Se relever

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Dans la voiture, je consulte mon téléphone et constate les douze appels en absence de Ludovic. Une étrange satisfaction étire un sourire sur mes lèvres. Qu'il ressente pour une fois ce qui a été mon quotidien pendant des mois, des années, me fait presque plaisir. Ma curiosité tente de me convaincre de le rappeler. Ludovic a même envoyé un SMS. «Réponds stp, nous devons parler». La tentation de répondre un simple « ok » est si forte, mais je tiens bon.

Après une vingtaine de minutes, nous arrivons dans une ville portuaire. Nous nous garons et marchons quelques instants jusqu'au bord de mer. Il y a un peu de monde, mais le vent et le bruit de la houle prennent le dessus, donnant l'illusion d'un calme apaisant.

Dans notre dos, une multitude de restaurants face à la mer. Devant nous, la grande bleue, parfaite dans sa lumière de fin de journée. Je retire mes sandales pour les porter à la main, et d'un signe de tête, je propose à Yoann de me suivre.

Les premiers pas dans le sable encore chaud sont agréables. À l'instant, je regrette de ne pas avoir pensé à mettre un maillot de bain.

Je me poste face à la mer, assez proche pour que l'écume des vagues vienne me chatouiller les chevilles et je ferme les yeux.

Le bruit du ressac, celui des mouettes et d'enfants rieurs créent une ambiance agréable pour moi. L'air autour de nous, ce vent presque violent qui fouette mon visage et balaye ma jupe me donne l'impression de voler. Je suis libre. La chaleur de la main de Yoann qui se pose sur mon épaule me fait sursauter. Quand je me tourne vers lui, je constate qu'il ferme lui aussi ses yeux, pour m'accompagner dans ce moment.

Cette agréable parenthèse est brisé par mon portable qui vibre dans mon sac, me ramenant à une réalité toute autre.

« Ma mère a dit que tu étais partie pour le week-end ? Où es-tu ? Appelle-moi !»

Un SMS complet, avec une ponctuation. Eh bien Ludovic, on s'améliore ! ironisé-je dans ma tête.

Yoann me rejoint et nous allons dans un des restaurants non loin de là. En y entrant, il salue le patron par une accolade et je comprends vite qu'ils sont assez proches. Il me présente Jacques Meillant, son oncle. Du côté de sa maman, donc.

Cet homme, plutôt âgé, nous reçoit dans son tablier d'écailleur. Il tient un restaurant de fruits de mer et cuisine à base de produits en grande majorité issus de la région. Dans son établissement, ça sent la bonne bouffe et l'iode. L'accueil qu'il nous fait est vraiment charmant. Il nous installe sur une table en terrasse. Vue sur la mer, décoration sur le thème de la pêche, un homme souriant en face de moi. Tout est parfait.

Nous prenons notre temps. En attendant notre apéritif, c'est silencieux que nous contemplons la vue. La journée se termine lentement, les familles quittent la plage et laissent place aux promeneurs et aux romantiques. Le vent a cessé. À présent, le bruit des vagues marque la mesure. Je soupire devant tant de sérénité.

—Cette vue, je l'admire depuis que je suis petit, commente Yoann. Une grande partie de ma famille est dans la région. Quand je suis ici, je me sens chez moi.

Tandis qu'il prononce ces mots, il tourne la tête dans ma direction.

—Je suis content que tu sois venue avec moi. ajoute-t-il dans un tendre sourire.

—Je suis contente d'être là.

—Je dois dire que la dernière fois que j'ai été sur cette terrasse pour diner, c'était avec mon ex-femme. Je sais que c'est bizarre. Si je te le dis c'est pour éviter que tu penses que j'agis comme ça avec toutes les femmes que je croise.

Mon été sans allianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant