22. La seule dans mes pensées

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Le médecin examine mon cou tandis que Sam, assis à côté de moi, écoute les messages vocaux que j'ai enregistrés plus tôt. Je réponds à leurs questions et Sam insiste sur combien je suis folle et inconsciente, mais je sais que quelque part il est un peu fier de moi. Quand ils me libèrent enfin, je n'ai qu'une envie, m'étendre sur mon lit ou dans les bras de Bucky.

Mes projets sont contrariés lorsque je croise Sharon dans un couloir vide.

« Les félicitations sont de mises, déclare-t-elle avec un sourire en coin. Qui aurait pu croire que cette petite chose était capable de mordre ? »

Je pourrais la remercier si son compliment sonnait un brin sincère. Au lieu de ça, je me retiens de lever les yeux au ciel.

« Qu'est-ce que tu veux, Sharon ?

— Moi ? Rien. Rappelle-toi, je suis toujours là pour aider.

— Dommage que je n'aie pas besoin de ton aide.

— Mais tes amis si. Sam et Bucky sont toujours heureux de m'avoir à leur côté.

— Quelle chance ils ont, commenté-je en essayant de percer ses intentions. Peut-être que nous devons clarifier quelques petites choses. Premièrement, Bucky n'est pas mon ami. Deuxièmement, je ne sais pas quel problème tu as avec moi, mais je t'assure que je ne suis pas une menace pour toi.

— Je sais, il m'a parlé de cette petite histoire entre vous deux. Pas de troisième point ?

— Alors pourquoi est-ce que tu lui tournes autour ? »

Je me mords l'intérieur de la joue. Je déteste réagir comme une pauvre fille qui essaie de défendre son territoire. Elle m'a atteinte et elle le sait très bien.

« On dirait que quelqu'un se sent en danger. Écoute-moi bien, chérie. J'étais là avant toi et je serai certainement là après toi. Tu ferais mieux de rester en dehors de mon chemin. Crois-moi, tu ne veux pas t'y retrouver. »

Voilà autre chose. Quoi qu'il en soit, je ne compte pas la laisser m'intimider. Je fais un pas vers elle en la regardant droit dans les yeux.

« Je ne sais pas ce que tu cherches, mais tu sais quoi ? Je n'ai rien à faire de tes menaces. Toute cette façade amicale, gentille et serviable, ce n'est rien d'autre que de la foutaise. Et un jour, les gens s'en rendront compte. Tu ne me fais pas peur. Tu crois que tu peux tromper les personnes auxquelles je tiens, mais cette comédie ne durera pas. Un jour ils verront qui tu es vraiment.

— C'est ce que tu aimerais. Mais ça n'arrivera pas, parce que je ne suis rien d'autre que cette amie dévouée qui court à leur secours quand ils s'attirent des ennuis, affirme-t-elle avec un nouveau sourire en coin. À bientôt, petite chose. Sois prudente. »

Je la regarde s'éloigner, avec une forte envie de lui montrer quel genre de petite chose je suis. Elle sait peut-être comment jouer avec mes nerfs, mais elle est loin de me faire peur.

Le soir, j'attends que ma colocataire s'endorme pour filer en douce jusqu'à la chambre de Bucky. J'ai changé ma robe pour un t-shirt et un short plus confortables. Une fois de plus, je me retrouve à vadrouiller à pas de loup à travers le complexe.

« Tu ne peux plus te passer de moi, hein ? me taquine-t-il en ouvrant sa porte.

— Avoue que je t'ai manqué. » réponds-je en le poussant à l'intérieur.

Il se penche vers moi et ses lèvres rencontrent les miennes dans un baiser qui me coupe le souffle. Ses doigts sur ma nuque et son bras en métal sur ma hanche, il approfondit le baiser à tel point que c'est moi qui suis prête à avouer qu'il m'a manqué, et probablement tous mes péchés avec.

Quand il se détache de moi, je remarque une lueur dans ses yeux et un sourire rieur sur son visage. Il passe sa langue sur ses lèvres, et je ne peux m'empêcher de mordre les miennes.

« En effet, vu ta capacité à faire des bêtises, il vaudrait mieux que je garde un œil sur toi en permanence. Pour la sanité de mon esprit.

— Ça, je ne vais pas m'en plaindre. C'est même une super technique, en fait.

— N'y pense même pas. Tu n'as pas besoin de ça pour me convaincre, trésor, murmure-t-il au creux de mon oreille avant d'embrasser mon cou. Allez, au lit. »

Sans aucun effort, il me soulève comme un sac à patate pour me jeter sur le lit.

Je réprime une grimace quand mes côtes entrent en contact avec son épaule. Mon haut qui se relève dans ma chute me trahit en dévoilant un bel hématome.

« Mon Dieu, qu'est-ce que c'est que ça ? s'exclame Bucky, les yeux rivés sur mes côtes.

— Une blessure de guerre ? suggéré-je, ce qui ne le fait visiblement pas rire. C'est pas grand-chose. Tu as bien dû te prendre quelques coups aujourd'hui, toi aussi.

— Mais je suis entrainé pour ça. »

Mon regard s'illumine et il ne manque pas de le remarquer.

« Et si...

— Je t'arrête tout de suite, c'est non.

— Mais...

— Non, je ne vais pas t'apprendre à te battre. Je sais que tu as déjà demandé à Sam, et ma réponse est exactement la même.

— Alors juste quelques techniques de self-défense, au cas où. Pour que tu sois plus serein la prochaine fois que je m'attirerai des ennuis. Non pas qu'il y aura une prochaine fois, m'empressé-je d'ajouter en voyant son expression.

— On en reparlera une autre fois, soupire-t-il.

— Yes ! Tu es le meilleur.

— Je devrais plutôt t'apprendre à éviter de mettre ta vie en péril. Promets-moi que tu ne feras plus jamais un truc pareil.

— Tu sais que je ne peux pas. Si je devais le refaire, je le ferais sans hésiter. »

Il soupire une nouvelle fois mais ne réplique pas. Parce qu'il comprend ma peur de le perdre. Et parce qu'il ferait pareil pour moi.

Il replace mon haut et me prend dans ses bras aussi délicatement que si j'étais en sucre. Il rabat la couverture sur nous, et je me blottis confortablement contre lui sans aucune intention de bouger. Je pourrais m'endormir dans cette position, mais ma récente interaction avec une certaine blonde m'occupe encore l'esprit.

« Hé, Bucky.

— Oui, trésor ?

— Tu crois que Sharon a un crush sur toi ?

— Tu veux vraiment parler de Sharon maintenant ?

— C'est juste que... Quelque chose ne tourne pas rond avec elle. Je sais qu'elle ne m'apprécie pas, mais je ne sais pas pourquoi. Alors j'ai pensé que c'était peut-être parce qu'elle est intéressée par toi.

— Je ne pense pas. À vrai dire, elle était intéressée par Steve il y a de ça plusieurs années, je ne suis probablement même pas son type. Je suppose qu'on est des sortes de collègues et amis, explique-t-il avant de marquer une pause. Mais j'admets que je l'ai trouvée un peu étrange aujourd'hui, alors je lui ai dit pour nous. Je sais qu'on s'était mis d'accord pour n'en parler à personne mais...

— Tu as bien fait. »

Je ne suis pas vraiment surprise. En revanche, je suis contente que Bucky aussi ait remarqué son comportement, et peut-être un peu soulagée que ça l'ait ennuyé.

Ses lèvres sur mon front me sortent de mes pensées.

« Ne t'inquiète pas, tête brulée, tu es la seule dans mes pensées. »

Je souris et l'embrasse en retour. C'est probablement grâce à toute la confiance que j'ai en Bucky que je n'ai pas peur de Sharon.

Mais si elle n'est pas intéressée par lui, qu'est-ce qu'elle me veut ? Qu'est-ce qu'elle lui veut ?

Au risque de t'aimer | Bucky BarnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant