Quelles que soient les intentions de Rogue en venant dans ce couloir interdit, l'homme n'avait pas bénéficié de l'aide de Dumbledore. Il y eut des grondements sourds, puis des claquements de mâchoires, suivis d'un cri étouffé de douleur particulièrement satisfaisant pour Voldemort.
Il s'était toujours délecté de la souffrance des autres et savoir que Rogue avait été tenu en échec par un des familiers de Hagrid était plutôt amusant.
L'homme maussade sortit rapidement de la pièce en boitillant, marmonnant et jurant au sujet des créatures du demi-géant.
Quirrell secoua la tête, furieux que Rogue lui ait fait perdre une précieuse occasion. Il n'avait plus le temps de pénétrer dans la pièce gardée, pas s'il voulait que son absence ne soit pas remarquée...
Ses pensées furent détournées par un vacarme impressionnant suivi de hurlements d'enfants. Rogue pâlit et jura, puis il courut dans la direction de l'agitation aussi vite que possible.
Pour sa part, Quirrell haussa les épaules et retourna dans la Grande Salle. Il allait y attendre ses collègues tranquillement et il aurait même la possibilité de prendre une collation.
Il aurait d'autres occasions de dérober la pierre philosophale, puisqu'il vivait à Poudlard après tout...
Le lendemain matin, Quirrell se montra encore plus nerveux qu'à son habitude, coupant ainsi toute possibilité de conversation. Il ignora les regards de pitié de certains, tout en notant l'expression emplie de méfiance de Rogue.
L'homme le dévisageait avec attention, se comportant comme s'il essayait de lire ses secrets directement dans son esprit.
Quirrell ne s'en inquiéta pas le moins du monde. Si l'ancien professeur d'étude des moldus ne connaissait que la théorie au sujet de l'occlumentie, Voldemort était un parfait occlumens. En partageant leur corps, le mage noir protégeait ainsi son esprit, évitant à tous ses petits secrets d'être malencontreusement dévoilés.
Il entendit finalement MacGonagall raconter à Flitwick ce qui s'était produit la veille : apparemment, l'une des élèves était restée à l'écart de ses camarades pour une raison indéterminée. La gamine avait avoué qu'elle imaginait se battre seule contre le Troll puisqu'elle avait lu beaucoup de choses à leur sujet, mais sa tête de maison avait beaucoup de mal à croire en cette explication. Elle tenait la petite en haute estime et elle ne l'imaginait pas assez stupide pour ce genre de bravade.
La voyant absente, Potter et son ami étaient partis à sa recherche. Non seulement ils avaient trouvé leur camarade égarée, mais également le Troll sur leur chemin.
Il y avait eu un affrontement qui tenait plus du numéro de cirque que du duel sorcier, et les trois enfants avaient eu une chance insolente en réussissant à assommer le Troll avec sa propre matraque en utilisant le sortilège appris le jour même dans le cours du professeur Flitwick.
Quirrell resta silencieux et attentif, curieux de connaître l'opinion des autres professeurs au sujet de Harry Potter.
Flitwick protesta immédiatement, l'air légèrement outré.
— Voyons Minerva ! La chance n'intervient pas durant un duel ! Je suis bien placé pour savoir que c'est un art qui demande une grande discipline et...
Minerva fronça immédiatement les sourcils.
— Et ces enfants ont survécu de justesse. La baguette de monsieur Potter s'est retrouvée dans la narine du Troll, tandis que monsieur Weasley l'a accidentellement assommé avec sa propre matraque en utilisant le sortilège de lévitation que vous avez étudié en cours ! Je ne remets pas en cause vos compétences en duel, Filius, mais reconnaissez que c'était plutôt hasardeux... Ces enfants ont juste fait de leur mieux.
Le minuscule professeur ricana.
— J'ai noté une certaine inventivité chez monsieur Potter, effectivement. Ce garçon semble capable de tracer sa propre route.
L'admiration que Quirrell entendit dans la voix du professeur de sortilèges l'agaça autant qu'il l'inquiéta. Potter n'était peut-être qu'un garçon ordinaire, mais beaucoup de sorciers lui prêtaient des compétences extraordinaires...
Quirrell s'attendait presque à voir le gamin se vanter d'avoir affronté un Troll et d'être encore vivant pour en parler. Cependant, il garda un silence prudent à ce sujet, si bien que l'incident fut rapidement étouffé.
Seuls les professeurs et le directeur étaient au courant de ce qui s'était produit lors de la nuit d'Halloween.
Halloween fut éclipsée par l'ouverture de la saison de Quidditch et le premier match de Harry Potter approchait. Là encore, le gamin ne semblait pas vouloir en retirer de gloire. Au contraire, il semblait presque submergé et effrayé.
Quirrell l'observa de près, notant qu'il frottait souvent sa cicatrice nerveusement, comme s'il sentait l'attention du mage noir sur lui.
Rogue l'observait aussi, avec une grimace furieuse. Il n'avait visiblement pas digéré que l'enfant bénéficie d'un privilège pour faire partie de l'équipe de Quidditch... Finalement, le match promettait d'être particulièrement intéressant.
À l'instant où les joueurs s'élancèrent sur le terrain, Quirrell comprit l'excitation de MacGonagall.
Potter était réellement doué sur un balai. Il semblait se diriger à l'instinct, slalomant entre les autres joueurs et les balles sans la moindre difficulté.
À la moitié du match environ, Quirrell se pencha en avant, fixant Potter. Il était idéalement placé, au dernier rang des tribunes, si bien qu'il avait une liberté de mouvement parfaite pour ce qu'il imaginait.
Concentré, il commença à murmurer une incantation, sa baguette dissimulée dans la manche large de sa robe sorcière, pointée sur Harry Potter.
Aussitôt, le balai du gosse devint fou et il commença à valser de droite et de gauche. Le garçon se cramponnait désespérément au manche, blême.
Quirrell tenta de l'éjecter de son balai, mais il semblait protégé et il vit Rogue devant lui murmurer inlassablement, le regard fixé sur Potter.
Ainsi donc, son Mangemort si secret protégeait soigneusement le garçon qu'il haïssait. C'était peut-être un ordre de Dumbledore, mais il mettait du cœur à l'ouvrage. Bien plus qu'il ne le devrait.
Pendant que Harry Potter s'agrippait avec l'énergie du désespoir à son balai en essayant de reprendre le contrôle, Quirrell se livrait à une bataille de volonté avec Rogue.
Soudain, il fut distrait par un mouvement brusque et il bascula. La cape de Rogue avait pris feu et l'agitation autour de lui l'avait distrait, brisant ainsi le sort qu'il maintenait sur Potter.
Aussitôt, le gamin reprit place sur son balai et il s'élança à toute vitesse, comme s'il était poursuivi par les chiens de l'enfer.
En se redressant, Quirrell détourna le regard du terrain et il aperçut une masse de cheveux emmêlés sous les tribunes. Il reconnut sans peine la fillette qui suivait Potter partout, celle qui avait fait face au Troll, alors que les haut-parleurs annonçaient la victoire de Gryffondor. Elle fixait Rogue avec haine et Quirrell eut du mal à ne pas se mettre à rire joyeusement, bien qu'il ait échoué une fois de plus à se débarrasser d'un enfant vulnérable.
Il n'avait peut-être pas réussi à blesser Harry Potter, mais les gamins n'imaginaient pas qu'il soit celui dont il fallait se méfier. Au contraire, ils resteraient à l'écart de Rogue... celui-là même qui essayait de les protéger.
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A travers ses yeux
FanfictionEt si... l'histoire telle qu'on la connaît était racontée par quelqu'un d'autre ? Et si la perspective changeait ?