Chapitre 6

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Tout était noir. Puis, une lumière perça l'obscurité. Au début, elle fut attirante, puis soudain elle devint menace. Eileen se retira dans un coin. Elle avait peur. Elle ne savait pas pourquoi. Elle sentit alors un autre battement de cœur, il s'emballait. Lui aussi était terrifié. Elles étaient deux. Leurs deux formes se collèrent alors l'une à l'autre en attendant que ce cauchemar s'arrête.

— Aaaah ! hurla Eileen en se réveillant le pouls sens dessus dessous.

Ses mèches azurées se noyaient dans la sueur de son visage. Ce cauchemar... elle ne l'avait pas fait depuis si longtemps. Il était incompréhensible et angoissant tout à la fois. Elle regarda partout autour d'elle et aperçut le lieu où elle se trouvait.

Donc elle n'était pas morte, mais en sécurité, dans une cabane faite d'un bois mal entretenu. Les rondins se superposaient les uns aux autres pour fixer un toit plus solide que la matière sèche.

A ce moment précis, le même herma que la dernière fois entra dans la pièce avec un naturel déconcertant. Elle le reconnut à son maquillage cobalt en forme de losange autour de ses yeux.

Un plat chaud fumait dans sa main droite.

— Bonjour, p'tite ! Enfin tu es réveillée ! Tu vas pouvoir manger. Tiens !

Il lui tendait le bras, mais elle l'observait, suspicieuse.

— Comment tu m'as retrouvé ? Pourquoi est-ce que tu m'aides ? Ce serait pas du poison que tu veux me faire manger ?

De nouveau, le sourire de l'herma fendit son visage. Son maquillage était le même que la dernière fois et Eileen s'attarda, cette fois-ci, davantage sur son corps. Il était différent de celui de ses voisins. Ses muscles étaient plus développés que la normale et derrière son maquillage, un visage plus dessiné que les autres semblait s'y cacher.

Elle plissa les yeux, comme si ce geste lui permettait de sonder cet inconnu.

— Si j'avais voulu te tuer, ma p'tite, je ne t'aurais tout simplement pas sauvée.

Un point pour lui, pensa Eileen. Une minute. Stop. Il l'avait vraiment aidé alors ? Non sans faire la moue, elle daigna attraper le bol qui avait sans doute avait refroidi depuis. C'était sa manière d'accepter de lui laisser sa chance. Mais en vérité, elle mourrait de faim ! Elle goûta la mixture et la trouva fade, mais nourrissante. Puis après avoir enfourné plusieurs cuillères, elle demanda la bouche pleine :

— Alors pourquoi tu m'aides ?

— En fait, ça fait un petit moment qu'on te cherche !

Elle écarquilla les yeux et arrêta de mâcher. Ce qui soulagea un tant soit peu ses joues.

— Pourquoi ? Qui ça "on" ?

Gêné, l'herma se frotta la nuque en regardant de gauche à droite. Un tic nerveux qui aurait pu faire rire Eileen en d'autres circonstances.

— Eh bien... ce... n'est pas à moi de te le dire !

Puis il se dirigea vers la porte d'entrée, l'ouvrit et appela :

— Oksana ! Elle est réveillée !

Le cœur d'Eileen s'arrêta de battre. Oksana ? Ce prénom aussi rare que le sien évoquait la présence d'une personne féminine, tout comme elle. Pourquoi ? Comment ?

Impossible !

Troek ! Elle devait encore rêver !

Elle posa le bol et la cuillère sur le sol et se remit debout, toujours ralentie par ses douleurs. Cependant, elle tenait difficilement sur ses jambes à cause de l'émotion, alors elle saisit une chaise et s'assit dessus. Son corps tremblait, sa peau frissonnait. Cette personne n'était même pas encore venue jusqu'à elle, pourtant son corps réagissait comme s'il l'avait toujours connu. Elle déglutit en percevant le son de ses pas. Des pas légers, mais précipités. Cette personne avait l'air impatiente de la retrouver. Pourquoi ressentait-elle la même chose ?

L'éveil d'EileenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant