Une agréable parenthèse

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Mercredi matin.

Je suis réveillée par Lola, qui me saute dessus pour m'embrasser.

— On va à la voc aujourd'hui, hein, maman ?

L'esprit encore flouté par le sommeil, j'essaye de comprendre ce qu'est la Voc.

Ah oui, la vo-gue !

— Oui ma chérie ! On va aller à la vogue.

En début d'après-midi, une grande Lola de 4 ans est fière de ne pas faire la sieste pour une fois. Elle a mis son beau chapeau et sa robe rose et bleue préférée. Elle m'a collé sur l'épaule, un tatouage éphémère qui représente un papillon avec des strass, pour me faire jolie, selon elle. Bien évidemment, nous prenons le bus ! Je n'aurais pas cru, mais Lola déteste ça. Les vingt minutes de trajet sont un calvaire.

C'est durant la dernière semaine de juin que se déroule la Vogue des fleurs. Un carrousel, des manèges, des pêches aux canards sont installés pour le plus grand plaisir des petits. Pour les grands, il y a cette attraction qui me donne envie de vomir rien qu'à la voir. Ça tourne, Ça monte et descend à une vitesse vertigineuse. Tout a été prévu pour passer du temps et dépenser de l'argent. C'est donc en début d'après-midi et le sac à main plein de monnaie que j'arrive avec une poupette survoltée.

En traversant la vogue, je respire cette bonne odeur de barbe à papa, et de sucre cuit. Ma fille pousse des cris stridents, le maire a fait revenir la fermette et il y a des poneys. Mes tympans tentent de se remettre tandis qu'elle enfouit sa tête dans la crinière d'un placide shetland blanc. Je constate que les conditions données par la mairie ont été respectées. Ils ont de l'ombre, de l'eau, et cette année, pas de tours à poneys, juste des caresses. Je participe à la joie de ma fille.

—Maman, regarde comme ils sont doux.

C'est vrai, c'est agréable, bien que ce poney essaye de croquer mon genou.

Au travers de la foule, j'entends mon prénom. Yoann agite ses bras, un large sourire sur son visage. Si il présentait bien en costume, le polo blanc et le pantalon de lin qu'il porte aujourd'hui le mettent en valeur. Je suis soufflée par sa prestance et en oublie de lui répondre. Qu'importe, le voici qui s'avance. C'est la désynchronisation totale: il me tend la main tandis que naturellement j'avance ma joue, puis constatant mon geste, il avance sa joue, mais trop tard, j'ai déjà reculé et je tends ma main. Nous rions de cette maladresse.

— Les deux ? propose-t-il en riant.

— Avec joie.

Nous nous serrons la main et nous nous attirons mutuellement pour nous faire deux bises.

— C'est qui ? demande la petite voix de ma fille.

— Lola, je te présente Yoann, c'est... Un copain de maman. Tu dis bonjour ?

Yoann se baisse à sa hauteur, j'en suis étonnée mais je trouve cela charmant.

— Bonjour Lola. Moi, je m'appelle Yoann, se présente-t-il, alliant gestes et paroles

— Bonjour. T'as vu y'a des poneys ? coupe Lola, qui repart directement vers l'équidé blanc.

— Ma fille, commenté-je. Elle vous a un peu zappé, non ?

— Oui...Presque vexant...Je suis moins intéressant qu'un poney, quoi, ironise-t-il, feignant d'être blessé.

— Et oui. Un blanc en plus, les plus mignons, pas de regret, vous n'aviez aucune chance, mon pauvre, ris-je.

— Alors ? Vous êtes de ces courageuses qui viennent le premier jour de la vogue ?

— Oui, j'ai l'habitude des cris d'enfants, c'est une douce musique pour moi ! Et vous, Yoann ? Que faites-vous là ?

Mon été sans allianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant