4. Bucky entre en piste

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C'est donc un Bucky déterminé qui m'accompagne le lendemain. Je revêts une autre tenue de soirée tout en me demandant si c'est encore de mon âge d'enchaîner les nuits en boîte. Cette fois-ci, je n'aurai pas Sam ou Sarah pour me tenir compagnie pendant que notre super soldat sera occupé à draguer.

Quand nous entrons dans le club, je le sens moins confiant. J'attrape son bras et entreprends de lui changer les idées pour le libérer de cette pression auto-imposée.

« Avant de m'abandonner pour de beaux yeux, tu danses avec moi. Ça va te détendre. »

Fidèle à lui-même, il n'accepte pas du premier coup mais je parviens tout compte fait à le convaincre. S'il est un peu hésitant, ses mouvements ne sont pas du tout maladroits. J'y détecte même un subtil sens du rythme.

Il ne le remarque pas, mais il ne passe pas inaperçu. Contrairement à lui, les regards que les femmes jettent sur lui ne m'échappent pas.

« Il y a une théorie que j'ai toujours voulu vérifier, dis-je en me penchant vers lui pour qu'il m'entende.

— Laquelle ?

— Qu'un gars a plus de chance d'avoir du succès et de conclure s'il danse déjà avec une femme.

— Et pourquoi ça fonctionnerait mieux ?

— Regarde autour de toi. »

Aux gloussements et à la subite agitation de certaines danseuses autour de nous, je devine qu'il a intercepté plusieurs regards.

« Bon, dans ton cas, je suis sûre que ça aurait été pareil sans ma présence.

— Tu crois ?

— Tu ne te rends pas compte de ce que tu dégages, Bucky. Alors, tu te sens prêt à te lancer ?

— Est-ce que les femmes d'aujourd'hui apprécient toujours les compliments ?

— S'ils ne sont pas trop lourds ou trop clichés, oui. Tu peux aussi leur offrir un verre.

— D'accord, mais je ne sais pas vers qui aller.

— Voyons voir, considéré-je en analysant la salle. La blonde, au comptoir. Elle a l'air de s'ennuyer et ce sera plus facile de lui parler. La musique est moins forte, là-bas.

— Eh bien... Souhaite-moi bon courage.

— Tu vas gérer, sergent ! »

S'il y a bien une chose qu'on peut lui accorder, c'est qu'il ne garde pas sa bravoure uniquement pour les combats. Je l'observe discrètement et un sourire que je ne contrôle pas naît sur mon visage. C'est attendrissant de voir le si froid et si dur ancien soldat de l'hiver s'adoucir pour parler à ces dames.

La femme l'accueille avec un grand sourire et ne le quitte pas des yeux. Il a déjà l'air d'avoir gagné en assurance. Même d'ici, je peux sentir sa prestance. Qui ne succomberait pas à son charme ?

Je décide finalement de me prendre un verre en m'installant à une distance respectable pour ne pas les déranger. Je n'entends pas ce qu'ils se racontent, mais je la vois rire et le déshabiller du regard. Bien joué, sergent Barnes.

À force de simplement les observer, le temps commence à se faire long. Au moment où je me demande si je ne devrais pas rentrer par mes propres moyens et le laisser profiter de sa soirée, je l'aperçois en train de me chercher du regard. Quand il me repère enfin, il m'adresse un signe que je mets un instant à interpréter.

Je m'avance alors vers lui et il me présente à son interlocutrice. Au regard que celle-ci me lance, je sais que ma présence l'importune.

« Je crois que je vais rentrer, l'informé-je sans savoir s'il compte se servir de moi comme échappatoire où me signifier qu'il n'a plus besoin de chaperon.

— Attends, je te raccompagne, dit-il en se levant et en récupérant sa veste. Emma, je suis ravi de t'avoir rencontrée.

— Je te laisse mon numéro si tu veux que l'on se revoie, répond-elle avec un sourire charmeur en lui tendant une serviette en papier.

— Avec plaisir, je t'appellerai. »

À l'extérieur, je lui envoie un coup de coude taquin pour l'inciter à me partager son ressenti.

« Je crois que je ne m'en suis pas trop mal sorti, finit-il par lâcher.

— J'ai plutôt l'impression, oui. Tu ne voulais pas rester plus longtemps avec elle ?

— Pour être honnête, j'ai bien vu où ça allait et je ne me sens pas encore prêt à... tu sais.

— Oh, bien sûr. Tu penses la rappeler ?

— Pourquoi pas ? Elle est ravissante et intelligente, et j'ai apprécié discuter avec elle.

— Si tu es prêt à lui proposer un rencard, ça veut dire que tu n'as plus besoin de moi. Notre coopération s'arrête ici.

— Sam avait peut-être raison, après tout. La drague, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Je dois juste m'adapter aux codes d'aujourd'hui.

— Ou pas. Sans être forcément vieux-jeux, les gentlemen ont encore la cote.

— Je croyais que j'étais un bad boy ?

— Un bad boy-gentleman, de quoi marquer tous les points. L'homme parfait, en somme.

— On verra si elles sont du même avis que toi.

— Ne brise pas trop de cœurs non plus.

— Je n'ai pas du tout l'intention de m'investir dans une relation pour l'instant. Ce n'est pas le moment. Je dois encore finir de faire la paix avec moi-même.

— C'est très sain, ça, monsieur Barnes. Pardon, sergent. »

Il esquisse un sourire et nous montons sur sa moto. J'entoure sa taille, sentant ses abdos à travers ses vêtements.

C'est vrai qu'il a de quoi offrir, avec son corps musclé par les combats et les entraînements. C'est plutôt sexy. Oulah, je crois que je m'égare. Maintenant que mon job de coach est terminé, je n'ai plus aucun besoin d'analyser ses atouts pour plaire aux femmes.

En y repensant, la liste est longue. Elles ont de la chance qu'il revienne sur le marché.

« On est arrivé, me signale mon chauffeur face au temps de latence de ma réaction alors que son véhicule est arrêté devant mon domicile.

— Merci, dis-je en retirant mon casque.

— C'est moi qui te remercie pour ton aide.

— Je n'ai pas fait grand-chose.

— Tu as fait plus que tu ne le penses. » répond-il en me transperçant de l'un de ses regards profonds et déstabilisants.

Je détourne le regard et me racle la gorge, portant mon attention sur mon sac pour y trouver mes clés. 

« Allez, rentre bien, bourreau des cœurs.

— Bonne nuit, prof. »

S'il n'y avait pas cette ombre qui persiste dans ses yeux, on pourrait presque dire qu'il est heureux. Bien sûr, nous n'en sommes pas encore là. Il lui faudra du temps pour accepter son passé et cohabiter avec.

Néanmoins, j'estime que je viens d'assister à un pas de géant ces trois derniers jours. Un pas qui me réjouit énormément.

Il mérite d'aller de l'avant.

Au risque de t'aimer | Bucky BarnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant