Comment ose-t-elle, mais comment ose-t-elle me faire ça ? maugréai-je silencieusement en tournant en rond dans ma chambre.
Dès que j'avais dit à Célestine que je retournerai dans la forêt, elle s'était arrangée d'une manière ou d'une autre pour m'enfermer à triple tour dans ma chambre.
Depuis presque cinq heures, j'attendais que quelque chose se passe. La nuit était tombée depuis quelques minutes et les rayons du soleil enflammaient l'horizon et baignaient ma chambre d'une lueur rougeâtre.
Énervée et fatiguée, je finis par m'asseoir sur mon lit. J'attendais. Quoi ? Je ne savais pas. Que quelqu'un vienne.
Mon vœu fut exaucé quelques minutes plus tard lorsque la poignée tourna depuis l'extérieur et que Célestine pénétra dans la chambre, suivie par ma mère. Elles se plantèrent devant moi, les poings sur les hanches et me dévisagèrent sans mot dire.
Elles finirent par m'énerver, à me fixer ainsi.
– Que voulez-vous ? demandai-je en me levant brusquement.
– Te parler, répondit froidement ma mère.
Malgré son air furieux, je remarquai qu'elle avait bien meilleure mine que les derniers jours.
– Alors qu'attends tu ? la relançai-je.
– Élérida, il est hors de question tu ailles dans la forêt ce soir.
– Et pourquoi pas ?
– Tu sais très bien pourquoi ! cria-t-elle. Tu sais ce que renferme cette forêt, pourquoi vouloir y aller ?
Je voyais bien qu'elle avait peur pour moi. Mais je devais y aller, à tout prix. Aussi, pris-je la décision de lui mentir. Je n'aimai pas ça mais je ne voyais pas d'autre façon.
– Très bien... Puisque tu insiste, je n'irai plus, soupirai-je de façon exagérée.
Elle eu l'air suprise de me voir abdiquer aussi tôt.
– Bien... bafouilla-t-elle. Très bien. Dans ce cas, je te souhaite une bonne nuit.
Je me levai et allais l'embrasser. Elle me serra un instant dans ses bras puis tourna les talons.
– Tu n'as pas mangé, fit-elle remarquer.
– Je n'ai pas faim, la rassurai-je en souriant.
Célestine sortit de la chambre derrière ma mère non sans me jeter un regard suspicieux. « Je te surveille. » voulait-il dire.
Je lui répondis par un haussement d'épaules puis fermai la porte à clef.
Je me dirigeai ensuite vers la grande porte-fenêtre qui occupait le mur ouest de ma chambre et sortit sur le balcon. D'ici, je pouvais apercevoir la ligne sombre de la forêt Maudite se découper sur le ciel piqueté d'étoiles. J'aurais pu rester là des heures à admirer le paysage mais je devais accomplir mon destin.
En me penchant, je parvenais à voir la fenêtre de la chambre de ma mère. La lumière était éteinte, elle était sûrement couchée. Tant mieux.
Je rentrai à l'intérieur et enfilai un ensemble noir simple. Je me munis aussi de gants et de chaussures fermées.
Puis je retournai sur le balcon et, prudemment, je passai par dessus la rambarde et me laissai glisser le long du mur jusqu'au sol.
Une fois en bas, je courus de toute la vitesse dont j'étais capable et atteins l'orée de la forêt en un temps record. Là, je m'arrêtai. Je fixai la noirceur impénétrable qui me faisait face. On aurait dit que les arbres suintaient d'une matière indéfinissable, noire et huileuse. Je ne percevais aucun bruit, aucun indice sur ce que renfermait la forêt.
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La Fille du Loup
FantasyCeci n'est pas une épopée fantastique où de jeunes héros sauvent le monde, ce n'est pas non plus un traité philosophique, ni un roman d'amour à l'eau de rose. Non, ceci est l'histoire de l'étrange vie d'une jeune fille qui a vu sa vie bouleversée le...