14 juillet 2022

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 – 16h41

Cher petit C (et cher.e) W...

J'écris peu ici et il y a une raison à cela. J'écris peu tout court depuis fin mai. J'ai décidé de prendre soin de moi – vraiment – de fait, j'ai mis l'écriture en pause et décidé de passer plus de temps avec moi-même. J'ai retravaillé mon alimentation, repris l'exercice physique et travaille chaque jour pleinement mon positivisme. Les résultats sont incroyables.

La suite, W, tu peux la passer car elle n'est pas fort interessante pour toi. Je vais parler de moi. Et ce n'est pas glorieux.

A vrai dire, j'ai perdu beaucoup de temps autrefois. J'ai les connaissances depuis plusieurs années, mais il était plus simple d'accuser la fatigue, le manque de temps... Plus simple de me plaindre et de rêver à ce que je voulais, installée dans mon canapé, plutôt qu'à me battre et travailler dur.

Le problème c'est que je travaillais déjà dur. En tant qu'infirmière et en tant qu'écrivaine. Alors rajouter le sport et la nutrition par-dessus... Mais un jour de fin mai j'ai eu le vrai déclic. Celui dont tout le monde parle mais que je n'avais jamais ressenti. Je me suis dit... ma fille, tu dis que tu n'as pas le temps mais si tu passais moins de temps sur les réseaux, tu trouverais ne serait-ce que trente minutes par jour pour ton corps... pour toi ?

Trente minutes ça parait beaucoup mais en vérité... faisons le calcul.

Un jour est composé de 24h. 168h par semaine. Mon premier programme était composé de 4 séances de sport par semaine, à raison de 30min... soit 2h. Et j'ai passé des années à me dire que sur 168h imparties, je n'avais même pas deux heures pour moi. Que deux heures c'était trop. Trop pour qui ?

C'est là que j'ai eu le déclic.

Imagine. Tu as un meilleur ami. Et ce meilleur ami ne va pas bien. Il te le dit. Il te l'a dit plus d'une fois. Tu entends. Tu comprends. Mais tu ne fais rien pour lui. Alors cet ami finit par te lâcher. Il va peut-être encore plus mal qu'avant. Et tu lui en veux. Tu as envie d'être heureux toi, pas de trainasser avec quelqu'un qui va toujours mal. Sauf que... qu'as-tu fait pour aider ton ami ? Physiquement mentalement ? A part lui dire : je comprends... j'entends tes souffrances. Mais je ne ferai rien.

Evidemment qu'il te lâche. Evidemment que votre relation est détruite. Quel genre d'ami te dirait : je n'ai pas le temps pour t'aider à aller mieux... mais prendrait a contrario le temps de te dire « tu me dégoutes. T'es trop grosse / mince. Trop petite / grande. Tu ne sais rien faire. Tu n'arriveras jamais à rien. ». Quel genre d'ami ne te parlerait que pour dire des choses atroces... et attendrait en retour ton amour inconditionnel ? Ta fidélité ? Personne. On est bien d'accord...

Maintenant, le jour où tu comprends que ton corps est un ami, peut-être même le meilleur que tu puisses avoir... c'est là que tu te rends compte de tout ce que tu lui as fait subir. C'était le déclic.

Un dimanche soir, affalée dans mon canapé, à rêver de pouvoir moi aussi un jour aimer mon corps, moi aussi un jour me sentir belle, j'ai enfin percuté. J'ai percuté que si c'était la guerre avec mon corps c'est avant tout parce que je l'attaquais sans cesse. Je n'étais focalisée que sur le mauvais. Alors il me fallait faire la paix. Mieux que ça... me faire pardonner par ce corps qui m'avait lâchée. Comprendre que ce n'était pas le corps qui me lâchait parce que putain, lui il se battait tous les jours... mais moi-même qui me sabotais.

Ce reflet que je ne supportais pas, je lui balançais mes pires mots... et ces mots je les ai ressentis. Ils sont devenus maux. Littéralement. Depuis plusieurs années, j'enchaîne les soucis somatiques. Endometriose, cornée fichue, saignements de nez impromptus, sommeil bousillé, peau desséchée, atrophie des muqueuses pour la petite dernière.

Le temps d'un esprit - journalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant