39 - Surprise pas si heureuse

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~Summer child - Conan Gray~

PDV Simon :

Dans trois jours c'est Noël.
Cette nouvelle devrait m'enchanter. J'ai pourtant tout sauf envie de me lever ce matin.
Déjà parce que ça signifierait quitter les bras protecteurs de Wilhelm, mais également car aujourd'hui c'est l'avant-avant veille de Noël justement. Comme tous les ans depuis un certain nombre d'années maintenant, cette date signe la journée de visite annuelle de mon père en prison. Et j'ai tout sauf envie d'y aller. Ma mère tient à ce que j'y aille au moins une fois par an, lui offrir le petit cadeau qu'elle s'entête, malgré tout le mal, à lui acheter chaque année. J'ai bien essayé de la raisonner, mais elle a toujours énormément de mal à en parler et, malgré notre éloignement, je suis absolument prêt à tout pour éviter ses larmes. Alors, depuis 4 ans maintenant je me rends, comme à l'abattoir, dans cette prison de malheur, rendre visite à mon père de malheur et lui offrir un pull différent mais tout aussi moche chaque année. Au fur et à mesure j'ai arrêté d'espérer une quelconque amélioration de sa part mais cette année je me convainc que ça sera un peu moins pire. Cette fois Wilhelm m'a promis de m'accompagner et rien que de penser à lui, mon cœur affolé s'apaise.
Je finis par réussir à me faire à l'idée qu'on ne peut pas repousser éternellement quelque chose qui nous fait peur et réveille doucement le beau jeune homme endormi dans mon lit.
Nous avalons rapidement un petit déj frugal, moi en silence et Wilhelm faisant tout pour essayer de réduire mon appréhension, à grands renforts de blagues et de câlins.
Malgré tous ses efforts, Wilhelm voit bien que mon stress ne redescend pas, il me convainc alors que plus tôt on y sera ,
plus tôt ça sera finis. Motivé par l'idée de passer une après midi tranquille en sa compagnie -il m'a promis qu'il ne me laisserai pas-, je m'engouffre rapidement dans ma voiture, Wilhelm à ma suite.
Tout ça pour un pull de Noël putain !

Le bâtiment gris, s'élevant dans mon parebrise, semble gigantesque. Sa vision provoque des tremblements dans tout mon corps, j'ai l'impression que ces murs imposant me compressent et je sens mon souffle s'accélerer comme si l'air se faisait réellement rare dans l'habitacle. Je gare difficilement la voiture, les murs gris hantant ma manœuvre. Une fois le frein à main enclenché, je souffle tout l'air que je ne pensais pas contenir dans mes poumons, et Wilhelm, conscient de mon angoisse, saisit ma main. Il l'a compresse entre ses doigts, me soufflant doucement de le regarder. Je me rends alors compte que mes yeux étaient toujours scotchés aux grilles imposantes de la prison, sans les voir pour autant. Je me tourne difficilement vers lui, et tandis qu'il me répète, comme un mantra, qu'il a confiance en moi, que tout va bien se passer, je me demande comment j'ai fait toutes ces années sans lui. C'est comme si en seulement trois petits mois en sa présence, son odeur était devenu mon seul oxygène. On ne peut pas devenir accro à de l'oxygène si ?
Après de longues secondes de silences, uniquement troublées par le bruit des tous petits baisers déposés par Wilhelm sur mes mains, je consens à sortir de la voiture. Mon chéri sort également, récupérant le paquet au passage, et s'empresse de faire le tour de la voiture pour reprendre ma main dans la sienne. Je dois lui broyer les doigts, mais lui ne dit rien, uniquement concentré sur mon bien être.
C'est mon ancre dans la tempête.

Pdv Wilhelm :

Je ressens le mal être de Simon au plus prond de moi, augmentant proportionnellement le miens. J'aimerais tellement pouvoir faire plus pour lui, mais je me sens tellement inutile.
Nous passons uns à uns les points de contrôle et j'ai l'impression qu'on pénètre de plus en plus profondément au cœur des enfers. Nous atterrissons finalement dans une petite salle entourée de vitres et baignée d'une atmosphère tout aussi froide que le reste du bâtiment.

Je force Simon, qui tourne dans la pièce comme un lion en cage, à s'asseoir à côté de moi, sur l'une des trois chaises miteuses. À peine assis, il se tourne vers moi, incapable d'arrêter de bouger. Je lis tellement de détresse dans ses yeux que je me demande ce qu'a réellement fait son père pour mettre mon si fort petit-ami dans cet état là. Je pose une main doucement sur son genou tremblant de stress et il vient la serrer fort dans sa main droite en se tournant vers la porte. Il la fixe avec appréhension quelques instants qui doivent lui sembler des heures. Quelqu'un toque à la porte doucement et elle commence lentement à s'ouvrir. Je me relève immédiatement, sans lâcher la main de Simon qui fait pareil. Nous scrutons tous les deux l'entrebâillement de la porte avec la même appréhension.
La tête de son père apparaît comme au ralenti et le sol se dérobe. Mes oreilles se remplissent de coton et mes yeux se brouillent. Je vois Simon, comme dans un rêve, me crier quelque chose que je ne comprends pas. Le noir est partout autour de moi et j'essaye désespérément de me raccrocher à sa vision, au seul point de lumière qu'il ait toujours existé.

Mais même lui disparaît et l'obscurité m'engloutit.

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Coucou
Comme tous les samedis je poste tard mais je poste !
Petit (gros) rebondissements auquel vous ne vous attendiez peut être (j'espère) pas.
Comme d'habitude j'espère que ça vous a plu et j'attends vos commentaires.
Merci de tout le soutien et à samedi prochain !

Toi, mon océan (Young Royals)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant