Si Voldemort pouvait reconnaître une qualité à son hôte, c'était d'être doué pour jouer la comédie. Il était entré dans son personnage, exsudant la nervosité, bégayant à un point tel que la plupart de ses interlocuteurs grimaçaient et mettaient abruptement fin à la conversation.
À une semaine de la rentrée environ, Quirrell fut convoqué à Poudlard. Sa nervosité feinte se trouva renforcée par sa nervosité naturelle et Dumbledore l'accueillit avec paternalisme, sans douter un seul instant de son professeur.
Le vieil homme ne cilla même pas à la vue du turban criard, lui demandant juste où il avait trouvé un tel couvre-chef, les yeux brillants et avec une pointe d'exaltation dans la voix.
Le directeur écouta son histoire avec un petit sourire, sans sembler remarquer le bégaiement de plus en plus prononcé. Puis, il lui tapota l'épaule avec un large sourire, avant de s'éloigner vers un autre de ses professeurs en se lissant la barbe.
Un instant, l'espace d'un battement de cœur, Voldemort eut envie de forcer son hôte à arracher l'ignoble turban pour se dévoiler et attaquer son ennemi et le groupe de professeurs stupides le suivant comme son ombre. Cependant, il se maîtrisa et il se calma rapidement, voulant avoir plus d'informations avant de se dévoiler.
Lorsque Quirrell croisa le regard de Severus Rogue, Voldemort nota l'air perpétuellement renfrogné de l'homme, mais également une pointe de curiosité dans son regard sombre, comme s'il se doutait de quelque chose.
Malgré ses défauts, ce Mangemort avait été sa plus belle prise, surtout parce qu'il l'avait récupéré sous le nez de Dumbledore... et parce qu'il avait été poussé vers les ténèbres par les petits Gryffondor soi-disant irréprochables du directeur.
Bien qu'il soit un excellent potionniste et un duelliste de talent, Voldemort avait toujours douté de l'allégeance réelle de Severus. Le jeune homme ne lui avait pourtant jamais donné de raisons de douter, mais il gardait bien trop de secrets pour être pleinement honnête.
Voldemort prévint Quirrell de se tenir loin de Rogue, ce qui ne devrait pas être très compliqué. Les deux professeurs étaient aussi opposés qu'il était possible de l'être et il ne serait pas surprenant de voir le peureux Quirrell se tenir loin du sombre et dangereux maître des potions...
Lorsque la réunion commença, Voldemort se félicita d'avoir patienté pour se dévoiler. Les premiers mots de Dumbledore furent suffisants pour calmer son impatience à mettre le monde magique à feu et à sang.
Lissant sa barbe avec un sourire ravi, Dumbledore avait annoncé que Harry Potter, le garçon-qui-avait-survécu, serait parmi les élèves durant l'année et qu'il espérait que tout irait bien.
Puis, alors qu'il laissait planer son regard en direction de Severus, les sourcils froncés, il mentionna qu'il avait pris la liberté de contacter le célèbre alchimiste Nicholas Flamel et qu'il avait décidé de cacher la pierre philosophale pour la sécurité du monde magique.
Minerva McGonagall, cette vieille chatte curieuse, fronça aussitôt les sourcils, avec une expression pincée.
— Pourquoi si soudainement, Albus ? Et comptez-vous placer cet artefact magique au sein d'une école emplie d'enfants ?
Dumbledore laissa échapper un rire joyeux.
— On n'est jamais trop prudents, n'est-ce pas ? J'avais envisagé de l'amener à Poudlard en dernier recours, bien que l'école soit imprenable... Mais je suppose que les Gobelins seront parfaitement aptes à gérer cette...
Il s'interrompit brusquement, tandis que Quirrell s'agitait légèrement sur son siège, mal à l'aise. Dans son esprit, Voldemort exultait et il prit le soin d'expliquer à son hôte son intérêt soudain de quelques mots murmurés dans son esprit.
— ** La pierre philosophale peut me rendre ma vie d'autrefois. Elle peut me redonner un corps sain et fort ! **
Hagrid, en bon animal de compagnie du directeur, hocha la tête avec satisfaction.
— Oui, oui ! Les coffres de Gringotts sont inviolables. Personne n'irait s'attaquer aux Gobelins, pour sûr !
Dumbledore lui adressa un léger sourire, comme pour le féliciter de son intervention, puis il se lissa la barbe avec un léger haussement d'épaules.
— Et bien... Même si Gringotts est réputé inviolable, je ne compte pas me montrer négligent et je vais vous demander de réfléchir à une façon de protéger cet artefact inestimable. Après tout, les plus brillants cerveaux du monde magique sont réunis ici, à Poudlard, il serait dommage de ne pas en faire usage.
Rogue grommela, visiblement agacé. Puis, il se leva brusquement et avec un geste brusque destiné à faire voler ses capes autour de lui, comme les ailes d'un sinistre oiseau, il se dirigea vers la sortie en marmonnant qu'il avait du travail.
Dumbledore n'en prit pas ombrage et il se frotta les mains.
— Je ne vous retiens pas plus longtemps et je vous laisse retourner à vos derniers jours de vacances. Faites en sorte de me proposer un système de protection dès que possible, au cas où ceci devrait être mis en place.
Quirrell s'agita et dès que les professeurs commencèrent à se lever, il se redressa nerveusement et se dirigea vers la sortie, fuyant plus qu'il ne marchait. Dumbledore tenta d'attirer son attention, mais Quirrell fit comme s'il n'avait rien vu, saluant juste ses collègues d'un vague signe de la main.
Quirrell était presque au bord de la panique lorsqu'il arriva chez lui, ses pensées s'entrechoquant.
— S'il renforce la sécurité de l'école pour sa foutue pierre, ils vont découvrir ce que nous sommes. Ce que je suis devenu !
Voldemort ricana froidement.
— Le vieux fou ne renforcera rien du tout. Il va juste prévoir quelque chose pour la pierre philosophale afin de me piéger. Il suffira d'être prudents et ils ne feront pas attention à toi.
Quirrell eut une légère hésitation, puis il murmura, craintivement.
— Et l'enfant ?
Voldemort renifla, repoussant l'ancienne colère qui couvait, refusant de reproduire les mêmes erreurs.
— Tant qu'il reste hors de mon chemin, tout ira bien. Je ne compte pas m'en prendre à lui tant que j'ignore ce qu'il a fait pour me détruire de cette façon.
Quelque chose s'agita dans l'esprit de Quirrell et attira l'attention du mage noir. Aussitôt, Voldemort s'y précipita, pillant les souvenirs de son hôte sans vergogne.
Il découvrit une conversation que Quirrell avait surprise entre Dumbledore et Rogue, au sujet du jeune Potter. Rogue semblait inquiet et Voldemort supposa aussitôt que son cher Mangemort craignait d'être identifié comme appartenant aux ténèbres alors qu'il travaillait dans une école emplie d'enfants.
— Comment cet enfant a-t-il eu le pouvoir de s'en prendre au seigneur des Ténèbres, Albus ? Devons-nous craindre pour la sécurité de ses camarades ?
Voldemort ne manqua pas l'amertume du maître des potions, et il nota l'information dans un coin de son esprit. Dumbledore émit un rire léger, les yeux brillants de malice.
— Oh mon cher Severus... Le petit Harry n'avait aucun pouvoir particulier à l'époque. Quelques éclats de magie d'après ce que j'en sais, mais guère plus, comme tous les petits sorciers du monde. Ne comprenez-vous pas ce qui l'a sauvé ?
Face à l'air perplexe de Rogue, Dumbledore lui avait tapoté l'épaule et son sourire glissa vers une expression plus triste.
— L'amour de sa mère, mon cher. Elle s'est sacrifiée pour lui et elle a réveillé une ancienne magie oubliée de tous...
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A travers ses yeux
FanfictionEt si... l'histoire telle qu'on la connaît était racontée par quelqu'un d'autre ? Et si la perspective changeait ?