[EN PAUSE] Fallen Wortt - Exploration à dos de dragon.

Chapitre 15

Les possesseurs de Rayon d'Appel étaient les seuls à garder leurs stands un peu après le coucher du soleil. Ils éclairaient leur étale avec de grands braseros. La lune éclairait faiblement les autres rues par lesquelles nous passions. Quand nous arrivâmes à la maison d'Elta et de son père devant laquelle étaient exposées, sur deux tables (composés de planches et de tréteaux), les Pierres d'Invocation, Helrick semblait nous attendre.

« Elta m'a dit que vous viendriez, expliqua-t-il en souriant dans sa barbe blond foncé.

-Woahh... souffla Altaïr en contemplant les pierres de toutes sortes. Elles sont trop belles...

-Ne t'inquiète pas, ce sera bientôt ton tour, affirma Sirius pour rassurer son fils. »

Seule Kirielle était restée à la maison. Mon cousin et mon neveu avaient tenu à m'accompagner. Je commençai à observer les Pierres, et à passer ma main sur celles qui me plaisaient particulièrement. Une vert émeraude lisse comme un galet, une bleue avec des aspérités, une avec une jolie teinte orange sombre en dégradé... Soudain, un bruit de porte me fit relever la tête : Elta venait de sortir de sa maison pour nous rejoindre.

« Alors ? Quoi de neuf ? demanda celle-ci d'un ton léger.

-On vient juste d'arriver, lui appris-je.

-Super ! Dans ce cas, je vais pouvoir t'aider... »

Comme je lui lançait un regard perplexe, elle enchaîna :

« Ouais, je vais pouvoir répéter ce que dit mon père à longueur de journée. »

Ce dernier lui jeta une œillade amusée, sans se vexer. La fille aux longs cheveux se râcla la gorge et prit une voix ridiculement grave et sérieuse.

« Le tout, c'est de prendre son temps, et d'essayer un peu tous les styles de Pierres qui te plaisent. Tout ce que tu dois faire, c'est les toucher doucement ; et si l'éclateil te choisis, il réagira. »

Je continuais de caresser les roches avec précaution, mon excitation ayant brusquement disparu, laissant place à un étrange calme. Quelques minutes passèrent, durant lesquelles je touchai les étranges galets du bout des doigts, en écoutant les conseils des autres. Puis, mon amie m'en désigna un.

« Tu devrais essayer celle-là, » suggéra-t-elle.

La Pierre en question était d'un magnifique rouge sombre, légèrement translucide. Elle avait une forme arrondie, légèrement ovale ; sa surface était plutôt lisse mis-à-part un ou deux pics qui sortaient à droite, sur le dessus. Relevant la tête, je la questionnai :

« Pourquoi ?

-Parce qu'elle te ressemble. »

Voyant mon étonnement, elle continua.

« Oui, regarde, à la lumière de la lune, elle change de couleur. »

Elta s'exécuta, et, soulevant la roche avec précaution, elle l'exposa aux rayons lunaires. En effet, la lune se refléta sur la surface translucide, et révéla une teinte gris-argenté. Oubliant de lui demander le rapport entre moi et cette Pierre, je laissai mon esprit contempler. Elle était ... magnifique ? splendide ? sublime... Non aucun mot n'existait pour décrire une telle beauté.

Quand l'apprentie guerrière la reposa doucement, j'approchai timidement ma main. Puis avec plus d'assurance, je posai la paume de ma main contre la surface dure, et refermai mes doigts autour. Le temps d'un respiration, je sentis une étrange chaleur se diffuser dans mes doigts meurtris par le vent de l'imminente saison des Neiges Froides. Un sentiment de confiance naquit au fond de moi tandis que la douce chaleur s'intensifiait. Une stupéfiante lumière rouge virant au gris s'échappa de la roche entre mes doigts fermés.

Tous fixaient la scène, ébahis. Enfin, Helrick brisa le silence.

« Eh bien, on dirait qu'un éclateil t'a choisi, petit. »

Elta me souris à son tour.

« Félicitation ! Il ne te reste plus qu'à rapporter la Pierre chez toi et à attendre patiemment.

-Oui, confirma son père. Ça pourrait prendre entre un quart d'heure et une heure pour que tu l'invoques.

-T'es content, mon grand ? »me fit Sirius en ébouriffant mes cheveux sombres. 

Incapable de parler, je hochai la tête, n'osant pas retirer ma main de l'objet. Quant à Altaïr, il restait bouche-bée, mais ses yeux brillaient, émerveillés. Déterminé, je soulevai la Pierre, et l'attrapa à deux mains. Bien qu'elle fût légère, une nouvelle crainte s'était ancrée au fond de mon cœur : celle de la perdre. Je la tins contre moi, et nous saluâmes Helrick et Elta avant de prendre le chemin de la maison, éclairé par la lune.