Chapitre 1

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C'est le jour de mes 20 ans que toute la vérité m'a été révélée.

C'était une vérité dure, sans pitié.

•°•°•✷•°•°•

Ce matin là, je me réveillai joyeuse : c'était mon anniversaire de 20 ans. J'allai enfin pouvoir prétendre au titre de Reine de Salmera.

Je sautai hors de mon lit et tirai sur la ficelle dorée qui appelait Célestine, ma servante personnelle, et meilleure amie, il fallait bien l'avouer.

C'était avec elle que j'avais passé le plus de temps depuis ma naissance, elle était la seule à connaître mon secret, la seule à m'accepter telle que j'étais.

À peine avais-je relâché la sonnette que la porte s'ouvrit sur mon amie au regard bleu cobalt et aux joues rebondies. Il était amusant de penser que nous étions meilleures amies, tout en étant si différentes.

Elle avait un visage rond et sympathique, des yeux de poupons, des lèvres pulpeuses et de jolies formes. Et bien sûr, ses magnifiques cheveux d'or qu'elle metait au minimum une heure à coiffer tous les matins et qui faisaient tomber bien des garçons.

Moi, j'étais tout le contraire. Grande et mince, "une vraie planche à pain" d'après Célestine, les traits secs, sans pour autant être durs, les yeux verts pâle, presque jaunes, les lèvres fines et les cheveux noirs et lisses.

Ma servante était surexcitée. Sa condition allait être améliorée et son salaire augmenté une fois que je serai montée sur le trône.

– Élérida ! m'appella-t-elle.

Elle avait ouvert mon armoire et je restais stupéfaite en voyant son contenu. Pendant la nuit, des dizaines et des dizaines de robes splendides avaient été placées dans ma garde-robe. Il y en avait des violettes, des bleues, des vertes, des jaunes, des oranges, des rouges mais aussi des roses, des dorées, des argentées...

Je me pinçai pour m'assurer que je ne rêvais pas. Mais non, toutes ces robes étaient bien réelles !

Célestine avait plongé dans l'armoire et farfouillait en grommelant pour en trouver une qu'elle jugerait adaptée. Je m'approchai par derrière et lui touchai l'épaule, la faisant sursauter.

– J'aime bien les rouges, lui dis-je.

Elle me jeta un regard noir mais examina tout de même les robes de cette couleur.

Elle en sortit une, d'une couleur vive, parée de perles à n'en plus finir, de jupons et de dentelles.

– Célestine ! lui criai-je en mimant un haut-le-cœur. Quelle horreur m'as-tu dégoté !

La jeune femme éclata de rire en voyant mon air revêche.

– Mais Élérida ! C'est ton anniversaire ! Tu dois te montrer digne de ton rang ! Déjà que tu veux du rouge – ce qui est une très mauvaise idée, mai passons – tu ne vas pas en plus refuser de te faire belle !

Je pestai silencieusement contre les robes compliquées et m'éloignai de la penderie.

– Élérida ! me rappela Célestine. Reviens ici tout de suite !

La Fille du LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant