2 - Coeurs perturbés

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~Questions - Lost frequencies~

PDV Wilhelm

Simon, il s'appelle Simon, je me répète.

La tête contre la vitre je repense au moment où nos regards se sont croisés. Même rougis par les larmes, ses yeux sont magnifiques. Pourquoi je pense à ses yeux ? La fêlure que j'y ai vu m'a secoué. J'aimerais tellement pouvoir le prendre dans mes bras et le rassurer. Je sais que ce n'est qu'un inconnu et que ce serait probablement gênant mais, sans savoir pourquoi, j'ai envie qu'il aille mieux.

Je ne sais même pas pourquoi il était dans cet état, tout seul, recroquevillé sous la pluie. Et même si la question me brûlait les lèvres, je n'ai pas osé lui demander. Ce n'était clairement pas le moment.

J'ai beau avoir un énorme devoir à rendre bientôt, auquel je n'ai même pas commencé à penser, je n'arrive pas à sortir cette rencontre de ma tête. Je culpabilise. J'aurais tellement aimé pouvoir soulager un peu sa peine. Il n'a même pas bu son chocolat.
Je regrette aussi, de ne pas avoir gardé son contact, fait en sorte de pouvoir le revoir. J'aimerai tant le revoir.

Sa présence m'a apaisé. L'aider m'a fait me sentir utile.
Pour une fois que mon existence à servi à quelqu'un, du moins en bien.
D'habitude je suis incapable de prendre soin de quelqu'un. Je ne suis bon qu'à faire mal. J'ai déçu mes parents, délaissé mes ami.e.s et blessé ma petite copine. Enfin.. mon ex.
J'ai enfin réussi à lui dire que je ne voulais pas continuer, que je ne pouvais plus. Elle n'a pas compris pourquoi. Forcément. Moi même je n'arrive pas à m'en avouer les raisons, alors lui expliquer…
Elle m'a rejeté violemment et m'a foutu dehors, comme mes parents avant elle.

Sentant mes poings se crisper, je repense à cette nuit là, celle qui a tout changé.
Celle de la fin, de mon enfance et de mon innocence. Mais aussi celle du début. Du début de ma nouvelle vie...Et des questionnements sans fin. Est-ce que j'ai fait le bon choix de tout plaquer pour ces études d'arts, au risque de perdre ma famille ? Est-ce que je suis capable de faire quelque chose de ma vie ou est-ce que je ne suis qu'un raté sans cœur ? comme me l'a crié ma mère, sur le pas de la porte, lors de notre dernière dispute. Et surtout, celle qui me fait le plus honte: Est-ce que je suis gay ?
C'est ce qu'ont sous entendu mes parents en tout cas, quand j'ai enfin réussi à leur avouer que je ne souhaitais pas reprendre l'entreprise familiale mais entrer en licence d'art. Ils m'ont jeté à la gueule des mots violents, sur cette passion "puérile", qui ne ferait jamais de moi un "homme" (sous entendu un homme d'affaire puissant) ou pire, "qui me rendrait PD". À cette phrase, qui m'a coupé le souffle, j'ai claqué la porte et suis allé me réfugier chez ma copine, refusant d'y penser.

Mais aujourd'hui, la dernière parole de ma mère tourne dans ma tête sans relâche. Faisant écho aux allusions quasi quotidiennes de mon père sur ma féminité et ma "sensibilité de gay".

Et cette chaleur que j'ai ressentie sous le regard rassuré de Simon m'embrouille un peu plus. Je ne peux pas être gay! Je ne le veux pas et de toute façon je ne suis sorti qu'avec des filles jusqu'à présent !
Au bout d'un moment, usé par ce flot continu d'interrogations perturbantes, je tombe dans un sommeil agité, hanté par ses larmes, celles de mon ex et les cris de ma mère.

Pdv Simon

J'émerge doucement.
Putain qu'est-ce qu'il s'est passé ? C'est quoi ce poid qui m'oppresse ?
Soudain tout me revient, me réveillant d'un coup. Hier je n'ai pas pris le temps d'analyser la situation, trop perturbé pour y penser, mais maintenant, plus j'y pense et plus je me dis qu'il faut que je me calme.
Ce n'est rien. Rien de grave en tout cas.
Certes je me suis pris la plus grosse honte de ma vie, mais, cet inconnu, ce Wilhelm, je ne vais plus jamais le revoir.
Je peux arrêter de m'en faire et retourner tranquillement à mon ennuyeux quotidien, à mon mal être habituel.

Je ne sais pas vraiment pourquoi je ne suis pas heureux. Je me répète que c'est à cause de mon boulot mais ça ne peut pas être uniquement cela.
Je suis barmaid dans une boîte de nuit. Ce n'est pas le boulot de mes rêves -je ne sais même pas si j'ai des rêves- mais je m'y fais, doucement mais sûrement.

En même temps c'est pas comme si j'avais vraiment le choix. À la sortie du lycée, il a fallu que je trouve un boulot pour aider financièrement ma mère et un de mes potes m'a proposé de bosser avec lui. Malgré les horaires compliqués, et les mauvais souvenirs associés à ce lieu, ce n'est pas un trop mauvais boulot et, comme je suis plutôt sociable, ça me convient.

Je me secoue coupant court à mes réflexions et me lève.
Je ne travaille pas ce soir mais, si je veux garder mon rythme, il ne faut pas que je dorme cette nuit.

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🤗 Comme promis voilà le chapitre 2!
N'hésitez surtout pas à commenter !
Bisous 😘

Toi, mon océan (Young Royals)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant