21 - Lui et moi, ce soir là

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~One night - Matthew Nolan~

Tw : crise d'angoisse et récit d'agression. Ne lisez que si vous vous en sentez capable et n'hésitez pas à me demander un petit résumé en commentaire si besoin. Prenez soin de vous !

Pdv simon :

Comme presque tous les jours maintenant, je me rends au bar à chats prendre le goûter avec Wilhelm. Sauf que, maintenant, je m'y rends avec lui.
Nous sommes tous les deux collés à la vitre du métro, pratiquement vide à cette heure ci -la cohue des collégiens et employés n'est pas encore de sortie- son épaule contre la mienne et nos mains se frôlant de temps en temps.

Les yeux fermés, apaisé par sa présence et l'idée de partager ce petit moment quotidien avec lui, je sursaute franchement quand des cris énervés se font entendre. J'ouvre les yeux en grands, légèrement effrayé, cherchant immédiatement le regard de Wilhelm.
J'y lit un énervement qui m'inquiète un peu plus encore, je tends alors l'oreille aux paroles échangées.

-"J'y crois pas !" Crie un grand mec, la trentaine, l'air bien propre sur lui, encouragé par son pote, pratiquement sa copie conforme. "On est obligé d'en croiser partout maintenant des PD comme vous ? C'est ça hein ? Sales déviants !"

Je me rends alors compte de la présence des deux (très) jeunes hommes qu'ils sont entrain d'incendier de bêtises. Ils ont l'air effrayés, leurs mains contractées dans celle de l'autre, recroquevillés silencieusement contre la porte. 

-"Eh ! Je vous permets pas !" S'écrie mon amoureux. "Ils vous ont rien fait du tout !"

Les deux agresseurs ne prennent même pas le temps de répondre, profitant de l'ouverture des portes pour s'enfuir.

Wilhelm se précipite alors vers les deux ados mutiques collés l'un à l'autre, tandis que moi, totalement incapable de bouger, je me laisse glisser contre le mur.

Ma respiration s'accélère en même temps que mon rythme cardiaque. J'ai l'impression que ma poitrine va exploser et en même temps qu'elle ne contient plus aucun oxygène. La panique me gagne de plus en plus et je replonge dans mon cauchemar. Non ! Pourquoi encore ? Pourquoi ne peuvent-ils pas nous laisser tranquille ! Le monde devient flou autour de moi tandis que j'essaie désespérément de chercher Wilhelm des yeux. Un éclair de lucidité me fait réagir qu'il est certainement avec le couple agressé et à peine je pense à ça que ma respiration se coupe de nouveau. Je me sens comme eux, totalement vulnérable, comme si ces chiens, ceux du métro comme ceux de la boîte, pouvaient revenir me sauter dessus à tout moment.
Mon regard ne trouvant aucun point d'accroche, je finis par me perdre totalement, incapable de calmer l'emballement effréné de mon esprit.

Au bout d'un temps qui me paraît durer des heures mais qui en réalité n'a dû durer que quelques minutes, Wilhelm me rejoint, s'asseyant à côté de moi, dans la rame désormais vide. Il me saisit assez vivement ma main, me forçant à revenir dans le réel. J'essaie de me concentrer au maximum sur lui, sa douce présence et sa voix rassurante.

-"Hey Simme ! Regarde moi ! Ça va aller. Écoute ma voix. Respire," il répète en boucle, comme un mantra. 

Je l'entends, le sens, mais sens aussi ma respiration encore beaucoup trop rapide. J'étouffe comme si j'allais me noyer.

-"Tu vas y arriver, je crois en toi mon chat !" Il continue, essayant de me sortir de ma panique.

Au surnom, agissant comme un déclencheur, je réagis enfin et arrive, au bout d'un certain temps, à reprendre relativement pied dans la réalité, l'esprit toujours très embrumé. 
Ne voulant pas me brusquer, Wilhelm me tire néanmoins par le bras pour me relever, lorsque le wagon se remplit à nouveaux.

Toi, mon océan (Young Royals)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant