Chapitre 6

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Lorsqu'il pensait à ses Mangemorts, Voldemort ne pouvait s'empêcher d'être amer.

Il les avait liés à lui, il pensait avoir arraché leur fidélité, mais finalement, ils avaient profité de sa disparition pour reprendre leurs petites vies ennuyeuses.

Aucun d'entre eux ne l'avait cherché. Aucun d'entre eux n'était venu à lui.

L'emprise qu'il avait sur eux était faible, presque imperceptible. La marque des ténèbres devait avoir pratiquement disparu, leur laissant croire qu'ils étaient libres... Cependant, ils ne seraient jamais libres, pas tant qu'il vivrait. Il s'en était assuré.

Ce qu'il savait de sa mère lui avait appris la prudence : cette idiote avait fait confiance à son époux et avait cessé de le droguer. Il l'avait aussitôt abandonnée, enceinte et sans le moindre sou. Il avait refusé de reconnaître son propre enfant, faisant de Tom Jédusor un orphelin.

Lorsqu'il l'avait découvert, en cherchant ses origines, il en avait tiré deux leçons : toujours se méfier des moldus et ne jamais accorder sa confiance.

Il n'était pas assez puissant pour les appeler à lui, pas alors qu'il était un esprit à des centaines de kilomètres de l'Angleterre. Il ne s'en souciait pas pour l'instant : son heure viendrait.

Il regrettait de s'être précipité après avoir entendu la prophétie, puisqu'il semblait avoir provoqué sa propre chute. Heureusement pour lui, elle n'était que temporaire grâce à son plus grand secret : il avait protégé son âme de la mort...

Coincé dans cette forêt loin de toute civilisation, il avait eu le temps de penser à la situation et il était déterminé à croire que la prophétie avait été réalisée.

L'enfant avait résisté à son attaque pour une raison mystérieuse et il lui avait retourné le sort. Sans ses horcruxes, il aurait été tué immédiatement, mais il avait survécu.

Il hésitait encore sur un point : puisque la prophétie s'était déjà réalisée, l'enfant était-il encore un danger ?

Il avait appris la leçon : il ne pourrait pas l'attaquer frontalement. Cependant... avec un peu de ruse, il était certain que le garçon serait mis rapidement hors d'état de nuire...

L'esprit de Voldemort fut tiré de ses pensées par une présence près de lui.

Ce n'était pas la présence habituelle qu'il ressentait lorsqu'un animal avait la malchance de s'égarer près de sa tanière. C'était bien plus fort, bien plus... grisant.

Il se sentait attiré comme un papillon par une flamme et il approcha, curieux. Il ne se sentait pas particulièrement menacé, puisqu'il se savait de taille à se défendre.

Il n'avait pas de forme tangible et il pouvait déchirer n'importe quel être vivant de l'intérieur s'il le voulait...

Il plana longuement autour de ce qu'il avait senti, fébrile. C'était un campement humain, ce qui semblait plutôt inespéré. Il n'avait pas encore eu l'occasion de prendre possession d'un être humain et il avait hâte de savoir à quel point il pourrait l'asservir.

Bien qu'il soit bien plus puissant que ce petit groupe, il préféra les observer avant d'agir.

Ils étaient trois hommes, installés autour d'un feu de camp. Deux d'entre eux parlaient entre eux un dialecte qu'il ne comprenait pas et il supposa qu'ils étaient des locaux. Probablement des guides payés par le troisième.

Le troisième homme en question s'adressait à eux en anglais, en parlant exagérément lentement, et il paraissait nerveux. Il avait visiblement organisé cette petite expédition pour une raison ou pour une autre, mais il semblait terrifié, sursautant à chaque bruit, ce qui amusait grandement ses guides.

Le mage noir patienta jusqu'à ce qu'ils s'installent pour la nuit. Sa présence avait fait fuir les animaux autour de lui, plongeant la forêt dans un silence angoissant. Les deux guides semblèrent s'en rendre compte, puisqu'ils échangeaient des regards nerveux.

L'un d'entre eux essaya d'expliquer à son client que l'endroit était dangereux, mais l'homme s'entêta. Il cherchait quelque chose dans cette partie de la forêt et c'était suffisant pour intriguer Voldemort...

Les deux guides s'installèrent ensemble, près du feu qu'ils avaient allumé, murmurant à voix basse. Ils se positionnèrent dos à dos, comme s'ils voulaient pouvoir se défendre en cas d'attaque. Cependant, ils ne verraient pas l'esprit du mage noir fondre sur eux, s'il se décidait à attaquer. Ils le sentiraient peut-être, mais il serait déjà trop tard.

Avec patience, Voldemort les laissa s'endormir, leur donnant un faux sentiment de sécurité. Il n'était pas pressé, il avait tout le temps du monde.

Le troisième homme s'était installé un peu à l'écart du feu et Voldemort put le détailler à loisir. C'était un homme maigre, au crâne rasé. Il semblait de taille moyenne et même dans son sommeil, son visage était agité de tics nerveux.

En s'approchant de lui, Voldemort sentit quelque chose qui lui donna un frisson d'excitation, ce qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps.

Qui que soit cet homme, il était un sorcier.

Il pouvait sentir la magie en lui et Voldemort décida soudain de s'emparer de lui. Ses deux guides étaient des moldus et Voldemort répugnait à entrer en eux. Prendre le contrôle d'un animal sauvage lui semblait moins dégradant et le destin semblait s'accorder à ses pensées puisque parmi les premiers hommes à arriver près de lui, il y avait un sorcier.

Il observa soigneusement l'homme avant de plonger en douceur vers lui, déterminé. Puisqu'il n'était qu'un esprit, il entra dans le corps.

Il dut lutter avec la conscience de son hôte. Ce dernier n'avait aucune idée de ce qui était en train de se produire, mais il sentait qu'une entité étrangère essayait de s'emparer de lui.

Son corps convulsa, mais la bataille fut trop courte pour attirer l'attention des deux guides somnolents.

Voldemort était un sorcier puissant et il avait une volonté implacable. Son hôte était un esprit faible, effrayé d'un rien... Il fouilla sans pitié son esprit pour tout savoir à son sujet et ce qu'il découvrit lui donna l'impression d'être béni des dieux.

Pour tester ses nouvelles capacités, Voldemort redressa le corps qui n'était pas le sien et il s'étira prudemment. Il se leva pour faire quelques pas, s'éloignant du feu pour se fondre dans l'obscurité.

Il trouva sans peine la baguette du sorcier qu'il possédait et il tua sans pitié les deux guides d'un Avada. Ni l'un ni l'autre ne se réveilla.

Enfin seul, il laissa échapper un rire joyeux qui sonna de façon effrayante dans la forêt silencieuse. Fixant le feu, il hocha la tête.

— On dirait bien que je retourne à Poudlard...

A travers ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant