- Tu as proposé à Lucy de venir diner chez nous ? demande ma mère.Je lève les yeux de mon téléphone et répond :
- Oui, mais elle ne m'en a pas reparlé depuis quelques jours. Je ne suis pas sûr que ses parents seraient d'accord, mais je pense qu'elle aimerait. Elle est très timide mais je croit qu'elle est curieuse de vous rencontrer. Elle m'a beaucoup posé de questions sur mon entourage hier.
- Tu as parlé de Stray Kids ? demande Rachael.
- Pas directement. Je n'ai pas envie qu'elle soit au courant, même si je pense que ça ne changera rien. Il n'est pas utile que je lui parle de ma carrière, ce n'est pas ce qui l'intéresse chez moi.
- Et qu'est-ce qui l'intéresse chez toi ? demande ma grande sœur. C'est vrai, à part Stray Kids, tu n'es pas très intéressant finalement.
- Merci, sympa, dis-je en souriant.
- Avec plaisir.
- Propose lui de venir demain, suggère Rachael. Maman va faire une tourte à la viande, je suis sûre qu'elle va aimer.
- Je peux remettre le sujet sur le tapis, mais je ne vous garanti rien, concluais je.
- Déjà elle me semble de plus en plus ouverte. Tu es très patient, et je suis fière de toi Felix. C'est très bien ce que tu fais pour elle, dit ma mère en pressant mon épaule.
- Merci maman.
- Tu crois qu'elle aimerait que tu ailles directement la chercher à son école ? Je n'aime pas le fait qu'elle rentre seule à pieds. Il fait sombre tôt, remarque mon père.
J'y ai déjà pensé, mais j'ignore où se situe son école et je suis persuadée que ça ne plairait pas à Lucy. Elle verrait cela comme une forme d'invasion plutôt que comme un service.
- Elle finit l'école demain, elle est en vacances ensuite.
- Enfin ! s'exclame Olivia. Je n'arrive pas à croire que les plus jeunes ont travaillé plus tard que nous. J'ai l'impression d'être une chômeuse.
Je jette un regard plein de sous-entendus à ma sœur qui me tire la langue. La taquiner est toujours aussi amusant même après des années...
- Tu devrais y aller, tu risques d'être en retard, intervient alors Rachael.
- Merci ! Je rentre vite !
J'embrasse ma jeune sœur, heureux que sa jalousie disparaisse et qu'elle me soutienne dans ma démarche d'aider cette petite, puis je file, soucieux d'être à l'heure.
Quand je m'approche, Lucy m'accueille en secouant avec énergie sa petite main gantée. Abritée du vent sous la devanture de la boulangerie, ses boucles blondes virevoltent doucement. Je trottine vers elle :
- J'espère que tu n'as pas attendu trop longtemps.
Elle secoue la tête :
- Non ça va. Tant que tu es là, c'est bon.
La peur de l'abandon de Lucy est déjà beaucoup trop prononcé pour son âge, je prends très à cœur ma mission de lui redonner confiance en ses semblables.
- On y va ? J'ai des questions à poser à Herman, lance-t-elle.
- A propos de Bob ? Tu rencontres des difficultés en bricolage ?
- Non. C'est des questions personnelles, avoue-t-elle.
- D'accord je vois. Allons y.
Quelques minutes plus tard, je suis presque ému de voir que Lucy va voir Herman d'elle-même, lâchant timidement ma main pour marcher vers le vieil homme. J'ignore de quoi elle veut lui parler et je les laisse discuter tranquillement, mais cette scène me fait chaud au cœur. Lucy s'ouvre de plus en plus, elle évolue de jour en jour, à vue d'œil, pour mon plus grand plaisir et ma fierté. Hier encore, il lui semblait difficile de parler au vendeur. Mais il faut croire que l'aura apaisante de Herman a touché la fillette.
Pendant qu'elle va échanger avec lui, je parcours la boutique. Je le fais presque tous les jours aux côtés de Lucy, pourtant je découvre en permanence de nouveaux bibelots amusants, comme dans la caverne de Ali Baba.
Je repère la poupée que Lucy adore en souriant, feuillette quelques vieux livres qui m'ont l'air intéressants, puis je croise un livre d'un auteur que Olivia aime beaucoup. Sans hésiter, je le prend et en profite pour chercher quelque chose pour Rachael, avant de trouver des cartes de collection qui peuvent plaire à ma sœur cadette.
- Felix ? T'es où ? appelle Lucy après quelques minutes.
- J'arrive.
Quand je passe à la caisse pour le livre et les cartes, Lucy m'abandonne pour elle aussi faire son tour. Herman me sourit :
- Elle est adorable cette petite.
Je suis curieux de savoir de quoi elle voulait parler avec Herman, mais c'est privé, je n'ai pas à m'en mêler.
- Oui. Je suis content d'avoir croisé son chemin.
Herman hoche la tête en mettant mes articles dans un sac.
- Je ne la connait que depuis quelques jours, mais elle est vraiment mignonne. Je sens que ta présence l'aide beaucoup. J'ai l'impression qu'elle se libère.
Il est vrai qu'en dix jours, Lucy est déjà beaucoup plus souriante. Sa vraie personnalité se révèle et c'est un bonheur de regarder son Soleil se lever.
- La vôtre aussi, dis-je.
- Peut-être, avoue le vieux monsieur. J'ai le sentiment d'être important. C'est très nouveau pour moi, merci Felix.
- Ce n'est pas moi qu'il faut remercier.
- Tu as mit cette petite sur mon chemin, répond Herman. C'est un cadeau.
- Vous n'avez pas de petits-enfants ? demandais-je.
La manière dont il regarde Lucy comme si elle était un trésor et les mots qu'il emploie, me font penser que non.
- Non, je n'ai même pas d'enfants. Ma femme est décédée quelques mois après notre mariage. Nous étions jeunes, je n'ai jamais pu refaire ma vie, souffle le vieil homme en baissant la tête.
J'ai soudain peur d'avoir été trop indiscret. Mon but n'était pas de raviver des souvenirs douloureux et je me mordille la lèvre :
- Je suis sincèrement désolé. Je l'ignorais.
Il secoue la tête :
- J'ai fais mon deuil depuis.
Je sais que Herman me ment quand je vois des larmes briller dans ses yeux.
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Deux bouts de carton et une ficelle ➳ 𝔉𝔢𝔩𝔦𝔵
FanfictionLucy est une fillette seule. Elle porte le Soleil au fond de son cœur et attend de pouvoir le diffuser autour d'elle. Elle attend un ami. Felix lui, il a réussi à transmette son Soleil autour de lui. Il revient dans sa ville natale, Sydney pour le m...