Le premier cours avec les tout jeunes élèves de première année fut un désastre complet. Quirrell sema volontairement le chaos — sous couvert de maladresse — pour observer les réactions du jeune Potter, mais l'enfant ne semblait pas avoir la moindre compétence spéciale.
Il n'y eut aucun éclat de magie, aucune puissance brute. Juste un enfant un peu perdu, les yeux écarquillés. Son seul crédit était de ne pas avoir pris la fuite comme certains autres élèves face aux lutins de Cornouailles, cependant Voldemort se demandait si c'était réellement du courage ou juste une ignorance crasse au sujet du danger que pouvait représenter ces créatures vicieuses...
Moins d'une semaine plus tard cependant, McGonagall minaudait d'extase tandis que Rogue se renfrognait. Quirrell n'eut pas à poser la moindre question, puisque l'évènement était sur toutes les lèvres : pour la première fois, un élève de première année allait jouer au Quidditch.
McGonagall décrivait avec enthousiasme l'adresse du jeune Potter sur un balai, comme s'il était né pour voler, tandis que Rogue se plaignait auprès de Dumbledore de la mise en place d'un « dangereux précédent ».
Le Quidditch était un sport risqué après tout et il avait été interdit aux premières années pour une bonne raison, qu'ils soient doués ou non. Pourquoi un Potter aurait-il le privilège de défier tous les règlements existants ?
En voyant le regard brillant de contentement de Dumbledore, Quirrell sut que Potter jouerait le premier match, et il fixa pensivement l'enfant. Ses compétences en vol ne représentaient pas un danger après tout, mais... il pourrait toujours le mettre à l'épreuve. S'il se trompait, il donnerait raison à Rogue qui affirmait haut et fort que le gamin allait finir à l'infirmerie en miettes....
Les cours suivants, Quirrell observa soigneusement le jeune Harry Potter. Il n'était pas un cancre, mais il n'était pas passionné par les études. En fait, il semblait bien plus intéressé par sa conversation avec le rouquin à ses côtés que par la défense contre les forces du mal.
Le symbole du monde magique était désespérément ordinaire... en dehors de son étrange cicatrice et du sentiment de familiarité ressenti par l'esprit de Voldemort.
Voldemort avait noté que la marque sur son front — en dehors de sa forme inhabituelle — semblait gêner l'enfant lorsqu'il était proche de lui et lorsqu'il était la proie d'émotions vives. Il ne comprenait pas encore quel était le mécanisme de cette blessure magique, mais il ne s'en souciait pas vraiment.
Après tout, ce lien existant entre eux semblait être une preuve de la véracité de la prophétie.
Lassé de cette période d'observation, Voldemort décida de semer le chaos en profitant de la soirée d'Halloween. Il allait s'emparer de la pierre philosophale sous le nez de Dumbledore et retrouver un corps physique. Ensuite, il déciderait quoi faire de l'enfant...
Faire entrer un Troll au cœur de Poudlard fut ridiculement simple. Toute l'école était occupée à festoyer dans la Grande Salle et il était certain que lorsqu'il ferait son annonce dramatique, Dumbledore y confinerait tout le monde, ce qui lui laisserait largement le temps de récupérer un certain artefact précieux...
Son entrée brutale fit taire tous les élèves et tous les regards étaient fixés sur lui. Il avança d'un pas hésitant, ses traits se tordant d'une angoisse feinte à la perfection, puis il murmura d'une voix agonisante.
— Un troll ! Un troll dans les cachots...
Personne ne réagit dans l'immédiat, bien que ses paroles aient été parfaitement entendues au milieu de tout ce silence. Il s'effondra sur lui-même, mimant une perte de connaissance, et il lui fallut toute sa volonté pour ne pas sourire alors que les enfants commençaient à hurler et à courir partout comme des poulets sans tête.
Le cri implacable de Dumbledore ramena l'ordre, bien qu'il y ait une agitation certaine dans les rangs des élèves. À la grande déception de Quirrell, Dumbledore ordonna que chaque maison rejoigne ses dortoirs et il méprisa un peu plus le directeur...
Les Trolls étaient stupides, mais les élèves paniqués l'étaient encore plus et cette soirée commençait à tourner au désastre. Il resta immobile alors que tout le monde passait près de lui sans s'inquiéter de son sort.
Rogue interpella Dumbledore sèchement, suffisamment près pour que Quirrell soit aux premières loges de leur échange.
— Un Troll, Albus ? Est-ce votre conception d'une soirée amusante ?
Le vieil homme laissa échapper un bref gloussement.
— Je n'y suis pour rien. Probablement une plaisanterie qui aura mal tourné, mon garçon. Une fois les élèves dans leurs lits, nous aurons la latitude nécessaire pour gérer cet... incident.
Rogue répondit d'un reniflement méprisant et il cracha presque, agacé.
— Un Troll serait donc entré à Poudlard par hasard ? Ce n'est pas le genre de créatures que l'on trouve à chaque coin de rue ! Et pour... l'objet ?
Dumbledore laissa échapper un sifflement agacé.
— L'objet est en sécurité, Severus.
Le professeur de potions s'éloigna en marmonnant, tandis que Dumbledore regardait les groupes d'enfants quitter la grande salle, apparemment satisfait de la discipline que les préfets faisaient régner dans leurs rangs.
Quirrell entrouvrit les yeux pour observer les alentours et il eut le temps de voir le jeune Potter se glisser hors des rangs avec un de ses camarades.
Les choses devenaient intéressantes...
La Grande Salle se vida à une rapidité stupéfiante compte tenu du nombre d'élèves, et Dumbledore donna rapidement les ordres à ses professeurs pour parcourir les couloirs et localiser la créature.
Ce fut Pomfresh qui s'inquiéta du professeur inconscient, mais Dumbledore l'arrêta d'un geste.
— Nous viendrons prendre soin de lui après, Pompom. Il sera en sécurité ici, ne vous en faites pas.
L'infirmière grommela, mais elle se rendit aux arguments du directeur et très vite, Quirrell fut seul dans la Grande Salle.
Il épousseta rapidement sa robe sorcière et il quitta la Grande Salle en catimini, s'assurant de ne pas être vu. Puisque les couloirs étaient déserts — la plupart du corps enseignant devait être dans les cachots — il arriva rapidement au troisième étage, dans le couloir que Dumbledore avait interdit aux élèves et qui cachait l'entrée pour le lieu où était dissimulée la pierre philosophale.
Quirrell allait se faufiler dans la pièce, mais il dut reculer précipitamment dans l'ombre alors que Rogue arrivait à grands pas, regardant autour de lui avec les sourcils froncés.
Pestant contre ce fouineur, Quirrell se dissimula avec soin pour l'observer, espérant enfin déterminer si son Mangemort lui était encore fidèle ou s'il l'avait trahi pour rejoindre les rangs de Dumbledore...
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A travers ses yeux
FanfictionEt si... l'histoire telle qu'on la connaît était racontée par quelqu'un d'autre ? Et si la perspective changeait ?