Tiens, c'est drôle. Au moment où me vient l'envie d'écrire ici je me rends compte qu'il y a deux mois déjà, jour pour jour que je ne suis pas venue.
Je pensais à cette phrase "écrire c'est hurler en silence" à laquelle je m'accrochais dur comme fer lorsque j'étais ado. ça me donnait l'illusion d'être comprise. Et puis ce côté un peu rebelle. "ouais exactement, moi j'hurle !". Mais je ne hurlais rien en vérité. Je ne produisais pratiquement rien. J'ignorais encore tout ce que je sais aujourd'hui, et je sais aujourd'hui que j'ignore encore ce que je saurai demain. C'est déjà ça...
J'ai trouvé une définition qui me sied davantage. Ecrire n'est que rire. Au delà de la jolie sonorité, ça se rapproche bien plus de ce que je suis aujourd'hui. Parce que cette passion, bien que difficile et chronophage me procure une immense joie. Une raison d'être. C'est pour cette raison qu'elle n'est que rire, même quand elle me fait pleurer. Parce qu'écrire c'est raconter la vie. Lui rendre hommage dans sa plus tendre beauté comme sa plus noire cruauté. Du moins, c'est ma vision. Je refuse de mentir. Ecrire c'est dire la vérité. Même si elle part d'histoires fictives.
C'est pour ça que je passe des mois de recherches. Le moindre détail m'importe. Même si je mets plus de temps. La finalité des projets me plait. Bien sûr, la plupart ne conviennent pas au fonctionnement de notre société actuelle. Je commence à me faire une raison.
Soit que mes livres soient trop longs, soient qu'ils s'éloignent trop de la romance, parce que je tiens vraiment à creuser mes sujets. Ces deux derniers mois m'ont beaucoup fait réfléchir. J'en veux à la société et à son fonctionnement. Mais je le comprends. Je cherche encore ma place à vrai dire. J'évolue encore. Et c'est une bonne chose.
Je ne sais pas si cette passion me mènera véritablement quelque part, si elle aura le moindre impact. Je me contente de ce que je récupère. Les discussions avec mon éditrice, les conclusions des chroniqueurs et surtout... les émotions des lecteurices. C'est ça qui m'importe.
Parfois je me surprends, comme tout jeune écrivain, à me demander ce que serait ma vie si j'étais plus connue, si un de mes livres était best seller. Mais mon côté rationnel me sauve de cet abysse de fantasme. Je ne crois pas que ce soit si glorieux. Avoir un nom et une renommée c'est aussi et surtout s'exposer à la haine des gens. Ceux qui crachent sur votre travail sans l'avoir lu, ceux qui vous haissent parce qu'ils n'ont pas aimé le livre, sans distinguer le fait que vous n'êtes PAS votre livre. Ceux qui interprétent mal vos propos. Ceux qui pensent que vos antagonistes propagent votre propre parole. Et puis ceux qui vous insultent sur internet simplement parce que leur wifi le leur permet. être plus connu c'est aussi être attendu au tournant. Ceux qui diront "j'aimais mieux ses oeuvres d'avant". C'est devenir porte parole alors que vous n'avez pas demandé à l'être. Tout à coup, une autrice qui écrit des romances devient porte parole de romance. Elle doit répondre au manque de diversité des autres, aux erreurs de sa maison d'édition... Et puis la pression constante de toujours produire. Toujours faire mieux. Toujours faire plus... parce que le monde littéraire est impitoyable. Ecrire pour publier plusieurs fois par an, faire sa réécriture dans les temps, trouver un temps pour les dédicaces et tant pis si tu es introverti de nature...
Ces côtés négatifs ont l'air d'être oubliés de bien de gens qui ne rêvent que de gloire. Il est facile de rêver d'obtenir les bons côtés sans se soucier des mauvais.
Ma vie n'est pas facile. Je n'ai pas tous ces mauvais côtés, mais j'en ai d'autres. Je suis épuisée parce que je ne vis pas de mon métier d'autrice. J'ai un autre métier à temps plein qui m'épuise déjà de par le fait de m'obliger à stresser continuellement mon corps en vivant la nuit et dormant le jour. A ça on rajoute le métier d'écrivain et d'autres soucis de santé. Mais je me dis que je n'ai pas la pression. Même si je me la mets toute seule. Malgré tout il n'y a personne derrière moi pour me dire : plus vite.
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Le temps d'un esprit - journal
Non-FictionCeci n'est pas un roman. Juste un fouillis de pensées d'écrivaine qui ne sait pas s'arrêter d'écrire. Une balade au coin de mes ombres ensoleillées. C'est l'histoire de ma vie, l'histoire d'une série LGBTQIA+. L'histoire d'une autrice qui ne veut fa...