Chapitre 10

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Ma lame se releva et para celle de mon adversaire à quelques centimètres de ma poitrine.

– Bien essayé ! haletai-je en baissant mes épées. Le jeune soldat rougit, ravi du compliment.

Depuis une heure, mes soldats et moi nous entraînions dans un champ en friche, à quelques centaines de mètres du village où nous avions passé la nuit. Le bruit des lames qui s'entrechoquaient résonnait dans la campagne et faisait fuir des nuées d'oiseaux dans le ciel limpide.

Je fis signe à mon adversaire qu'il pouvait disposer et observai mes hommes. Ils se battaient bien, même s'il leur restait quelques techniques à perfectionner.

Je passais entre eux, corrigeant certains, félicitant d'autres. J'étais contente, nous avions de bonnes chances de gagner.

Après quelques minutes, je décidai que cela avait assez duré et qu'il était temps de se mettre en route, je criai à mes hommes que nous partions.

J'aurais aimé dire que tous furent prêts en un clin d'œil et que nous partîmes à peine quelques secondes après que j'ai lancé mon ordre mais malheureusement, ce ne fut pas le cas. Ce ne fut seulement qu'une vingtaine de minutes plus tard que nous fûmes prêts à partir. Je remarquai que certains de mes soldats s'attardaient un peu plus que nécessaire auprès de jeunes filles du village et poussai un soupir en levant les yeux au ciel.

Nous nous mîmes en marche sous les applaudissements des habitants du village. Les soldats, motivés par l'entraînement du matin, marchèrent de bon cœur. La journée passa vite, le soir, nous nous arrêtâmes au bord d'un petit ruisseau pour la nuit.

La journée du lendemain fut plus longue, mais nous ne rencontrâmes aucune accroche. Le temps était frais, le sol plat, nous n'avions aucun mal à avancer. Mais la fatigue revenait à l'assaut. J'en profitais pour admirer le paysage. Très différent de celui que je connaissais, il était plat, parsemé ça et là de forêts plus où moins grandes. À l'horizon, la montagne Arimëd étendait son ombre, de plus en plus proche.

Le soir du troisième jour, nous fîmes face à un désagrément, et pas des moindres.

Nous avancions, le soir tombait. Le soleil se couchait à notre gauche, petit à petit avalé par l'horizon.

Soudain, un homme poussa un cri. En face de nous, sur la plaine, se détachait une ligne noire. Je fis signe à mes soldats de s'arrêter. Là-bas, la ligne noire semblait avancer vers nous. Je plissai les yeux, sans pour autant distinguer ce que c'était. L'obscurité engloutissait peu à peu la campagne et la chose était trop éloignée pour être vue clairement.

– Je vais voir ce que c'est ! lançai-je à mes généraux en talonnant Onyx.

– Non ! répliqua l'un d'eux. Nous ne pouvons pas nous permettre de vous mettre en danger, ma Reine. Envoyons un éclaireur.

J'essayai de négocier mais ils ne plièrent pas. Finalement, je grommelai et laissai partir l'homme, de mauvaise grâce.

Nous attendions en silence, pétrifiés. Le cris des oiseaux de nuit perçaient le silence glacial. Au fond de moi, sans vouloir l'admettre, je savais ce qu'était cette ligne noire. Et mon hypothèse fut confirmée quand, au bout d'une heure d'attente, l'éclaireur revint, le visage blême.

– Kah-Nor, eut-il le temps de souffler avant de s'effondrer.

La Fille du LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant