Chapitre 11

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Quirrell laissa volontiers les commandes à Voldemort pour s'occuper de localiser précisément la pierre philosophale. Refusant d'assister à ses exactions, il se retira profondément dans son esprit, comme s'il hibernait.

Voldemort n'eut aucune difficulté à atteindre ses objectifs. Il lui suffit d'attendre la sortie de l'un des employés humains de la banque sorcière et il le kidnappa sans hésitation.

Il choisit de l'emmener dans un lieu désert, loin de toute vie humaine, pour l'interroger à sa guise. Il connaissait une grotte particulière, découverte lorsqu'il était enfant et qu'il avait déjà utilisée pour y cacher l'un de ses trésors, aussi il s'y rendit et il fit en sorte d'obtenir toutes les informations dont il avait besoin.

Ainsi donc, Dumbledore avait loué le coffre sept cent treize et avait chargé les gobelins de le protéger. Il n'y avait pas de clé pour ouvrir ce coffre, il fallait juste un gobelin afin de déverrouiller le mécanisme magique.

C'était une complication, mais rien d'insurmontable. Le mage noir n'était pas arrivé premier ennemi de la nation magique en choisissant la facilité.

Il allait se débarrasser de sa victime, quand un sourire machiavélique apparut sur le visage de Quirrell.

Il n'allait pas cambrioler Gringotts et risquer de se mettre les gobelins à dos s'il était pris. Il allait donner l'illusion de cambrioler la banque gobeline pour que cet idiot de Dumbledore cache la pierre philosophale à Poudlard. Juste à portée de sa main.

Aussitôt, il lança un imperium puissant sur l'homme et il lui ordonna de reprendre le cours de sa vie normalement. Puis, d'ici quelques jours, il tenterait d'accéder au coffre sept cent treize.

Ensuite... il devrait faire en sorte de disparaître. Définitivement.

Après s'être assuré que l'homme ne portait aucune trace de leur rencontre, il transplana avec lui et le relâcha dans une ruelle proche de Gringotts.

Satisfait, il retourna chez Quirrell. D'ici quelques jours, il serait à Poudlard avec la pierre philosophale à portée de main. Il y aurait également Harry Potter, parfaitement vulnérable...

Voldemort procura de nouveaux livres de magie noire à Quirrell, puisqu'il avait toujours besoin de sa coopération. Ce fut lors de ses lectures qu'il trouva une autre façon de se renforcer, bien plus sombre que tout ce qu'il avait imaginé jusqu'à cet instant.

Le sang de licorne.

Il allait devoir tuer ces êtres purs pour boire leur sang tel un vampire monstrueux.

Il serait maudit, mais il serait vivant. Il supposait que sa vie ne pouvait pas être pire qu'elle l'était, puisqu'il n'avait actuellement pas de corps... en dehors d'une créature monstrueuse qui avait besoin d'un hôte humain pour survivre.

L'idée de profaner les licornes ne le gênait pas le moins du monde. Cet acte considéré comme la pire chose qu'un sorcier puisse faire ne ferait qu'augmenter la peur du monde magique à son encontre, ce qui lui convenait parfaitement.

Il se moquait bien de ce qu'il devrait faire pour survivre, il était prêt à tout pour échapper à la mort. Peut-être qu'il devrait leur dire, à tous ces sorciers si imbus de leurs idéaux, que c'était ce qu'il avait appris à l'orphelinat moldu ? Qu'il devait se battre pour sa propre survie et qu'il devait être prêt à arracher chaque chose qu'il désirait des mains de quelqu'un d'autre ?

Depuis qu'il avait prévu de s'en prendre à Gringotts, Voldemort poussait Quirrell à passer du temps au Chaudron Baveur, afin d'y lire la Gazette du sorcier mise à disposition gracieusement. Il observait également les allées et venues. De la même façon, les élèves de Poudlard le voyaient et s'habituaient à son étrangeté. Personne ne serait surpris de le voir à Poudlard vêtu à la mode sorcier et le crâne caché sous un volumineux turban africain...

Il accentua son bégaiement et sa nervosité apparente, juste assez pour noter les sourires presque méprisants des enfants. Il serait la risée de Poudlard, mais personne n'irait le soupçonner.

Jusqu'au jour où Hagrid entra, immense et maladroit, suivi de près par un gamin qui attira l'attention de Voldemort.

L'enfant, minuscule et maigre à faire peur, se frotta soudain le front avec une grimace et il dévoila une cicatrice particulière. Une cicatrice en forme d'éclair.

Voldemort prit le contrôle de son hôte avec avidité, observant l'enfant avec attention, déçu de le voir si insignifiant. Bien sûr, il pouvait sentir sa magie résonner doucement avec la sienne, mais il ne semblait pas surpuissant, comme beaucoup l'avaient prétendu.

Il n'était qu'un enfant, un petit garçon perdu, qui semblait ignorant du monde de la magie et dont l'émerveillement s'affichait à chaque instant sur son visage.

Le mage noir repoussa toutes les questions qui se pressaient dans son esprit pour tenir une conversation banale avec le demi-géant, alors que son regard ne cessait de revenir sur l'enfant.

Lorsque le garçon lui tendit la main pour le saluer, Voldemort eut un mouvement de recul presque instinctif et il se justifia avec la voix haute perchée de Quirrell, assurant qu'il ne serrait jamais la main de personne.

L'enfant lui répondit d'un sourire hésitant et curieux, comme s'il pouvait sentir que quelque chose n'était pas normal chez lui et Voldemort décida qu'il était probablement dangereux.

Il remarqua également que contrairement à la majorité des autres enfants venus avant lui, Harry Potter n'eut pas un seul rictus moqueur à l'entente de son bégaiement.

Hagrid entraîna le garçon à sa suite, l'abreuvant de paroles au sujet de tout ce qu'ils avaient à faire, et Harry Potter suivit docilement, les yeux écarquillés et l'air un peu effrayé.

Voldemort resta longuement pensif, hésitant.

Une part de lui voulait en savoir plus sur le garçon qui l'avait détruit tant d'années plus tôt. Il y avait un écho en cet enfant qui lui semblait douloureusement familier et qui l'intriguait. Le vert de ses yeux était toujours aussi saisissant, malgré les lunettes trop grandes, lui mangeant le visage. Il était si familier et en même temps... Voldemort ne savait rien de lui, hormis qu'une prophétie avait été faite à son sujet, des années auparavant. Il avait cru que la prophétie s'était accomplie, mais en se trouvant face au garçon, il doutait désormais, comme si l'enfant pouvait le réduire à néant pour de bon cette fois...

Il se souvint qu'il s'était déjà brûlé en s'approchant trop près de lui et sa raison lui hurlait de mettre fin à la vie du garçon, une bonne fois pour toutes, en se servant de son hôte temporaire.

Voldemort repoussa toutes ces pensées chaotiques pour se concentrer sur le moment présent : il avait une année scolaire entière pour se décider, et il savait que les occasions ne manqueraient pas.

A travers ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant