[EN PAUSE] Fallen Wortt - Exploration à dos de dragon.

Chapitre 27

Le vent frais de la saison des Nuages Cassants ébouriffa mes cheveux roux foncés, et fouetta mon visage. En 12 lunes, j'avais appris que le monde était bien plus beau depuis le ciel. Les lents et puissants battements d'ailes d'Ace nous firent monter encore plus haut dans l'immense étendue des nuages. Cette hauteur me donnait une terrible impression de liberté, qui me dévorait de l'intérieur, me poussait à rêver toujours plus loin. Quand mon dragon rouge, désormais plus grand que moi, piqua à la vertical, fonçant droit vers le sol, je m'accrochai aux courts piquants de son cou, et réajustai ma position sur l'épais morceau de cuir foncé qui me servait de selle.

L'air trembla et la poussière s'envola lorsqu'Ace atterrit. Je sautai de son dos avec agilité. Royal, le faucon d'Idori, se posa à mes côtés. Ce dernier en descendit d'un bond et caressa les plumes tachetées de son éclateil. Depuis quelques lunes, Royal était assez grand pour être monté, et le garçon ne s'en privait pas. Le faucon était plus grand que son Invocateur. S'il avait atteint cette taille exceptionnelle, c'était parce qu'il faisait partie de la catégorie d'éclateils appelés les « Montures », qui grandissaient jusqu'à être suffisamment grand pour être monté. Le loup de Max en faisant partie lui aussi, et mon ami blond passait son temps sur le dos de Zalden, qui mesurait plus d'un mètre trente au garrot.

En un an à l'académie, mon corps s'était musclé et affermi, et j'avais acquis un solide niveau d'aisance à l'épée. Avec Ace, nous avions même développé nos propres techniques de combats, et j'avais aussi créé quelques coups au bouclier. Néanmoins, je n'étais pas parvenu à utiliser mon pouvoir à nouveau depuis la mission de survie. Quant à mon éclateil, il s'entraînait toujours à changer la température de son feu, et parvenait à créer des flammes de glacées à tièdes, mais pas encore de vraiment chaudes.

La veille, la classe avait passé l'examen final, pour devenir un guerrier. Les épreuves, la mission de survie, les combats, ... Tout avait été difficile, épuisant, nous poussant au delà de nos forces, à dépasser nos limites. Malgré ça, tous les élèves de première année avait réussi, et étaient devenu des guerriers. Sur la grande plaque de pierre blanche lumineuse parée de nervures grises, située dans la coure de l'école Athéna, on pouvait désormais lire nos noms de guerriers, qui avaient remplacé nos surnoms d'apprentis-guerriers (auxquels nous nous étions attachés, au fil du temps), et rejoint la longue liste de ceux qui avaient réussi l'examen :

Elta, la Guerrière des neiges

Téméria, le Frison des Glaces.

Hardex, le Dragonnier du Crépuscule.

Stoler, la Tornade Verte.

Idori, l'Archer au Faucon d'Ambre.

Ruby, la Solitaire aux Double-lames.

Kod, le Golem au Coeur Tendre.

Kiarès, le Panda d'Or.

Max, le Loup de Feu.

Sorito, le Combattant aux Poings-d'Acier.

Anger, le Grizzly aux Griffes Claires.

Nérilios, le Guerrier à la Crinière d'Or.

Sallya, la Guerrière au Vif-sabre.

Wend, la Guerrière des Monts.

Plus loin sur la liste, mon regard s'était attardé sur un nom : Yohito, le Solitaire de l'Aube.

Aujourd'hui, jour de repos. Et demain... Demain, ceux qui avaient choisi de continuer à étudier à l'école Athéna pour se perfectionner passeront la journée avec les deuxième et troisième année, tandis que ceux qui avaient préféré s'engager dans une escouade découvriront les membres de cette dernière, ainsi que le maître qui les guidera et les entraînera.

J'avais hâte. Vraiment hâte. Et Ace aussi. J'espérais que je serais avec mes amis. Presque la totalité de la classe avait choisi, tout comme moi, d'intégrer une escouade. Seule Ruby resterait en deuxième année. Selon Maître Arkor, cette situation était extrêmement rare.

Soudain, je me sentis projeté au sol, et un poids m'écrasa.

« Blidz ! »protestai-je à l'intention de la panthère des neiges d'Elta qui me plaquait au sol, les pattes sur mes épaules.

D'un coup de museau, mon dragon la fit basculer, et je pus me relever.

« Tu devrais surveiller ton éclateil, »fis-je à Elta qui nous rejoignant en souriant.

Je souris à mon tour en caressant la tête de la panthère ronronnante.

« C'est bien ma belle ! la félicita mon amie. Continue d'embêter tonton Hardex ! »

Je me tournai vers Ace.

« Est-ce que je les tue maintenant, ou est-ce que j'attends un peu ?

-Allons-y maintenant, tant qu'on en a l'occasion, plaisanta mon dragon.

-Je suis avec toi, Hardex, renchérit Idori. Nous aussi on ne veut plus voir sa tête. »

Elta. Belle, douée, arrogante, drôle, sérieuse et appliquée quand il le fallait, quelques fois agressive, mais compréhensive. Pour la taquiner et l'énerver, nous lui disions souvent qu'elle avait un caractère d'elfe. Ceux-ci, bien qu'on ignorait s'ils existaient vraiment, étaient connus pour leur modestie inexistante, leur arrogance, et leurs mystères. Depuis le temps que je la connaissais, elle n'avait pas changé. Elle était assez grande en taille, presque autant que Kod, et ses traits étaient fins.

J'espérais qu'elle serait dans la même escouade que moi.

Je passai mon après-midi à m'amuser avec Idori, Max, Kod, Téméria et Elta.

Assis au bord de la falaise, contemplant le soleil couchant, je discutait avec Ace. À partir de demain, ma vie ne serait plus jamais pareille. J'allais intégrer une escouade, accomplir des missions dans le village, puis un jour, quand notre maître l'aura décidé, nous partirons à l'extérieur du village. Alors, je découvrirai le monde, et tenterai d'en savoir plus sur mon frère, entre deux missions. Je voulais le retrouver. Et aussi, nous rechercherons l'existence de d'autres dragons.

Parler avec mon éclateil me faisait toujours du bien. Ace était compréhensif, et avait de très bons conseils.

« Alors, t'es prêt à découvrir ton escouade ?

-Ouais, répondis-je, j'ai vraiment hâte.

-Il me tarde d'explorer le monde à tes côtés, petit humain. »

Je souris. Je parcourus une dernière fois Valtarden du regard, avant de rentrer à la maison. Cette nuit-là, comme beaucoup d'autres, je ne dormis pas dans ma chambre à l'étage, sur mon matelas de paille, mais dans la grange, blotti contre les écailles tièdes de mon dragon.