CHAPITRE 8

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Sur mon radio réveil, une minute venait de passer très lentement. Mon cœur battait encore la chamade. L'homme dans le couloir avait continué son chemin puis s'était probablement affalé dans le canapé. J'avais ensuite attendu quelques secondes pour être certain que je n'avais pas halluciné.

Je sautai dans le jardin. À l'aide d'une branche bien choisie, je mis en place un dispositif pour garder ma fenêtre fermée. Puis je gagnai la fameuse route de la forêt. Je n'avais qu'à suivre le muret qui me menait directement à ce coin de verdure. Par les jours sombres, je posais ma main sur les briques fraiche pour m'orienter. J'avais de la chance de me trouver de ce côté de la maison car le jardin était à la même hauteur que ma chambre.

Le bruit des graviers sous mes pieds, les voitures qui me passaient à côté, le chant des animaux nocturnes, le vent s'engouffrant dans les branches d'arbres... Avec l'éclairage de la belle pleine lune, la forêt semblait respirer. J'avais l'impression d'être dans un gigantesque poumon, loin du monde dans lequel je me forçais de survivre. Certes, il faisait froid mais je ne ressentais pas le besoin de plus me couvrir. En plus de cela, je n'avais pas prévu de prendre un manteau avant de partir.

Le temps de ma balade improvisée, je n'avais croisé ni voiture ni animal. Tout semblait calme. Un peu trop tranquille à mon goût. Je chassais cette idée de ma tête en me raisonnant : ce n'était pas la première fois que je faisais une excursion nocturne en ne croisant personne

Lorsqu'on était seul, les seules choses qu'il fallait faire étaient de rester rationnel et détendu. Il ne fallait surtout pas sur réagir au premier bruit ou prendre ses jambes à son cou en hurlant bêtement. Là je pouvais garantir qu'on ne passait pas inaperçu. Il fallait analyser les évènements de la façon la plus probable et le tour était joué.

À mesure que je me rapprochais de la maison, ma peur grandissait. Une fois dans le jardin, je jetai un dernier coup d'œil derrière moi. La forêt de sapin restait la même tous les jours. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, elle me restait fidèle. Je lâchai un long soupir puis je m'engouffrai dans la sombre pièce.

L'horloge de mon réveil m'indiquait minuit moins le quart. Je ne pensais pas avoir été si long à faire ma marche. Je m'étais presque absenté une heure sans que personne ne se rende compte de mon absence ! Un nouveau record de battu. Je me logeai sous ma couette et attendis quelques minutes avant de me réchauffer. Je fermai les yeux puis j'essayai de dormir.

BOUM !

Une personne venait de se cogner contre le mur de ma chambre. Dans celle adjacente se trouvait surement ma mère. Je me levai d'un coup avec un mauvais pressentiment. Je filai à toute vitesse dans la pièce d'à côté. J'abaissai la poignée de la porte et je vis ce que je craignais : ma mère était à même le sol, sonnée.

Je me précipitai vers elle et pris sa tête dans mes bras. Elle était probablement fatiguée et elle avait fait un malaise. Toute cette énergie qu'elle dépensait quotidiennement pour me protéger n'était comparable à aucune autre maman. Elle le faisait dans le but de me maintenir en vie.

Blam !

Le coup que je me pris à l'arrière de la tête me fit mal au crâne pendant quelques secondes. Ma vue se brouilla et je ne distinguai plus grand-chose. On venait de m'attaquer par derrière ! Je m'assis contre le mur, à droite de ma mère toujours dans les vapes. Je me frottai les yeux puis je vis l'homme qui m'avait attaqué.

Il n'y avait aucune pitié dans ses yeux rouge sang. Un animal sauvage qui s'en prenait à des proies faciles tel un vampire dans les films de fictions. Il avait lui aussi une grande soif de sang malgré que la finalité soit différente. Je préfèrerais limite me faire bouffer par un vampire et que mon sang serve à quelque chose plutôt que mon sang n'ait juste l'utilité de satisfaire la colère de mon père.

— Matt ?

Ma mère avait repris conscience et devait plisser les yeux pour me visualiser. Je voyais bien qu'elle me disait que je n'avais rien à faire dans cette chambre à une heure pareille. D'autant plus qu'on n'avait pas l'impression que je venais de tomber du lit.

— Qu'est-ce que tu fais là p'tite larve ? Tu n'en n'as pas eu assez tout à l'heure ? T'en redemande c'est ça !

La scène qui suivit passa en un éclair. Il voulut me donner un grand coup de pied dans mon corps mais ma mère avait été plus rapide. Elle avait reçu le choc dans son ventre en plus d'un coup de poing imprévu. Elle se tordait de douleur et lâcha des bruits de souffrance. Elle cracha sur le sol quelques résidus de don estomac.

Un sentiment m'empara. La haine. Je n'avais plus que de la haine pour ce monstre qui venait de s'en prendre à ma mère. Il fallait que cela cesse au plus vite sinon je ne donnais pas cher de nous. Ignorant la douleur qui irradiait mon corps, je me levais pour m'interposer entre les deux adultes. Je savais que j'étais aussi facile à briser qu'un cure-dent mais je ne pouvais pas la laisser tomber. Il était allé trop loin !

— Dégage de là, sale mioche ! C'est une histoire que je dois régler avec ta mère.

Je le regardais maintenant, yeux dans les yeux. Il était mon seul ennemi, cette boule détestable de graisse et d'alcool. Durant ces derniers mois, il n'avait fait que de me renforcer mentalement alors que son but était tout l'inverse. Il n'avait réussi qu'une seule chose de son plan machiavélique : me diminuer physiquement.

Je nageais dans mes vêtements. À chaque fois que je me regardais dans la glace, j'avais l'impression de voir la photo d'un cadavre à qui on avait mis des habits. J'ai énormément de mal à porter les objets lourds, je me blesse très vite, je tombe facilement... Et une fois qu'on est au sol, on a plus qu'une solution. Il faut se relever et reprendre là où on s'était arrêté.

C'est ce que je fis. Je n'étais certes pas grand mais ma détermination à ne pas le laisser faire surpassait son envie de me réduire en bouillie.

— Dégage j'te dis !

Dans la même intention, je reçu son poing dans la tempe. Ma vision se brouilla. Je résistai tant bien que mal à ne pas m'évanouir. Ce n'était surtout pas le moment.

— VAS-T-EN P'TITE MERDE ! hurla-t-il.

Son visage se déformait sous le coup de la colère. Je sentais que je n'allais plus aller très loin dans cet état. Je n'avais plus qu'une solution. Je rampai sur le sol tel un serpent pour m'extraire de cette pièce. Mon corps était tout endolori. Je ne savais pas d'où me venait cette force. Je venais d'atteindre le couloir lorsqu'un goût âcre apparut dans ma bouche.

J'avais envie de m'écrouler, me laisser aller et ne plus souffrir. Pour la première fois, je ne voulais plus combattre. Je me sentais si faible, si impuissant. La vue de mon lit me fit avancer un peu plus rapidement.

Une puissante douleur me monta à la tête et je m'écoulai de tout mon long. Au début, elle me paralysa les membres. Puis à mesure que le temps passait, je pus mieux la supporter. Des larmes coulaient sur ma joue collée au sol. La solitude m'emparait alors que la fatigue venait.

Les yeux clos, j'écoutais ce qu'il se passait de l'autre côté. Il y avait des bruits de pas lourds mélangés à d'autres plus fébriles. Le monstre semblait ne plus donner de coup à ma mère. J'entendis des voix à peine audibles pendant quelques secondes suivies de grincements dans les escaliers.

Un frisson me réveilla. Je m'étais assoupis. Je ne savais donc pas ce qu'il s'était passé ensuite. Les douleurs sur mon corps s'étaient apaisées : j'arrivais à bouger. Toujours allongé sur le sol de ma chambre, je me retournai pour me mettre sur le dos.

Puis le temps passa jusqu'au moment où je sentis une présence dans ma chambre. Je vis une masse noire devant mon bureau : une silhouette ! Qui était là ?

* * *

Qui se trouve dans sa chambre ? Son père ? Sa mère ?  Quelqu'un d'autre ?

À vous de voir...

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𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐌𝐚𝐭𝐭𝐡𝐢𝐞𝐮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant