Chapitre 8 : Les fois où il est parti

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J'ai toujours trouvé qu'il y avait deux Valentin : un Valentin prévenant, sensible, et attentionné,
et un Valentin froid, injuste et méprisant.
Il était l'un ou l'autre, gentil ou méchant, doux ou distant, sans que je ne sache jamais pourquoi. Au début je pensais que c'était moi qui m'étais mal comporté ou que c'était moi qui avais dit une chose fâcheuse, avant de comprendre que ce n'était pas moi... Que c'était comme ça qu'il fonctionnait. Qu'il y avait deux Valentin : un qui distribue des claques, un autre qui me couvre de caresses.
J'ai fini par comprendre comment il procède : chaque caresse qu'il m'octroyait était immédiatement suivie d'une claque, et chaque claque devait s'ensuivre de quelques douces caresses. Ainsi, en l'espace d'une seule journée, je pouvais me recevoir un milliard de claques et un millier de caresses. Tant et si bien que, passée plusieurs semaines, je finissais par craindre la moindre caresse... Ça toujours été comme ça : chaque compliment était suivi d'un mépris, chaque doux poème d'une dispute amer, chaque tendresse d'une rudesse...
Je ne manque pas d'exemples au sujet des claques et des caresses, mais, s'il fallait en choisir un, je vous raconterais la fois où l'on s'était respectivement montré quelques-uns de nos selfies (en les ajoutant à un de nos chapitres Wattpad avant de les supprimer) : ce soir-là, Valentin n'avait pas été avare de compliments, ne tarissant pas d'éloges en ce qui concerne mon apparence physique. (Caresses.) Or le lendemain, il ne m'avait pas envoyé de message. (Claque.) J'ai donc pensé que je n'étais pas à son goût et je le lui ai dit qu'il avait le droit de partir s'il le souhaitait : mais, celui-ci, me répondant rapidement, a tout démenti, disant que toutes mes photos lui ont plues et que c'était seulement quelques tristesses qui l'avaient empêché de m'écrire... (Caresse...)
Il n'est pas impossible que mon visage ait déplu à Valentin, mais, si vous voulez mon avis, je suis convaincue que, ce jour-là, il ne m'a pas écrit – sachant qu'il m'écrivait tous les jours – dans l'unique but de me faire de la peine et de me faire douter de moi, d'autant plus qu'il sait très bien que je me trouve laide. Mais, me concernant, cela n'a pas été la plus belles claques : la plus belle, mis à part la fois où il m'a quittée, ça a été la fois où il est parti à nouveau...

Quand Valentin est parti (la première fois), j'imagine que ça a dû rouvrir quelques blessures...
Je crois que je m'attendais à ce qu'il finisse par m'abandonner ou par me trahir comme les autres, mais il n'empêche que j'avais ressenti une profonde tristesse à le voir partir comme ça... Je suis partie me coucher le cœur lourd : et Maryse est venue me souhaiter bonne nuit. Je t'aime, m'a-t-elle dit. (Elle me le dit que très rarement.) Moi aussi, ai-je répondu. Puis, elle est repartie en refermant la porte de ma chambre.
Ce soir-là, la tête sur l'oreiller, je n'ai fait que me demander pourquoi Valentin était parti. Pourquoi il avait fait ça, comme ça, sans prévenir. J'ai imaginé pas mal de scénarios (dont un où il faisait du détournement de mineurs sur la plateforme) : mais le scénario qui revenait le plus était celui où il y avait une autre femme. Je me doutais bien qu'il était parti revoir l'ex dont il m'avait parlé. Mais j'ai fini par me dire que c'était une bonne chose qu'il parte après quelques jours plutôt qu'il me fasse le coup dans quelques mois. Je me suis donc fait une raison. J'étais triste qu'il soit parti, mais je m'étais dit que, le lendemain, au boulot, les enfants allaient bien vite me consoler.
Le lendemain où Valentin est parti, c'était la rentrée. Je suis donc retournée à mon mémoire et à mon baby-sitting. Mais je ne sais pas pourquoi (peut-être parce que ma sœur me l'a dit), j'étais persuadée qu'il allait revenir. Je me disais qu'il allait revenir s'excuser, s'expliquer au moins : même si, je savais que, quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, je me devais de ne pas rester. J'avais même préparé un mot au cas où il me renverrait un message. Néanmoins, quand il est revenu, je n'ai pas été capable de l'envoyer... Je crois que, ce jour-là, il avait été parfait : le Valentin prévenant-sensible-attentionné, tout en un. Je l'ai laissé me convaincre que c'était moi qu'il voulait...
Je l'ai laissée revenir.

Pourquoi je déteste WattpadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant