CHAPITRE 5

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Mon père avait un air horrible. Les cheveux en bataille, de grosse cernes et des yeux rouge sang, il faisait peur à voir. Il me prit violement par les bras et serra tellement fort que j'en eus horriblement mal.

— DIS-MOI QUE TU L'AS TUÉE MATTHIEU ! POURQUOI AS-TU FAIS ÇA !

Je me débattais mais il me forçait à le regarder. Il me faisait affreusement souffrir. Je ne voyais que fureur, désarrois et rage dans ses yeux inondés de larmes. Il semblait aussi désemparé que moi face à cette situation. Deux hommes qui l'avaient suivi nous séparèrent. Ils accompagnèrent mon père dans une autre pièce. Je vis le secouriste qui s'était occupé de moi revenir à mes côtés.

Je ne bougeais plus. J'étais traumatisé par ce qu'il venait de se passer. Je ne pensais pas être accusé de la mort de ma petite sœur. Je n'avais pas revu ma mère depuis qu'elle avait essayé de réanimer de me consoler d'un air distrait.

Ma Kaylee qui n'était plus là... J'avais juste eu le temps d'entendre quelques gazouillis de sa part. Ses yeux extraordinaires dans lesquels j'adorais m'y perdre seront à jamais clos. Ses petits doigts avec lesquels j'entremêlais les miens ne seront plus qu'un souvenir d'un temps révolu...

Kaylee pourquoi es-tu partie ?

J'entendais mon père crier. Ne s'arrêterait-il donc jamais ? Je pleurais encore sans rien dire et je savais que mon silence dérangeait les personnes autour de moi. Elles essayaient de me faire extérioriser ce que je ressentais mais je faisais tout le contraire. Je voulais de la chaleur humaine, du réconfort venant de ma mère. Je me sentais seul à vivre cette épreuve alors que mes parents se trouvaient sous le même toit. Seul et entouré d'inconnus...

— Maman,... réussi-je à prononcer après de longues minutes de silence.

L'homme qui avait été la majorité du temps à mes côtés eut pitié de moi et me prit dans ses bras. Il desserra son emprise et déclara :

— Ça va aller bonhomme. Nous sommes là, ne t'en fais pas. Tu vas bientôt revoir ta maman.

Mais dans quel état ? Croyait-elle aussi que j'avais tué Kaylee alors que je me trouvais juste au mauvais endroit au mauvais moment. Qui croira-t-elle en premier ? Son mari ou son fils ? Un adulte ou un gamin de huit ans ? Mon père que j'avais toujours vu comme un ours que je pouvais câliner sans le craindre était devenu un terrifiant grizzly. La peur avait entièrement pris place en moi. J'étais effrayé par ce qu'il pouvait me faire.

La nuit fut longue. Ils avaient emmené Kaylee pour faire une autopsie et la police scientifique rechercheraient alors ce qui aurait pu causer la mort de ma petite sœur. La plupart des secouristes étaient partis et les trois qui restèrent prirent place au rez-de-chaussée. Mon père était avec eux. Dès que j'eus l'autorisation de monter, je le fis.

J'ouvris la porte de la chambre où se trouvait ma mère. Une secouriste m'avait indiqué le lieux où elle se trouvait. Ma mère était assise sur le lit, dos à la chambre de Kaylee. On avait fermé a porte pour que personne ne s'introduise dedans le temps de l'enquête.

Ma mère s'était changée. Elle portait désormais un pull avec un short. Un craquement du parquet la fit sortir de ses pensées. C'est alors qu'elle me regarda. Je n'eus pas le temps d'analyser l'état dans lequel elle se trouvait que je courus dans ses bras.

— Je ne l'ai pas tuée ! Je suis venue voir si elle... si elle n'avait besoin de rien... et... et... et j'avais vu qu'elle ne respi... respirai plus alors j'ai cru on avait changé Kaylee en poupée ! Je n'ai pas tuée Kaylee ! Maman crois-moi, s'il te plaiiiit !

Elle me pressa contre elle pour que j'arrête de pleurer, du moins que je me calme. Je ne pouvais plus me retenir de pleurer. C'était horrible de vivre ça !

— Je te crois Matthieu, me dit-elle essayant de me calmer tout en retenant ses larmes. Je te crois...

— Mais papa, il me croit pas ! criai-je. Il dit que je mens et que je l'ai tuée ! Je l'ai pas tuée maman ! Je te jure, je l'ai pas tuée.

Mes derniers mots s'étouffèrent quand j'enfouis ma tête dans son pull. Je ne cessais plus de pleurer. Elle me serra fort et j'entendis ses sanglots. Mon cœur se fendit en deux. J'eus terriblement mal une deuxième fois. Comment allions-nous vivre avec son absence ?

Je ne sais combien de temps s'étaient écoulé depuis que je l'avais rejointe. Tous mes membres tremblaient non pas parce que le froid me gagnait mais plutôt parce que j'étais effrayé. Qu'allait-il se passer ?

Ma mère voulut me prendre dans les bras mais j'eus un mouvement lorsqu'elle me toucha les bras. Ni une ni deux, elle releva les manches de mon pyjama et vit des marques que j'avais des deux côtés.

— D'où viennent ces traces Matthieu ? Les marques rouges sur tes bras ? me demanda-t-elle apeurée.

— Je sais pas maman...

Ce fut le premier d'une longue série de mensonges. C'était vrai, j'étais un petit enfant qui mentait. Je savais parfaitement que c'était les puissantes mains de mon père qui m'avaient fait ces rougeurs. Alors pourquoi ne pas le dénoncer et, dans la foulée, dire que c'était moi qui avais tué Kaylee par accident ? Ce serait plus facile que de trouver une autre cause.

Mais mon cœur m'interdisait de me faire. J'étais persuadé que Kaylee n'aurait jamais supporté le fait que je me dénonce comme le coupable alors que ce n'était pas le cas.

Cependant ma mère n'était pas dupe et savait que je lui cachais quelque chose.

— Tu es sûr Matthieu que tu ne sais pas d'où viennent ces marques ?

Je fis un signe négatif de la tête. Je pensais simplement que mon père avait momentanément perdu les pédales à cause du décès brusque de Kaylee. Je ne l'avais jamais vu dans cet état. Je pensais que ce n'était qu'un mauvais passage et qu'il allait me présenter ses excuses après s'être calmé. En aucun cas je n'aurai pensé que j'ignorais une bonne partie du passé de mon père. Un lourd secret dont ma mère avait promis ne jamais en parler à personne.

Justement, mon père arriva dans la pièce tel un zombie. Il était très bizarre. Ma mère se leva, me posa à sa place sur son lit et alla le voir. Sauf qu'il la repoussa, mouvement que je pris pour moi. Il quitta la pièce en se cognant contre la porte.

Quelques secondes plus tard, un secouriste entra et demanda à ma mère de le rejoindre. D'un coup, la peur monta en moi. Il avait été témoin de la scène entre mon père et moi et je sus qu'il allait lui en parler. Je vis les lèvre du monsieur se stopper et ma mère se tourna vers moi.

Je me sentais mal après lui avoir mentis de la sorte. Son regard me donna la chair de poule. J'étais rassuré par le fait que j'étais persuadé qu'elle ne me ferait jamais de mal. Je ne la voyais pas me taper ou me hurler dessus comme l'avait fait mon autre parent. Elle, elle était douce et jamais je ne la verrais autrement.

Elle s'arrêta devant moi, une nouvelle larme coulant de ses yeux fatigués. Elle m'enlaça et me serra très fort contre elle. Je compris qu'elle avait aussi peur que moi.

Des souvenirs de la suite, je n'en avais plus. C'était flou. Je ne m'en rappelle plus. J'ai simplement ce moment comme si on l'avait pris en photo pour l'immortaliser : ma mère était penchée au-dessus de moi. Je me trouvais sûrement dans mon lit, épuisé par ce drame. Mais je ne sus pas si j'avais rêvé ou si j'avais réellement bien vu le spectre de Kaylee voler au plafond pendant que ma mère me parlait pour me rassurer. Je savais que c'était elle, avec son petit visage angélique, ses grands yeux pétillants de bonheur. Plus de quatre mois après, je me souvenais de tous les détails de cette soirée comme si elle avait eu lieu la veille.

* * *

Hey !

Bon d'accord je conçois que ce début de roman ne soit pas des plus gais mais continuez à lire vous verrez...

Sinon n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez et à voter !

À bientôt

𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐌𝐚𝐭𝐭𝐡𝐢𝐞𝐮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant