Stupre et tremblements (+++)

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Alors que j'essaye d'éloigner ma main de sa joue, Yoann la retient, maintenant le contact, pour me recentrer sur le présent. Il me regarde avec insistance. Je sens sa poitrine se soulever rapidement, sa respiration s'est accélérée.

Que cherche-t-il à me dire ?

Peu importe, en vérité. Je profite de ce moment suspendu dans le temps pour graver dans ma mémoire chaque détail de son visage. La forme de sa bouche, de son nez, son air expressif. Yoann est un bel homme et qu'il soit attiré par moi est encore une chose que je n'assume pas tout à fait. Il pourrait en avoir de plus belles, de plus jeunes, de plus... tout.

Mes yeux s'attardent sur ses lèvres et les regarder fait pulser mon bas ventre. Je les imagine partout sur moi et, d'un coup, l'envie d'approcher les miennes se fait de plus en plus forte. Quand je redirige mes yeux dans les siens, je constate qu'il est dans le même état, excité et impatient.

Mon cœur s'accélère comme la toute première fois que nous nous sommes rapprochés. Je repense à ce jour et à ce que j'aurais voulu ressentir, si je n'étais pas partie. L'écho de ce souvenir se transforme en cette douce vibration qui effleure ma peau. J'accueille ces sensations qui ne me font plus peur, au contraire, je leur laisse toute la place. Cette fois-ci, je ne compte pas m'enfuir. J'ai envie d'enfin connaître cette suite tant fantasmée.

J'imagine que tout ceci se lit sur mon visage, parce que Yoann desserre l'emprise de sa main. Il a compris que je suis là, avec lui et que rien ne m'en détournera désormais.

—Laetitia... souffle-t-il.

Ce nom, que j'ai entendu toute ma vie. Ce nom, prononcé par des milliers de personnes avant lui, prend dans sa bouche une dimension totalement inédite. Il hérisse chacun de mes poils, il agite chaque parcelle de mon corps qui s'essouffle sans avoir fait le moindre effort. J'imagine son excitation, miroir de la mienne en cet instant, et grisée par ce feu qui s'allume, je me sens joueuse. Moi aussi je prononce son nom, de la même intensité.

—Yoann... soufflé-je, comme une invitation.

Il se redresse. Son imposante carrure m'incite à me mettre moi aussi debout. Je n'arrive pas à le lâcher des yeux, le fixant sans savoir sur quelle prunelle m'ancrer. Bien que je lui arrive en dessous du menton, je ne me sens pas petite face à lui. Je suis son égale. En silence, nous nous jaugeons. Comme si ni l'un ni l'autre n'osions franchir cette limite le premier, alors qu'il est clair que nous en brûlons d'envie tous les deux. Je lâche un soupir d'anticipation qui lui décroche un sourire avide, presque carnassier.

Un mot de ma part et il serait prêt à me dévorer ? Parce que je crois que moi, oui.

—Laetitia, je vais t'embrasser.

Ces mots me font tressaillir, ma poitrine se contracte dans une intense chaleur. Mes lèvres s'entrouvrent, prêtes à accueillir les siennes.

—Et qu'est-ce que tu attends ? le défié-je.

En une fraction de seconde, il se rue sur moi, cueille mon visage et prend possession de mes lèvres, de ma bouche, de ma langue. Enfin !

La force qu'il exerce n'a d'égal que ce désir que je ressens dans chacun de ses gestes. Sa langue est venue chercher la mienne, et l'avidité de ce baiser déploie chez moi toute l'animalité que j'avais laissée enfermée jusqu'alors. Je me délecte de cette sensation. Lui, Lui, Lui. Mon coeur palpite au moins autant que mon sexe.

Rapidement, ma main se pose sur son épaule puis prend place autour de son cou, maintenant notre étreinte avec force. L'autre cherche la chaleur de sa peau, trouvant par n'importe quel chemin le moyen d'arriver à son but. Passant sous sa chemise, mes doigts frôlent son ventre musclé, sculpté. La sensation de son corps d'apollon est exquise, chaude. Elle attise l'excitation et le désir dans tout mon être.

Mon été sans allianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant