CHAPITRE 17

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Une goutte de sueur coula le long de ma tempe. J'étais terrifié. Je ne l'avais pas entendu arriver dans mon dos. Je ne voulais pas me retourner mais la main qui s'était posée sur mon épaule me fit pivoter.

Ma mère me prit dans ses bras et me serra de toutes ses forces. J'avais eu une telle frayeur que je ne réalisais pas encore que c'était elle. Quand elle me relâcha, je vis dans ses yeux toute la puissance du soulagement d'avoir retrouvé son enfant sain et sauf. Elle regarda au-dessus de moi et se releva en me tirant par la main. Il fallait absolument trouver une meilleure cachette.

Nous faisons toutes les portes des chambres du navire. Nous avions miraculeusement trouvé une carte de chambre, perdue par l'un des passagers. Nous avions perçu cette trouvaille comme un signe. Ce bout de plastique pouvait nous offrir un asile le temps d'accoster. Malheureusement, les deux chiffres indiquant le numéro de la porte étaient partiellement effacés et nous n'avions pas su les déchiffrer. La seule solution avait été de faire toutes les chambres du bâtiment dans l'espoir de voir l'une d'elle s'ouvrir.

Plus qu'une dizaine de portes à essayer. La pression était au maximum. D'un moment à l'autre, il pouvait débarquer et réduire nos vies à néant.

Clic !

La porte devant nous s'ouvrit, nous offrant enfin une protection. Je me jetai à l'intérieur tandis que ma mère poussait la porte pour qu'elle se referme plus vite.

Clac !

Je me précipitai dans la chambre pour trouver un recoin, loin de cette porte. Ma mère prit le temps de vérifier que les lieux étaient déserts avant de me rejoindre sur le lit. Elle posa son sac sur le tapis bleu, le même tapis sur lequel que m'étais accroupi. Elle me regarda avec compassion. Elle savait parfaitement que je voulais me cacher dans le plus petit recoin de la chambre pour que personne ne nous trouve. Surtout pas LUI.

Je tenais fermement les lanières de mon sac dans mon dos, comme si j'avais peur de le perdre lui aussi. Je ne pouvais pas me détendre après la peur que j'avais eu dans le couloir. Je savais qu'il rodait dans le bateau et j'étais effrayé à l'idée qu'il puisse nous retrouver.

Soudain, je décidai d'adopter une position assise et ma langue se délia :

— Maman ?

L'interpellée reposa son regard sur moi. Elle descendit du lit pour se caler entre moi et le mur. Elle me prit dans ses bras et me déposa un petit baiser sur ma touffe de cheveux.

— Oui mon cœur ?

— Comment as-tu su qu'il était là ?

— Je voulais te rejoindre sur le pont quand je l'ai vu. J'ai pu me cacher parmi la foule puis après je me suis dépêchée de te retrouver. Et toi comm...

PAN !

Je sursautai à tel point que mon derrière quitta momentanément le sol. Un coup de feu ? Je m'étais crispé et ma mère avait resserré son étreinte. Le bruit avait été tellement similaire à celui d'un coup de feu que je regardais partout sans respirer pour mieux entendre ce qu'il se passait. Le calme se prolongea et mes muscles se relâchèrent peu à peu. Pour me faire penser à autre chose, elle continua la discussion.

— Comment toi tu as su ?

— Le criquet...

C'était sorti naturellement et ça eu le don d'arracher un semblant de sourire à ma mère.

— Bon c'est un criquet qui t'a dit que ton père était sur le bateau. Il devait être doté de pouvoir magique ce petit criquet, plaisanta-t-elle en passant une main dans mes cheveux.

— Non c'est pas le criquet qui me l'a dit, c'est la cigarette.

Voyant qu'elle faisait une moue interrogative, je me renfrognai sur le fait qu'elle ne comprenne pas tout de suite. Elle vit bien que j'étais un peu frustré donc elle me demanda :

— Vas-y, exprime-toi. Je ne vais plus te couper jusqu'à temps que tu ais fini.

— J'allais rentrer mais j'ai vu un criquet. Je l'ai suivi et je suis tombé sur une cigarette. Mais elle n'était fumée qu'à la moitié et quand je l'ai pris dans...

— « Prise » Matt, on dit « quand je l'ai prise ».

— Maman..., fis-je en levant les yeux vers elle.

— Excuse-moi, continue mon cœur.

Elle fit un geste comme si elle fermait une fermeture Éclair sur sa bouche. Je baissai la tête et poursuivit.

— Quand je l'ai prise dans ma main, j'ai vu un trait... comme ceux que faisait papa...

Ce dernier mot me fit mal au ventre après l'avoir prononcé. J'avais envie de vomir à l'idée qu'il puisse être mon père. Elle l'avait bien senti et elle vint intensifier son étreinte. J'avais l'impression qu'avec la carapace qu'elle me faisait, plus rien ne pouvait m'atteindre. Mon corps se détendit et je pus me reposer dans ses bras réconfortants.

Ma respiration s'accéléra un peu. J'ouvris les yeux petit à petit, voyant que je n'avais pas bougé pendant ma petite sieste. La respiration de ma mère était tout aussi lente que moi mais elle n'avait pas baissé la garde, contrairement à moi. Je ne pensais pas que j'allais m'endormir aussi facilement. Mes nerfs étaient tombés d'un coup suite à toute cette pression.

Ma main se leva et alla plaquer les mèches de cheveux qu'elle faisait bouger en respirant. Sauf que ce geste eut pour effet de la faire rire. Elle se décala de moi et se leva. Elle s'étira de tout son long et je l'imitai. Mes muscles étaient tout engourdis.

Tout-à-coup, elle regarda sa montre et déclara d'une voix ferme :

— On y va sinon on va être en retard !

La minute d'après, nous étions en train de courir dans les couloirs pour essayer d'arriver à temps. La voiture risquerait d'être bloquée dans le navire si nous ne partions pas en même temps que tous les autres passagers.

J'enchaînai la descente des marches à une vitesse phénoménale. Je prenais les virages serrés et, plus d'une fois, j'aurais pu perdre l'équilibre et tomber. Nous avions réussi à rejoindre les escaliers menant au parking. À travers le bruit que faisait mon cœur dans ma poitrine, j'entendis des voix. Nous avions rattrapé les autres voyageurs.

Nous avions repéré l'emplacement de notre voiture. Troisième ligne en allant vers le fond, neuvième voiture en se décalant. Ça y est, nous étions parvenus à la retrouver ! En deux trois mouvements, nous avions mis nos sacs dans le coffre et nous nous étions installés, elle au volant de la voiture et moi sur le siège du milieu à l'arrière.

Les véhicules juste devant nous avançaient lentement nous signalant que nous devions nous préparer à partir. Ma mère alluma le moteur pendant que je m'attachai. Mais au moment où elle allait desserrer le frein à main, elle poussa un cri. Je ne voyais pas son visage mais je sus qu'elle regardait en face d'elle. Ma mère plaqua sa tête et, l'instant juste avant qu'elle pile, je vis le Mal en personne.

Mon père avait un pistolet dans la main et il me visait.


***

Le tir va-t-il partir ? Que va-t-il se passer pour Matthieu ?

Je vous laisse sur cette fin de chapitre et je vous invite à me mettre vos hypothèses en commentaire. N'oubliez pas de voter si cela vous a plu :)

À bientôt

𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐌𝐚𝐭𝐭𝐡𝐢𝐞𝐮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant