La délivrance

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Ça y est, nous y sommes. Je lève les yeux en direction de mon appartement, prends une grande inspiration et ouvre ma portière.

Yoann sort du véhicule pour me donner mon sac.

—Viens avec moi ! imploré-je.

—Tu ne préfères pas reprendre tes marques sans m'avoir dans les pattes ?

—Dis pas de bêtises. Ludovic a pris l'avion hier, le connaissant, il ne sera là que demain. On grignote un bout tous les deux et... S'il te plait...

—Ok, laisse-moi juste le temps de garer la voiture, de récupérer de quoi manger et je te rejoins.

Je monte au premier étage et fouille dans le fond de mon sac en recherche de mon trousseau de clés. D'un coup, je sursaute, en entendant le verrou de ma porte depuis l'intérieur.

Ludovic est là.

Mon cœur rate un battement. Je me fige, glacée par cet instant que je m'étais préparée à ne vivre que demain. Ma cage thoracique se comprime, je ne me sens pas bien.

Ma porte s'ouvre, mêlant progressivement la lumière du jour à celle du néon du couloir. Je déglutis de stress au moment de croiser le regard de mon futur ex-mari. C'est silencieux que nous nous scrutons, l'un et l'autre. Pas une émotion sur son visage ne trahirait ce qu'il pense en ce moment. J'espère que, vue de l'exterieur, je donne la même impression, car à l'intérieur mon âme a quitté mon corps.

Je pénètre dans l'appartement. Mon regard se porte de part et d'autre. J'aperçois la valise de Ludovic dans le couloir de la chambre.

—Je suis arrivé il y a une heure, déclare Ludo dans mon dos, en refermant derrière moi. Ça va ?

Je hoche la tête, mais reste muette. Il m'est étrange de constater combien son retour de déplacement est rapide, pour une fois.

—Elle est jolie cette robe, ajoute-t-il, mielleux.

Cette phrase m'agace. D'abord, cela fait des années qu'il ne complimente, ni même ne commente, ma tenue vestimentaire. Alors pourquoi maintenant ? Puis, j'y vois une manière maladroite d'ouvrir une conversation que moi non plus je ne voudrais pas tenir, je n'aime pas cette façon sirupeuse de me parler. Tout bouillonne à l'intérieur de moi. De plus, cette robe, je la porte tous les étés.

—T'es pas revenu pour me complimenter, si ? lancé-je, contenant ma rage.

Il baisse les yeux. Je le dépasse sans un regard de plus et me dirige dans la cuisine où je me sers un verre de jus de fruits.

—Putain ! Mais qu'est-ce qui nous arrive Laetitia ? Tu peux pas me quitter comme ça !

L'émotion dans sa voix résonne en moi et mon cœur se serre. L'espace d'une seconde, j'ai presque envie de pleurer. Révéler ainsi ce qu'il ressent n'est pas dans ses habitudes, aussi je refréne ma réaction assez vite, car je sais que cette douceur n'est que le prémice d'un tsunami. Il va exploser et me mettre plus bas que terre. Cette fois, je suis prête. Il va me blesser, je vais souffrir, mais je me relèverai.

—Je t'ai dit, Ludovic, toi et moi, c'est terminé. Nous allons divorcer. J'ai mis le temps, mais j'ai compris. T'étais jamais là, tu ne t'intéressais jamais à moi. Et cette alliance... Je voudrais savoir, pourquoi tu l'as enlevée ?

En prononçant ces mots, je constate qu'il a remis la sienne. Et, à la même seconde, Ludovic baisse le regard sur ma main nue. Ses yeux s'écarquillent. Ses sourcils se froncent et je pourrais jurer que son regard noircit.

Mon été sans allianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant