𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐌𝐚𝐭𝐭𝐡𝐢𝐞𝐮

CHAPITRE 15

Brittany Ferries. Le nom de ce gigantesque bateau. Il était blanc de partout. Petit à petit, notre voiture s'engouffrait dans le vaisseau en suivant de près les autres voitures. Nous arrivâmes dans un immense parking à l'intérieur. Les faibles lumières éclairaient de part et d'autre de la voie centrale. Mes yeux s'habituèrent progressivement à l'obscurité de cet espace. Toujours en suivant les voitures, nous nous garâmes derrière une Peugeot noire d'une taille similaire à la nôtre.

Ma mère coupa le moteur. Elle souffla un bon coup avant de déclarer :

— C'est bon Matt, nous y sommes. Il ne manque plus que le bateau parte et nous seront en sécurité en Angleterre.

— En Angleterre ? questionnai-je. On va aller où après ?

Elle m'ébouriffa les cheveux en passant une main à travers mes boucles brunes.

— Ne t'en fais pas... J'ai tout prévu.

— Et s'il nous retrouve ?

Cette question était sortie de ma bouche sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Les mots étaient restés bloqué dans ma gorge depuis trop longtemps. Ma mère m'observait. Elle n'avait pas plus de réponses que moi sur ce sujet. Ma question n'était pas dénuée de logique. Il avait réussi à nous retrouver une fois alors pourquoi pas une deuxième ou même une troisième. Quand est-ce que ce manège prendra-t-il fin ? Serions-nous vraiment en sécurité dans ce nouveau pays ?

Elle m'attira vers elle et m'étreignit. Je sentis la puissance de son amour dans son geste. Mes larmes coulèrent. J'avais la boule au ventre depuis l'affaire avec Fred. Je ne voulais pas perdre toutes les personnes qui avaient le malheur de nous côtoyer. Aimer des gens me détruisait. Cependant, je ne pouvais me résigner à ne plus aimer la femme qui m'avait donné la vie.

Elle desserra son étreinte quand nous fûmes contraints de sortir des voitures pour monter à l'étage du dessus. Nous empruntâmes une porte qui nous mena directement à un escalier blanc bien illuminé. En montant les marches, j'entendis plusieurs voix que je n'arrivais pas à comprendre. Cela me déconcentra tellement j'en trébuchai.

Je ne sus pas combien d'étages nous montâmes et combien de couloirs nous empruntâmes. Lorsque ma mère me dit de passer par la porte à ma droite, je m'exécutais. Nous arrivâmes enfin dans une gigantesque pièce où magasins, tables et plantations s'associaient. Ma mère me devança et je dus la suivre. Après quelques déambulations dans ces couloirs, nous arrivâmes enfin sur le pont.

Le vent maritime salé me fouettait le visage. Je m'approchai de l'un des bords et vit les vagues de la mer cogner contre le bateau. Je ne tenais plus en place. Je fis le tour du pont puis je rejoignis ma mère que je retrouvais au même endroit. Elle me voyait heureux et ça lui faisait du bien.

J'ouvris les yeux doucement. Une présence était arrivée depuis que je m'étais assoupit. Je tournai la tête vers ma droite et je la vis. J'avais les larmes aux yeux. Je ne pensais pas la revoir. Ses petites joues bombées étaient rougies par la chaleur qui régnait dans la pièce. Ses petites mains potelée étaient posées sur ses genoux.

Je remarquai, malgré que mes yeux soient inondés, que tous mes membres tremblaient. Quant à elle, elle ne bougeait pas d'un millimètre. Dans un élan d'espoir, je lui pris une de ses main... une main glaciale ! Je me figeai de peur et d'incompréhension. Ce n'était pas possible d'avoir des mains aussi froides alors qu'il faisait vraiment doux dans cette pièce.

Une détonation sortie de nulle part me fis sursauter. Je regardai autour de moi totalement paniqué. Mais ne vis personne. J'étais seul avec... Horreur ! Dès que j'eusse posé les yeux sur elle, je ne vis plus qu'une tâche rouge sur son font. Un trou ! Quelqu'un d'ignoble et sans cœur venait de tirer dans sa tête ! J'eus envie de vomir. Cette vision d'horreur m'était insupportable. J'eus des sursauts si violents que l'intérieur du bateau semblait suivre mon mouvement.