CHAPITRE 2

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Comment une si petite chose pouvait être en vie. Elle avait tout en plus petit que moi : les mains, les jambes, la tête... Et elle était sacrément moche en plus ! Elle avait que de bourrelets partout sur son corps et sa peau était rosie au niveau de ses joues.

On avait approché une chaise pour que je puisse voire cette toute petite créature bien enveloppée dans ces couvertures.

- Elle est jolie ta petite sœur ? me demanda ma mère.

Je n'osais pas répondre de peur de dire quelque chose qui pourrait vexer. Alors que je me contentais de la regarder à nouveau. Elle était étrange je dirais. Je n'avais encore pas vu une aussi petite fille. Elle faisait à peine la moitié de ma taille. Habillée de blanc, les mains sur les côtés, allongée sur le dos et la bouche ouverte et sans dents, je me demandais comment une chose pareille avait pu se trouver dans le ventre de ma mère. Avais-je été un jour pareil à ce petit être vivant ?

- Viens, on va laisser maman et Kaylee se reposer.

Voyant un mouvement de réticence de ma part, il ajouta :

- On reviendra demain.

Je me décrochai du bord et je remarquai que ma petite sœur, de son prénom Kaylee, venait de bouger la tête dans ma direction. Cependant, ses deux petits yeux ne s'ouvrirent pas. C'est ce que je pensais jusqu'au moment où j'eus une sensation indescriptible. Je me retournai et je ne fus pas le seul à être content. Mon père ria de bonheur et ma mère demanda à ce qu'on lui apporte Kaylee.

Je m'approchai des bras de ma mère où l'on avait déposé ma petite sœur. Je la regardai attentivement. Elle avait de grand yeux et de petites pupilles. La pièce était plongée dans la pénombre ce qui aidait Kaylee à maintenir ses yeux ouverts. Elle semblait absorber le monde dans ses deux petits trous noirs. Je la sentais paumée. On m'avait alors expliqué qu'elle ne pouvait pas nous voir distinctement. Les nouveaux nés ne voyaient que des ombres qui se mouvaient devant eux.

D'un coup, le regard de Kaylee croisa le mien et se stoppa. Je ne voulais plus bouger de peur qu'elle regarde à nouveau ailleurs. Cet instant nous appartenait, c'était notre moment.

Je compris que même si j'avais souhaité fort la venue d'un petit frère, rien ne pourrait plus me faire changer d'avis : une petite sœur, c'est beaucoup mieux !

𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐌𝐚𝐭𝐭𝐡𝐢𝐞𝐮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant