[EN PAUSE] Fallen Wortt - Exploration à dos de dragon.

Chapitre 35

« Debout ! »

Devant le manque de réaction de notre part, Maître Haken enchaîna calmement :

« Allez, vous avez... 2 minutes pour bouger avant que je vous jette tous dans la rivière. »

À ces mots, je m'éveillai complètement, et me redressai d'un coup. Max s'était levé d'un bond, et secoua son loup qui grogna dans son sommeil. Mon ami blond tenta ensuite d'extirper Idori de sa couverture, tandis que Téméria et Kate se levaient avec empressement.

Je rejetai ma couverture sur le côté, et me mit debout avec difficulté. La journée d'hier était passée très vite. Les paysages avaient défilés, et plus nous nous étions éloignés du village, plus ma tristesse et mes regrets s'étaient apaisé, laissant place à une soif de découvertes et un émerveillement que je ne me connaissais pas. Après la pause du zénith, nous avions fait quelques distances à pied, et ramassé quelques plantes comestibles, énergisantes ou soignantes. Au crépuscule, notre capitaine d'escouade nous avait conduit jusqu'à une petite clairière recouverte par les feuilles dorées et ambrées de la période des Brumes, à l'entrée d'une forêt, où nous avions passé la nuit.

« Bien dormi ?m'enquis-je en gratouillant Ace derrière ses cornes.

-Quand un dragon rêve, les étoiles s'assurent qu'il passe un bon moment, craignant qu'il refuse de revenir, »répondit-il.

Je souris, amusé. Quel ego... En rangeant ma couverture dans mon sac avec mes autres affaires, j'observai Téméria réajuster son chignon décoiffé, et passer sa main dans les crins de son magnifique frison couleur de la nuit. Hoshi et Sora, les deux pandas roux, grignotaient quelques miettes de biscuits dans la main tendue de Kate, tandis que Max, avec l'aide de Royal, avait enfin réussi à arracher sa couverture à Idori. Ce dernier soupira, émergeant à peine du sommeil.

« Je suis sûr qu'en plus, y'avait même pas de rivière... murmura-t-il en réponse à la précédente menace de notre maître.

-Très bonne déduction ! »confirma celui-ci en fixant le guerrier aux cheveux noirs avec amusement.

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Aujourd'hui, entraînement dédié aux éclateils. Quels sont leurs capacités, comment bien les utiliser et les combiner avec nos propres techniques...

Je révisais avec Ace des figures de vol, et, après avoir maîtrisé le fait de bien m'accrocher à la selle et de rester dans la bonne position pendant que mon éclateil effectuait un tonneau, je passai à l'étape suivante.

Le vent fouettait mon visage, mais la fraîcheur de l'altitude ne me dérangeait pas. Quand Ace amorça le mouvement, je bloquai ma respiration. Comme à chaque fois, tout tourna autour de moi, et pendant un instant, je vis le monde à l'envers. C'était cet instant qui comptait le plus. Seules quelques secondes s'écoulèrent, et pourtant, le temps sembla s'arrêter. Je décrochai mes pieds du rebord solide qui pendait le long des flancs de mon dragon rouge. Seules mes mains, crispées sur la poignée avant, m'y retenaient encore.

Le risque que j'encourais me faisait peur, certes, mais j'aimais ce frisson qui me parcourait de haut en bas, lorsque je ressentais avec un peu plus de force cette liberté qui me faisait vivre.

Alors, le monde reprit son sens d'origine, et sans attendre, je positionnai correctement mes jambes, et pus me rassoir dans la selle de cuir.

« Wouahou... ! m'exclamai-je. C'était magique !

-Ah ! fit-il. Tu vois que c'est possible ! Alors arrête de douter de toi-même -et de moi en passant- et réfléchis à la mise en place de l'étape suivante. »

Les propos de mon éclateil ne suffirent pas à me redonner confiance en moi, mais je préparai néanmoins la suite de cet enchaînement. Nous savions déjà à quoi cela devait ressembler, mais les détails et l'apprentissage restaient à imaginer.

Ace fit demi-tour, et revint aux alentours du lieu d'entraînement à lents battements d'ailes rythmés. Un peu plus loin, j'aperçus Idori sur le dos de Royal, son immense faucon gerfaut.

« Et si... hésitai-je. Et si tu n'attendais pas la fin de ton tonneau pour commencer à plonger ? Tu perdrais moins de temps, tu ne crois pas ? »

Il acquiesça par un grognement, et s'élança à pleine vitesse dans le ciel aux reflets ambrés.

Ace effectua la même figure, le paysage changea une nouvelle fois de sens, mais cette fois-ci, au bon moment, je lâchai la selle, me laissai tomber dans le vide. Mon dragon n'eut pas à s'incliner beaucoup plus pour piquer vers le sol à mes côtés.

En chute libre, les sensations étaient inoubliables. Et tandis que le monde grossissait au fur et à mesure que je m'en approchais, je n'avais pas peur. Car il était là, lui, le fidèle compagnon, et pas n'importe lequel : un dragon. Un vestige de puissance et de sagesse de l'ancien temps, doté d'immenses ailes protectrices.

À une quinzaine de mètres du sol, mon éclateil déploya ses ailes, et je sentis la ferme pression de ses griffes sur mon ventre lorsqu'il m'attrapa dans ses serres avant de me lâcher dans l'herbe et de se poser. Reprenant mon souffle, je roulai sur le dos et étendis mes bras au milieu des trèfles.

«Après avoir sauté, il faudrait que j'arrive à remonter sur ton dos en plein vol...

-On a encore du boulot, mon gars, mais on va le faire. Rien ne résiste à un dragon. »

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Après l'entraînement matinal qui s'était soldé par un petit duel à l'épée avec Téméria, nous avions repris la route, et longé la forêt dans laquelle nous avions dormi la nuit précédente. Assis autour d'un feu de camp, Idori nous parlait de son enfance, de comment il avait appris à voler pour nourrir sa mère et sa petite soeur, tandis que les crépitements des flammes accompagnaient nos discussions.

« Et pendant que le marchand regardait son chat, pour savoir pourquoi il miaulait, j'ai pu prendre un panier entier de fruits ! Depuis, il n'a ...

-Les amis...murmura timidement Kate.

-Oui ? Qu'est-ce que...

-Tais-toi Max ! le coupa Téméria. Écoute...

-Toi aussi tu as entendu ! »s'exclama la jeune fille en enfouissant ses mains dans la fourrure touffue de ses pandas roux apeurés.

Mon amie hocha la tête.

Zalden reniflait l'air avec inquiétude, Royal décolla et décrivit des cercles autour de nous en lançant quelques cris d'alertes, Rébélior piaffaient et frappait le sol de ses sabot dorés, accompagné de Rhodes, tandis qu'Ace remuait la queue en scrutant l'obscurité.

Je fermai les yeux, me concentrai sur mes sens, et perçus un faible mouvement à une dizaine de mètres de nous. Je posai une main sur la garde rassurante de mon épée posée au sol à mes côtés. Je rouvris les yeux, et jetai un regard à Ace.

Maître Haken, confiant et prudent, s'était levé et semblait attendre quelque chose.

Bruissement. Mouvement furtif dans l'ombre. Alors je ne sais ce qui se passa, mais en un quart de seconde, mes réflexes se déchaînèrent.