Mes cris d'effroi réveillèrent mes parents en sursaut. Ce fut ma mère qui se précipita la première dans la chambre de Kaylee. Elle se jeta sur le lit et prit ma petite sœur dans ses bras. Mon père vint juste après elle.
— Kaylee ! KAYLEEEEE !
Ma mère hurlait comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Des larmes inondaient son visage. Je ne la reconnaissais pas. Mon père emporta ma petite sœur dans ses bras et la posa sur une table. Il lui fit plusieurs massages sur le ventre en ajoutant des « RESPIRE KAYLEE... ALLER, REVEILLE-TOI ! JE T'EN SUPPLIE KAYLEE ! ».
Je suivais la scène des yeux, incapable de faire le moindre mouvement, de prononcer le moindre mot. Je la voyais, les yeux à jamais clos, mon père essayant de la réanimer en vain, ma mère à genoux au sol à regarder son mari tout faire pour sauver son bébé.
Je me sentais seul car je savais que je percevais quelque chose que les deux adultes de la pièce ne sentaient pas. J'étais persuadé que c'était trop tard. Dans mon cœur, Kaylee me disait qu'elle était partie. J'avais une pique qui me transperçait de la tête aux pieds. Je ne me sentais pas bien car je savais avant tout le monde que Kaylee n'allait jamais revenir. Je le sentais sans savoir de quelle manière cela me paraissait évident.
Un liquide chaud me remonta dans la gorge et, d'un coup, je me pliai en deux. Je n'arrivais plus à m'arrêter de vomir. J'avais du mal à respirer. Je ne voyais presque plus rien dans cette pénombre. Ma mère tétanisée ne fit rien d'autre que de se rapproche de moi et poser une main distraite sur mon dos. Elle ne fit même pas attention au fait que je salissais sa robe de chambre avec ce qui sortait de ma bouche.
Au loin, j'entendais mon père qui continuait de parler tout seul. Je compris plus tard, quand le Samu arriva, qu'il les avait appelés. Un homme que je ne connaissais pas me porta dans ses bras et m'emmena hors de cette chambre. La dernière vision que j'eus fut celle de ma mère, toujours au sol, sa robe tâchée de vomi, mon père et les secours entourant ma petite sœur.
Toujours dans les bras de cet homme, nous descendîmes les escaliers. Il alla en direction de la cuisine jouxtant avec la salle à manger. Il me fit m'asseoir sur une chaise et me posa une question que je n'entendis pas, trop perdu dans mes pensées. Il formula une autre phrase que je captai directement :
— Hey petit, ça va aller, on est là maintenant.
Mon regard se posa pour la première fois sur lui. Il avait des lunettes, une coupe de cheveux blond à la footballeur et un grain de beauté au niveau de son oreille gauche. Je clignais des yeux, et j'ouvris la bouche pour prononcer quelques mots.
— J'ai peur... Je sais que Kaylee ne reviendra pas... elle me l'a dit...
— Ça va aller, je suis là, maintenant. On va tout faire pour la sauver. C'est comment ton prénom ?
Je fixai ses lèvres. J'avais butté sur la question alors il la reformula une seconde fois. L'homme en tenue rouge et noire attendais doucement que je lui donne une réponse.
— Matthieu, réussi-je à dire après un moment.
— Et bien Matthieu, je voudrais savoir une chose. Je peux te poser une autre question ?
Il avait une moustache et une barbe qui lui donnait un air plus mature que d'autres secouriste que j'avais croisé. Complètement perturbé par ce qu'il venait de se produire, j'hochai la tête sans trop de conviction.
— Pourquoi affirmes-tu que ta sœur t'a parlé ?
— Elle ne m'a pas parlé, elle me l'a dit en moi !
Malgré le fait que je le regardais les yeux dans les yeux, je voyais bien qu'il ne comprenait pas ce que je disais. Mais c'était pourtant la vérité. Il fallait qu'il me croie !
— Tu peux m'expliquer Matthieu ? Tu sais je suis une grande personne et parfois les grandes personnes ne comprennent pas les petits garçons comme toi.
Je ne répondis pas immédiatement, j'avais le besoin de me raccrocher à quelque chose. Je ne sais pas quoi mais il me fallait un appui. Cherchant en vint, je me mis à expliquer ce que j'avais ressentis quand Kaylee ne bougeait plus.
Puis, je racontai la suite : du moment où mes parents étaient entrés dans la chambre au moment où les secours étaient arrivés. Je savais qu'il ne me comprenait pas en dépit de tout le mal que je me donnais pour trouver mes mots. Je savais qu'il faisait en sorte de me faire confiance sur ma version des faits pour ne pas me déstabiliser davantage.
Une fois que j'eus fini de parler, il parut différent.
— Et tu m'as dit que tu l'as senti là, m'interrogea-t-il en pointant mon cœur de son indexe.
Je fis oui de la tête. Le secouriste ne parla plus mais sortit un carnet et un crayon. Il marqua quelques phrases puis referma le carnet en laissant le crayon à papier à l'intérieur. Il me sourit, me déclara que ça allait aller. Et il se leva. L'homme partit un moment me laissant seul avec mes pensées.
Il y eut un silence oppressant puis des pas dans les marches de l'escalier. Des pas précipités. De plusieurs personnes si j'avais bien entendu. Je vis mon père arriver en trombe. Pensant qu'il allait venir me réconforter, il fit absolument tout le contraire : il me balança des accusations au visage.
— T'as fait quoi à ta sœur ? TU L'AS TUÉE C'EST ÇA ? Tu n'as jamais voulu d'elle à tel point que tu l'as SACRIFFIÉE !
Je restais ahuri. Avais-je bien entendu ? Mon propre père était persuadé que j'avais tué la personne à laquelle je tenais le plus. Je cru que mon cœur allait s'arrêter de battre.
***
Salut !
J'espère que ce court chapitre vous aura plus et n'hésitez pas à me donner votre avis sur ce début de livre.
Aller, je vous dis à Dimanche prochain, même heure !
✿
VOUS LISEZ
𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐌𝐚𝐭𝐭𝐡𝐢𝐞𝐮
Mystery / ThrillerTout semblait être parfait depuis la naissance de sa petite sœur mais Matthieu, alors âgé de 8 ans, n'avait pas prévu qu'on l'accuserai de l'avoir assassinée. Depuis qu'elle est décédée, l'enfance de Matthieu a été totalement détruite. Entre violenc...