CHAPITRE 20

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Je me réveillais, la tête en vrac. Il faisait jour. Pas un grand soleil mais une luminosité un peu grisâtre. Un ciel bien nuageux, typique de ce pays. J'avais l'étrange sensation de ne plus avoir de muscles. J'essayais de bouger les doigts de mon bras blessé mais je ne sentais rien. Même plus la douleur.

En jetant un bref coup d'œil, je vis que la gourmette était restée à mon poignet. Je ne sentais plus le contact métallique avec ma peau. Sans dire un mot, j'ordonnai à mon bras de faire un mouvement. Je pensais cet ordre tellement fort que je vins à le chuchoter. Puis une personne bougea et je vis le visage rassurant de ma mère juste au-dessus du mien. Toutes mes inquiétudes s'envolèrent. Ne plus pouvoir bouger était devenu un détail insignifiant.

— Mon p'tit guerrier, me murmura-t-elle.

Je lui adressais un sourire car je savais que ma voix elle aussi était KO.

— Tu vas mieux ?

Je lui fis un signe de la tête. Puis, j'essayai tout de même de prononcer quelques paroles non sans mal :

— Comb... Combien de temps je suis ici.

Elle posa une main sur mes cheveux et commença à les caresser. J'adorais quand elle me faisait ça. Elle me l'avait fait souvent après le départ de Kaylee, pour que je puisse m'endormir un peu plus facilement.

— Tu as dormi deux jours, me répondit-elle.

Deux jours entiers que je me trouvais dans cet hôpital.

Lisant ma peur sur mon visage, elle m'annonça d'un air grave :

— Demain matin nous partons. Je suis désolée de t'imposer ça mon p'tit guerrier. Ton père... ton père erre dans la ville et je suis certaine qu'il est à notre recherche.

Son visage mélangeait à la fois la peur mais aussi la tristesse de ne pas pouvoir me protéger autant qu'elle le voudrait. Je savais bien que ce n'était pas de la faute à elle mais de cet être ignoble et sans cœur. Je voulus lui le dire mais mes mots restaient coincés dans ma gorge. Il fallait encore fuir. Quand est-ce que cela cessera-t-il ?

— Repose-toi, je veille sur toi ne t'en fais pas, me dit-elle d'une voix qui avait repris toute sa douceur habituelle.

Étonnamment, je n'étais pas plus fatigué que ça. J'avais juste l'impression d'avoir perdu mes bras et mes jambes. En me faisant violence, je réussi à bouger un peu. Mais au bout de quelques minutes, j'arrêtai totalement et plongeai dans un autre monde.

***

Des doigts venaient s'entremêler entre mes boucles brunes. Avant d'ouvrir les yeux, je poussai un petit gémissement et étirai mes bras. Sauf que quelque chose au-dessus de ma tête me bloqua dans mon action. J'ouvris les yeux aussi vite que je vis son visage : mon père !

J'étais paniqué et ma terreur augmenta quand je compris que mes bras ne pouvaient pas s'allonger à cause d'une planche en bois au-dessus de ma tête. Le temps que je fusse déstabilisé par cette découverte, il m'attrapa les poignets et me les attacha le long de mon corps. Nous étions seuls, une petite lampe torche nous éclairait dans cette nuit obscure.

La planche au-dessus n'était pas qu'un simple bout de bois : elle serait comme rebord de la boîte dans laquelle je me trouvais. Un cercueil. Mon cercueil ! Il fallait que je parte vite ! Des questions dans mon cerveau se chamboulaient et je ne pouvais plus avoir une seule idée claire.

Comment avait-il pu me transporter hors de l'enceinte sans éveiller les soupçons ? Pourquoi personne n'avait pas remarqué ma disparition ? Comment se fait-il que je ne me sois pas réveillé ? Comment allait ma mère ? Je le connaissais rusé et intelligent mais pas à ce point !

Je poussais un cri lorsque je le vis, le couvercle de mon cercueil dans les mains, la poser sur moi et m'enfermer dans un noir complet. Sauf que quelques instant après, une main se posa sur mon abdomen et une grande source de lumière m'aveugla. La mort venait-elle de m'accueillir ?

Un souffle. Le mien. Respirer. Une autre présence. Ma mère. Je vis. Je vis... C'était un cauchemar... Un affreux cauchemar...

— Calme-toi Matt, me murmura-t-elle en me prenant la main.

Elle commença à caresser l'intérieur de ma main. Elle connaissait tous les petits détails qui faisaient que j'allais mieux. Je me concentrais au maximum sur ma respiration et son massage. Je tremblai comme une feuille et mon cœur mit beaucoup de temps à reprendre un rythme à peu près normal. Elle posa une main sur mon front et déclara :

— Tu as de la fièvre. Je vais chercher une infirmière.

Elle se leva et, avant de refermer la porte, elle ajouta :

— Je ne vais pas être longue.

Et elle ne m'avait pas menti. Je ne vis pas les minutes passer que deux personnes entrèrent dans ma chambre. J'étais à moitié dans les vapes. Seules les images de mon cauchemar me paraissaient nettes quand je fermais les yeux. Une personne en blanc s'occupa de moi, me donnant à manger et à boire. Puis elle nous laissa de nouveau tous les deux. Peu de temps après son départ, un voile noir descendit devant mes yeux.

Une douleur à mon bras me sortit de mon profond sommeil. Une odeur particulière flottait dans l'air. Ce n'était plus les antiseptiques que je sentais mais une odeur très familière. Trop familière même.

En un instant, mon cerveau me donna une réponse bien précise : la cigarette. J'eu une brève nausée mais elle partit vite. Mon cœur battait à tout rompre. Le sang dans mes veines allait aussi vite qu'une balle de pistolet tirée.

D'un coup, au lieu de commencer à paniquer, je me calmai et analysai la situation. J'étais dans le noir complet, la lumière étant inexistante. Le sol où je me trouvais allongé était gelé, des bruits d'une route au loin, le hululement d'un hibou... Tous ces sons me permettaient d'affirmer que le jour ne s'était pas encore levé.

Une sensation impossible à décrire, un sentiment me poussait à donner cette affirmation : je n'étais pas en train de rêver. En plus de ça, mon bras me faisait atrocement souffrir. C'était la vie réelle mais je n'avais pas envie de savoir où j'étais et surtout pourquoi je ne me trouvais pas dans ma chambre d'hôpital.

Un bruit de moteur approchait. Le son caractéristique d'une moto. Les pneus crissèrent sur le sol, juste à côté de l'endroit où je me trouvais. J'entendis des chaussures déplacer les graviers à chaque pas qui s'ancrait dans le sol. La personne venait dans ma direction. Elle s'arrêta et je l'entendis jurer.

Cette voix...


***

De quelle voix parle-t-il ? Que se passe-t-il ?

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À très vite :)

𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐌𝐚𝐭𝐭𝐡𝐢𝐞𝐮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant