, se tenait Célestine, le visage rouge et les yeux gonflés d'avoir pleuré.

Je me redressai sur mes oreillers et parcourus la pièce du regard. Je me trouvai dans ma chambre, et les lumières du soleil couchant enflammaient le ciel que je voyais par la fenêtre.

Je me frottai les yeux et, d'un coup, tous les souvenirs de la matinée me revinrent, me submergèrent, me noyèrent.

La cérémonie de mon couronnement, le noble inconnu qui avait lancé ce cri terrible "Qui est son père ?", ma mère en larmes, et puis son récit.

Sa révélation.

Une révélation que je regrettai désormais de tout mon cœur d'avoir voulu savoir.

Mon père était un loup.

En plus d'être illégitime, j'étais hybride, maintenant. La douleur revint, menaçant de m'emporter à nouveau.

Mais je la repoussai, je refusai de monter ma faiblesse et ma peine. Refoulant mes larmes, je parvins à articuler :

– Combien de temps suis-je restée inconsciente ?

Le médecin échangea un regard avec ma servante.

– Presque sept heures, ma Reine.

Une vague de vertige m'obligea à fermer les yeux. Sept heures ! Et ma mère, pendant ce temps ?

Je posai la question au médecin qui me désigna le coin de ma chambre.

Je ne l'avais pas remarquée, assise, ou plutôt blottie, dans un fauteuil où elle s'enfonçait, tellement immobile qu'elle en était invisible.

– Mère, murmurai-je en me levant.

Le médecin fit mine de m'en empêcher mais je l'ignorai et courus vers ma mère. Elle m'observa d'un regard vide, son visage baigné de larmes.

– Oh Élérida ! sanglota-t-elle. Si tu savais comme je m'en veux !

– Rien n'est de ta faute, mère ! protestai-je. Tu as eu raison de me dire la vérité... aussi dure à accepter qu'elle puisse être.

Célestine s'accroupit à côté de moi et demanda à ma mère :

– Vous sentez-vous assez forte pour participer au banquet de ce soir ?

Le banquet ! Je l'avais complètement oublié ! Je jetai un regard paniqué à mon amie qui me répondit par un sourire.

– Les domestiques se sont occupés de tout, me rassura-t-elle.

Ma mère se redressa et annonce d'une voix claire bien que faible :

– Je participerai au banquet, quoi qu'il se passe.

La Fille du LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant