Chapitre 4

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Durant un an et demi, Voldemort resta indécis sur l'identité de l'enfant qu'il devait éliminer. Son caractère en fut impacté et il se défoula sur ses Mangemorts.

Certaines rumeurs affirmaient qu'il perdait l'esprit, ce qui ne faisait qu'attiser sa colère. Il multiplia les attaques, à la fois contre le monde magique et contre le monde moldu, sa cruauté ne connaissant plus de limites.

Durant ces raids meurtriers, il fit face aussi bien aux Potter qu'aux Longdubat, sans parvenir à déterminer laquelle des deux familles élevait en son sein l'enfant destiné à le détruire...

Peu avant Halloween, il fit face de nouveau aux Potter et l'attaque qu'il menait fut un désastre. Non seulement, un nombre important d'Aurors fut dépêché sur les lieux rapidement, mais en plus, plusieurs Mangemorts furent tués ou capturés, réduisant ses effectifs.

Ce fut assez pour qu'il prenne enfin sa décision.

L'enfant dont parlait la prophétie était le jeune Potter. Ses parents s'étaient mis sur son chemin à plusieurs reprises. Les Potter étaient proches de Dumbledore, son ennemi juré. Les Longdubat étaient peut-être membres de l'Ordre du Phénix dirigé par Dumbledore, mais ils étaient plus en retrait. Plus discrets.

Sans compter que l'héritier Potter l'avait défié de trois façons : il avait rejoint Dumbledore et se battait aux côtés du directeur de Poudlard, il s'opposait à ses idées au sein même du Magenmagot et il avait osé épouser une sang-de-bourbe...

Il avait de plus l'avantage d'avoir un tout nouveau Mangemort très proche des Potter. Il n'avait pas eu beaucoup de mal à convaincre leur ami — pas si fidèle — de le rejoindre et de lui révéler l'endroit où les Potter se cachaient.

Une sérieuse dose de menace et la promesse d'être récompensé, d'exister enfin en dehors de son groupe d'amis, avait suffi à convaincre le gardien du secret des Potter qu'il serait bien mieux à ses côtés plutôt que dans l'ombre de Dumbledore.

Cela n'empêchait pas Voldemort de mépriser profondément Peter Pettigrew. Il ne lui faisait pas confiance, conscient qu'il pourrait le trahir de la même façon qu'il avait trahi ses amis. Il ne l'aimait pas, le trouvant faible et obséquieux, ne le supportant que parce qu'il avait une utilité...

Le mage noir avait choisi symboliquement la nuit d'Halloween pour attaquer les Potter. La nuit où le voile entre le monde des vivants et celui des morts était le plus fin. Il aimait le symbolisme, tout comme il était déterminé à scinder son âme en sept parties, chiffre empli de magie par excellence.

Pettigrew, comme le rat qu'il était, refusa d'entrer dans la maison de ses amis et de leur faire face. Il se retrancha à l'écart, attendant son tout nouveau maître, tremblant et impatient.

Lorsque Voldemort entra dans la maison des Potter — bien évidemment située dans le village natal de Dumbledore, comme pour hurler leur allégeance — il eut un sourire cruel en constatant qu'en dehors du fidelitas, il n'y avait aucune autre protection.

Il y eut des cris, puis James Potter arriva en courant, le visage grave, la baguette en main. Voldemort ne lui laissa pas le temps de se battre. Il profita de l'effet de surprise pour lever le bras et lui lancer un Avada. L'instant d'après, l'homme était étendu au sol, inerte.

Le mage noir l'ignora, regardant tranquillement autour de lui. C'était une jolie petite maison, très agréable. Chaleureuse.

Il avança jusqu'à l'escalier, prenant le temps d'observer les photographies accrochées aux murs. Des portraits de la famille Potter, mais surtout du bébé. L'enfant qui devait mettre fin à son règne.

Voldemort marqua un arrêt devant un grand portrait du petit Harry, riant aux éclats. Penchant la tête, il essaya de déterminer ce que l'enfant avait de spécial.

Cependant, pour avoir régulièrement vu le fils de Lucius Malefoy, il décida que cet enfant était tout à fait ordinaire.

Il monta l'escalier lentement, se délectant des sanglots étouffés qu'il entendait à l'étage. Il aimait répandre la terreur, plus que tout. Déjà lorsqu'il était enfant, il aimait effrayer ses camarades de misère à l'orphelinat. Les voir pleurer était un spectacle dont il ne se lassait pas, comme une sorte de vengeance mesquine pour être laissé pour compte...

Lorsqu'il posa le pied sur le palier de l'étage, son cœur s'emballa légèrement. Ce n'était pas de la peur, loin de là. C'était l'excitation de traquer son ennemi, même si l'ennemi était un bébé qui ne savait pas encore parler. C'était le sentiment de puissance qui courrait dans ses veines, le faisant se sentir indestructible...

D'ici quelques minutes, la prophétie annonçant sa chute ne serait plus qu'un mauvais souvenir, et plus rien — ni personne — ne viendrait se mettre en travers de son chemin.

Un sort fit voler en éclat la porte fermée devant lui et il entra dans une chambre d'enfant. Son regard se fixa instantanément sur l'enfant dans les bras de sa mère. Le bébé le fixait, les yeux écarquillés, agrippé à Lily Potter.

En le voyant, la femme laissa échapper un cri — autant de rage que de peur — et elle se détourna protégeant son fils de son corps.

Voldemort l'observa un instant, curieux d'en savoir plus sur celle qui avait enfanté celui qui devait le vaincre. Elle semblait jeune — à peine plus qu'une enfant elle-même — et elle avait les mêmes yeux verts saisissants que son fils.

Elle déposa l'enfant dans son petit lit et se plaça devant, faisant écran de son corps avec un courage qu'il ne pouvait que trouver admirable. Habituellement, ses ennemis tentaient de le fuir pour avoir la vie sauve, sans se préoccuper des personnes aimées qu'ils laissaient derrière eux.

La jeune femme se redressa, les joues mouillées de larmes et les yeux rougis. Le mage noir la fixa en retour, un rictus moqueur aux lèvres, amusé de ce soudain regain de courage typiquement Gryffondor.

Il savait d'expérience que sa bravade ne durerait pas et que dans quelques secondes, elle commencerait à négocier avec lui pour espérer vivre un peu plus longtemps. C'était probablement son moment préféré quand ses victimes commençaient à le supplier pour avoir la vie sauve... Certains promettaient même de prendre la marque et de le servir fidèlement.

Lily Potter rejeta sa crinière de feu dans son dos d'un mouvement décidé et elle prononça les mots que Voldemort n'avait jamais pensé entendre.

— Allez-y, tuez-moi. Prenez ma vie, mais laissez mon fils grandir en paix.

A travers ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant