Rick
Ce putain de téléphone me saoule.
Si je pouvais m'en passer je le ferais, mais en vivant beau milieu de nulle part, en cas de pépin, si on a pas de moyen de joindre la civilisation, on est dans la merde.En plus en tant que pompier bénévole, en temps normal, je dois rester joignable.
Mais là j'ai prévenu mes collègues, je suis pas joignable pendant trois semaines minimum !
Je me suis tapé des incendies de forêt pendant trois mois consécutifs, la saison des incendies est terminée, donc je fais une pause dans les interventions.Je suis bénévole, mais pas corvéable à merci.
Quatre fois que je l'entends sonner dans le vide-poche de mon pick-up, et j'en peux plus.
La personne qui essaie de me joindre à intérêt à avoir une bonne raison.- Ouais, quoi ???
- Monsieur bonne humeur, bonjour !
- Sam ? Putain, pourquoi tu m'appelles comme ça ? Et c'est quoi ce numéro ? C'est pas le tien.
- C'est un prépayé. J'avais besoin de t'appeler sans pouvoir être tracé.
- Sam, t'es flic. Pourquoi tu aurais besoin de passer des appels en douce comme un minable délinquant.
- Parce que j'ai un service à te demander vieux frère, et que je veux que personne ne soit au courant.
- Ok raconte, c'est quoi l'emmerde ?
- J'ai besoin que tu m'aides à planquer quelqu'un.
- Perso ou pro ?
- Pro cette fois-ci.
- Pourquoi ?
- Un témoin dans une salle affaire impliquant un très gros bonnet, du genre à pouvoir trouver tout ce qu'il veut si l'info est entrée dans le système. Même le service de protection des témoins ne résisterait pas longtemps.
- Et pourquoi tu penses que moi je ferai mieux ? Je suis civil maintenant.
- Parce qu'il y aurait que moi et toi au courant, et on sait très bien tous les deux que rien ne pourrai nous faire cracher le morceau.
- Mouais... C'est pour longtemps ?
- Le temps de boucler l'enquête et de pouvoir présenter son témoignage au tribunal il faut compter au moins trois mois.
- Putain... Bon ok il arrive quand et comment ?
- Je l'ai mis dans un bus immédiatement après qu'il soit venu me trouver avec ordre de descendre à l'endroit que je lui ai indiqué uniquement. Il devrait être là dans deux heures.
- Comment je le reconnais ?
- Brun la vingtaine, mince, 1,80m, yeux bleus. Il porte un jean noir et une veste légère sur un t-shirt blanc.
Un gros cocard sur l'oeil gauche. Il s'appelle Alex.
- Et comment je suis sûr qu'il va me suivre ? Si il se planque, il risque d'être méfiant.
- Je lui ai montré une photo de toi et moi. Pour qu'il te reconnaisse.
Normalement il a aucun moyen de communication sur lui, mais assures-toi bien que c'est le cas, on sait jamais.
- Ok. Mais Sam, tu fais chier. Tu sais que j'aime ma tranquilité et ne voir personne.
- C'est bien pour ça que je sais que le petit sera en sécurité avec toi.
Garde-le en vie s'il te plaît.
- Je te préviens que si c'est un emmerdeur, je te le renvoie en pièces détachées. Tant pis pour lui et pour ton enquête.
- T'inquiètes, je pense qu'il devrait pas te poser de souci.
- On verra bien. Bon je te laisse, il faut que je parte de suite vu le peu de temps que tu me laisses.
- T'avais qu'à me répondre il y a une heure quand j'ai commencé à essayer de te joindre, tu aurais eu plus de temps.
Allez à+ et merci mon frère. Je te rappelle quand je pourrais faire l'extraction.
- Ouais... À charge de revanche mon frère.Et merde... Tant pis pour la tranquillité.
Un jour il faudra que j'apprenne à dire non à mon pote.
Ouais... Douce illusion... C'est pas comme si je lui devais pas la vie, bref...
Allez, en route fait pas que je traine si je veux être au point de rendez vous à temps.Pauvre gosse, il doit avoir aucune idée de là où il va atterrir. Si il a toujours vécu à Boston, ça va lui faire un choc.
Sam a beau être confiant, vivre 24h/24 avec un type inconnu dans un endroit isolé, sans confort moderne, ça va pas être facile pour lui.Jeune, j'ai tout fait pour échapper à ce genre de vie. Personne, et moi le premier, n'aurait pu croire qu'un jour je déciderai de mener la même vie que mes parents. Et pourtant... Pour moi c'était la seule façon de ne pas complétement vriller.
Putain qu'est-ce que j'aime pas venir en ville.
Oui Prairie City pour moi, c'est la ville. Des maisons, des voitures, des gens partout, j'ai très vite l'impression d'être submergé.
Mais j'ai une mission à mener à bien, ça m'aide à rester concentré.Par chance, j'arrive à la gare routière avant l'arrivée du bus.
Sans surprise, y'a pas foule. Qui aurait envie de venir prendre l'air au milieu de nulle part ? Faut pas avoir le choix pour s'arrêter ici.D'après l'affichage de correspondances, le bus sera là dans trois minutes et s'arrêtera seulement cinq minutes. Ça prouve bien que la ville n'est pas une destination majeure.
On y est.
Deux personnes descendent, une femme d'une cinquantaine d'années et un jeune homme correspondant à la description.
Je lui fais un geste discret pour qu'il me suive à distance pour ne pas attirer l'attention.
L'inconvénient des petites villes c'est que les gens repèrent vite les étrangers, donc le but n'est pas d'associer sa présence à la mienne.
La discrétion est de mise.Je le dirige vers mon pick-up et il s'y engouffre à ma suite.
- Salut, moi c'est Rick, c'est chez moi que tu vas te planquer. Sam t'as fait un topo ?
- Sam ? Ah, l'inspecteur ? Pas vraiment, il m'a juste dit qu'il m'envoyait dans un endroit où personne ne me trouverai. Au fait moi c'est Alex. Je suis désolé de débarquer comme ça.
- T'inquiètes pas, c'est pas comme si c'était la première fois qu'il me faisait le coup. Par contre tu as pas de sac ?
- Non, la fuite a été rapide, et le créneau de sécurité était trop court pour que je puisse rentrer chez moi prendre des affaires.
L'inspecteur m'a filé quelques billets et m'a dit que je m'approvisionnerai une fois sur place.
- Ok, tu me raconteras les détails plus tard. On va s'arrêter vite fait dans une boutique de fringues pas chère, y'a plus de chances que la vidéosurveillance ne soit que dissuasive.
Par contre faut pas t'attendre au grand luxe.
- Contrairement à ce que mes fringues semblent indiquer, le luxe c'est pas dans mes habitudes non plus.
- Parfait. Pour ton œil ça va où tu veux qu'on fasse un arrêt dans une pharmacie ? Tu as mal ailleurs ? Si c'est le cas, c'est le moment de le dire, j'habite pas à côté et je m'aventure rarement auprès de la "civilisation".
- Non ça va j'ai déjà eu pire, ça va aller.
- Je sens que tu vas avoir plein de choses à me raconter...
Oh ! Fais pas cette tête, on a minimum trois mois à passer entre quatre yeux. Tu vas voir que discuter ce sera le seul moyen pour toi de pas devenir dingue.
- Mouais ... Vous faites quoi dans la vie ?
- Aujourd'hui plus rien , je m'occupe de ma propriété.
Avant j'étais dans les Marines. Et je donne aussi un coup de main en tant que pompier bénévole. D'ailleurs il faut que je pense à me mettre hors course pendant le temps de ta présence. J'étais déjà off pour trois semaines, ça va pas être suffisant.
- Je suis désolé de vous causer tant de désagréments.
- Arrête de t'excuser. Si tu avais pas la faucheuse au cul, tu serais pas là, mais c'est pas le cas. Et si mon pote me demande de l'aide, c'est que c'est important. Donc toi et moi on va devoir faire avec.
Allez viens on va te faire une garde robe adaptée à ta nouvelle vie, et on décolle. Y'a de la route avant d'arriver à destination.

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Un autre monde
RomanceRomance gay Suite à son départ de l'armée et à la fin de son mariage, Rick décide de tout quitter pour vivre en autonomie au fond des bois. Cette vie, il la connait bien puisqu'il l'a quittée il y a 12 ans pour ne pas vivre la même vie que ses pare...