Chapitre 5

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La force animale, cet instinct qui nous pousse à faire des choses dangereuses, interdites. Cette nuit, c'est lui qui m'a guidée.

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Je fus réveillée par une étrange sensation. Par la fenêtre, j'apercevais le ciel noir piqueté d'étoiles. La pleine Lune brillait, ronde et jaune.

Je me levai sans bruit et sortis de la chambre après avoir jeté un coup d'œil à ma mère endormie.

Je descendis les escaliers, traversai rapidement le couloir et me retrouvai dans le parc. Mes pieds nus sur l'herbe, le vent dans mes cheveux, les rayons de la Lune sur ma peau ; tout cela m'emplit d'un sentiment d'extase, de liberté.

Je courais, maintenant. Les bras grands ouverts, la tête rejetée en arrière, je courais vers la forêt.

Je repensai au récit de ma mère. Elle l'avait appelé "Forêt Maudite". Parlait-elle de la même ? Étrange mais pourtant, il n'y en avait pas d'autres dans les environs. Dans tout les cas, celle-ci n'avait rien de maudit, ou du moins pas que je savais.

Arrivée à la lisière, je m'arrêtai. Les profondeurs obscures des bois m'attiraient irrésistiblement. Je rentrai doucement dans la forêt, me coulant entre les arbres comme l'eau d'une rivière.

Mes pieds se posaient sur l'humus sans aucun bruit. Un instinct animal se réveilla en moi, me poussa à avancer, toujours plus loin.

J'arrivai finalement dans une petite clairière. Une intuition soudaine me fit bander mon arc. Je redoutai quelque chose, sans vraiment savoir quoi.

Un bruit infime me fit tourner la tête. Le bruit inaudible d'une brindille qui se briserait. Mais dans la forêt silencieuse, il résonna comme une explosion. Mon cœur battait la chamade, les poils de mes bras se hérissèrent.

Dans l'ombre, deux yeux jaunes semblaient me fixer. Un réflexe stupide me fit hurler de terreur. Grave erreur : les yeux se rapprochèrent.

Mue par la peur et le désespoir, je fis demi-tour et courus vers le château. Des bruits derrière moi me prouvèrent que j'étais pourchassée. Je courus, hors d'haleine, les larmes brûlantes de la terreur coulant sur mes joues.

Je regardai autour de moi mais ne reconnaissait pas la forêt. Je suis perdue ! réalisai-je brusquement. Je tournais à droite, à gauche, sautais agilement par dessus les fourrés, déchirai ma robe de nuit sur les ronces acérées, me tordais les chevilles dans des trous invisibles.

Je ne courais plus pour m'échapper, je courais pour survivre. Le souffle de la bête effleura mon dos. Elle était là, à quelques mètres.

Mon cerveau analysa la situation. Il fallait que j'arrête de fuir. Je devais trouver un rythme régulier, j'irai plus vite. Mais la terreur que m'inspirait mon poursuivant était plus forte que ma raison.

Mon pied se prit dans une racine. Je m'envolai dans les airs et retombai brutalement sur le sol. J'eus à peine le temps de voir des yeux jaunes terrifiants ainsi que des crocs blancs étincelants à quelques centimètres de mon visage que je m'évanouis.

La Fille du LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant