Chapitre 8

31 5 22
                                    

Je restai figée sans pouvoir réagir.

Le Royaume de Mortogard nous avait déclaré la guerre. Alors qu'il n'avait pas donné le moindre signe d'une quelconque agitation depuis des décennies, notre voisin nous attaquait ? Comment était-ce possible ?

– Mais... bafouillai-je. Comment ?

– Pendant que tu étais je-ne-sais-où, expliqua ma mère non sans me fusiller du regard, un des messagers de la Frontière est arrivé. Il a dit que les troupes du Seigneur Kah-Nor étaient massées à la frontière, et que tout dans leur attitude proclamait qu'il nous attaquerait dès que possible.

Je serrai les dents pour me retenir de crier. Ma mère reprit :

– C'est toi la Reine, Élérida, c'est à toi de défendre le pays, désormais.

C'est ça, refile-moi tous tes problèmes, grommelai-je  intérieurement. Avant de me reprendre. Oui, j'étais suis la Reine, c'était à moi de prendre les choses en main.

Je soufflai par le nez puis redressai le menton. Une lueur de détermination s'alluma dans mes yeux. Cette saleté de Kah-Nor, Seigneur ou non, ne nous battra jamais !

– Fort bien, déclarai-je d'une voix froide.

Ma mère hocha doucement la tête et sortit de la pièce.

Je me baissai pour ramasser les épées que j'avais laissées tomber quelques secondes plus tôt et les déposai précautionneusement sur mon lit. Puis j'allais enfiler une tenue de cuir souple, une côte de maille et des bottes de combat.

En cherchant un peu, je parvins à dénicher deux fourreaux de cuir souple où je glissai mes lames avant de le fixer sur mon dos. Je vérifiai qu'elles coulissaient bien dedans et sortit de ma chambre.

À l'armurerie, les soldats étaient déjà en train de se préparer. Je m'emparai de l'armure et des armes qui m'étaient destinées et les passai par dessus ma côté de maille.

À peine quelques minutes plus tard, tout le monde fut prêt. Ma mère s'était toujours vantée d'avoir une armée particulière efficace et organisée. Nous nous rendîmes à l'écurie où logeaient une grosse centaine de pur-sangs. Je me rendis au box de ma monture, Onyx, une jument à la robe noire et aux muscles puissants. Je lui flattai l'encolure puis la sellai et la bridai.

Une fois dehors, j'observai le parc du château qui s'était transformé en un véritable camp militaire. Des soldats partout, des chevaux, des ordres criés à travers le vacarme. Armée efficace, oui, mais pas très discrète.

J'enfourchai Onyx et la menai sur le chemin de terre battue qui filait vers le Nord et vers le Royaume de Mortogard. Peu à peu, nous fûmes rejointes par les cavaliers, puis les fantassins. Certains brandissaient le drapeau vert orné d'un cerf bondissant du Royaume, tous étaient armés. Je poussai un hurlement guerrier et fis faire volte-face à ma monture.

Mon cri fut repri par tous les soldats. Nous nous mirent en route, moi en tête du cortège, suivie de près les généraux munis de casques à pointes. Ensuite venaient les cavaliers sur leurs montures aux robes luisantes, et enfin les fantassins, lance à la main et sabre au fourreau.

Au total, nous devions être un bon millier. Les hommes de Kah-Nor étaient bien plus nombreux, je le savais, mais ils n'avaient pas le cœur ni la fierté des miens.

°•✷•°

Nous étions partis depuis près de cinq heures, déjà. Nous avancions sous le soleil brûlant, le pas des chevaux et des hommes formant un nuage de poussière sur le sol aride. La chaleur s'abattait sur nous comme une chape de plomb, nous asséchant la gorge. Les soldats étaient à bout, je voyais bien que les fantassins se laissaient distancer de plus en plus rapidement. Je levai mon poing ganté et ordonnai :

La Fille du LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant