Ce couloir me semble interminable. Je ne suis même pas certaine de sa débouchée. Mon souffle est court de par la chaleur qui continue de me suivre, mes membres commencent à s'engourdir à force de courire. Je me fige comme si un mur se trouvait face à moi lorsque je me retrouve face à un corps allongé au sol. Un corps inerte. Cette fois-ci, je n'y suis pour rien.
D'un pas prudent, je m'approche puis m'accroupis à sa hauteur pour prendre son poul. Son cœur bat encore. Alors je l'enjambe avec méfiance, restant prudente avec tout ce qui m'entoure. Après tout, j'ai déjà pu constater des talents des illusionnistes.
Lorsque je découvre le cachot vide - enfin presque - je ne sais plus où me mettre. Toutes les cellules sont ouvertes. La vieille femme au sol il y a quelques heures encore n'est plus là, ni même mon voisin que je pensais mort. Il ne reste qu'un homme appuyé contre les grilles comme s'il était chez lui. Il a troqué ses guenilles pour un uniforme qui lui sied parfaitement, lui donnant un certain charme en plus de sa balafre. Ce dernier me lance la veste d'un garde que j'enfile pour recouvrir mes vêtements partiellement brûlés.
— Au début, je voulais me cacher pour un effet plus dramatique. Mais je me suis dit que ce ne serait pas mon idée la plus brillante étant donné que ta peur pourrait certainement me faire cramer.
Je penche la tête sans savoir quoi dire alors qu'il joue avec un vieux poignards au manche abimé.
— Comment savais-tu que je viendrais ?
Parce que si lui le sait, peut-être que des gardes m'attendent derrière cette porte. Peut-être même qu'il a négocié sa liberté en échange de me rattraper. Pour réponse, Indigo se décolle des barreaux dans un bruit de grincement strident et s'approche de mois en faisant crisser les graviers sous ses chaussures.
— On se détend, Brightyor*, je te sens venir. Je te l'ai dit, aide-moi à sortir et je te guiderai dans un endroit sûr.
J'observe les cachots ouverts. S' il a pu faire sortir tous les prisonniers, c'est qu'il a des ressources insoupçonnées.
— Tu n'as pourtant pas eu besoin de moi pour t'échapper...
Un rire rauque lui échappe.
— Je ne parlais pas de cachot, Leewan. La véritable prison est le château.
Ce n'est certainement pas moi qui vais le contredire. Ces murs dorés sont un déguisement de plus pour masquer l'oppression de la royauté. J'avance vers lui, incertaine. Je ne peux faire confiance à personne. Plus depuis qu'une des filles avec qui j'ai grandi m'a prouvé que l'amitié peut-être réduite en cendre aussi vite que des Dullahan sous mon toucher.
— Comment sont sortis les autres ?
— Je n'en ai aucune idée. Mon rôle s'est arrêté à leur ouvrir. Peut-on y aller à présent ? Je ne suis pas certain d'avoir envie de faire face aux soldats et aux Dullahan qui ne vont pas tarder à venir te chercher.
— Par où sortir ?
Il m'adresse un large sourire avant de désigner d'un geste théâtral un couloir étroit, comme celui par lequel je suis arrivée ici la première fois. Donc nous allons sortir par la grande porte. Brillant. Après un dernier coup d'œil derrière moi, l'odeur de brûlé continuant de nous parvenir, je me décide enfin à le suivre. Soit j'accepte mon sort, soit j'obéis à Priam et fuis aussi loin que je le peux d'Aliaume.
Lorsque Indigo tire une manivelle pour ouvrir une trappe au sol, je recule vivement. Ce n'est pas la grande porte.
— Hors de question.
Il lève les yeux au ciel.
— C'est la seule option que nous avons. Alors tu vas sauter, Brightyor.
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La Flamme Perdue - Tome 1
FantasíaIl y a de ça plusieurs siècles, le pacte signé par le peuple d'Aliaume avec celui des rêves était claire : l'accès au monde des songes doit être condamné car bien trop dangereux pour la paix que la royauté cherche a maintenir. En fermant les yeux ce...