Bien que son petit pantin n'ait pas encore attaqué le coffre sept cent treize à Gringotts, Dumbledore rappela tous ses professeurs à Poudlard pour protéger la pierre philosophale.
Voldemort ordonna à Quirrell de ne pas s'intéresser de trop près au travail de ses collègues. Il était certain qu'il pourrait passer leurs défenses avec facilité, puisqu'ils étaient les pions du directeur. Aucun d'entre eux n'oserait utiliser une magie interdite, qui n'ait pas été dûment approuvée par Dumbledore.
Alors que MacGonnagall, Flitwick et Chourave murmuraient tous les trois, isolés dans un coin, probablement en s'échangeant des idées, Rogue semblait se disputer à voix basse avec Dumbledore. Quirrell resta à l'écart, silencieux, se recroquevillant dans un coin comme l'homme effacé qu'il était censé être. Cependant, il ne perdait pas une miette du spectacle, avide d'informations.
Hagrid était absent, mais Voldemort n'était pas inquiet à son sujet. Il avait déjà réussi à interroger le demi-géant, et quelques tonneaux de whiskey ainsi qu'une partie de cartes avaient suffi à lui faire avouer tous ses secrets. Il avait en plus donné à l'homme un œuf de Dragon qu'il avait ramené d'Albanie, et il ne regrettait pas de s'en être séparé, puisque les informations récoltées lui seraient précieuses.
Sans surprise, le demi-géant avait prévu de prêter quelques-uns de ses monstres à Dumbledore et désormais, Quirrell savait comment passer devant eux sans avoir à les tuer.
Non pas qu'il éprouvait la moindre pitié pour les créatures que Hagrid appréciait un peu trop, mais il était déterminé à passer le plus de temps à Poudlard sans se dévoiler. Il y aurait bien trop de questions si l'un des protégés monstrueux de Hagrid venait à disparaître subitement alors qu'il protégeait un artefact très puissant.
Une fois les protections mises en place, Quirrell accepta l'invitation du directeur à rester à Poudlard jusqu'à la rentrée. Il bafouillait, s'agitait et regardait partout sauf en direction de l'homme. Cependant, Dumbledore ne sembla pas s'en inquiéter, lui suggérant juste de se reposer pour être prêt à assumer son nouveau poste.
Cette invitation tombait à pic, de l'avis de Voldemort, même si Quirrell semblait légèrement inquiet. Après tout, qui pourrait le soupçonner s'il était sous les yeux de Dumbledore lui-même ? Gringotts allait être cambriolé — ou les gobelins auraient l'illusion que quelqu'un allait tenter de les cambrioler — d'ici peu et il serait présent à Poudlard, au milieu de tous ses collègues.
Voldemort s'assura de rester loin de Rogue, conscient que ce dernier le regardait avec méfiance, les sourcils froncés. Cependant, l'homme était trop proche de Dumbledore pour être abordé en tant que Mangemort.
Il doutait de la loyauté de son ancien Mangemort, même si Rogue pouvait jouer un rôle pour rester en liberté. Il avait découvert que Bellatrix et les frères Lestrange avaient été jetés à Azkaban peu après sa disparition et il regrettait que la plus loyale de ses fidèles soit hors de portée. Cependant, dès qu'il aurait un corps physique et qu'il aurait regagné sa puissance d'antan, il irait la chercher... Elle était bien trop précieuse pour être laissée en arrière.
Durant le temps qui restait avant la rentrée, Quirrell se retrancha dans la bibliothèque, ignorant le regard curieux de la vieille madame Pince. Il consulta autant d'ouvrages que possible au sujet de la défense contre les forces du mal, même s'il n'avait pas vraiment l'intention d'être un professeur parfait. Il s'ennuyait légèrement, surtout en étant privé d'accès à la magie noire. Il y avait probablement une limite à ce qu'il pouvait faire au nez et à la barbe du vieux fou qui dirigeait l'école de magie.
Il entendit régulièrement Rogue se plaindre de la future présence du jeune Potter, tandis que Dumbledore restait imperturbable et lui lançait un regard sévère. Lorsque le garçon était évoqué, bien qu'il écoutait autant que possible, Quirrell faisait en sorte de ne jamais réagir.
Il dut cependant donner son avis lorsque Rogue l'interpella, en plein milieu du dîner.
— Et vous, Quirrell, ça ne vous gêne pas l'arrivée de ce garçon déjà considéré comme un héros ?
Puisque Dumbledore l'observait, en attendant une réponse, Quirrell prit le temps de poser ses couverts et de tamponner sa bouche avec une serviette. Puis il haussa les épaules, sans montrer le moindre intérêt.
— Je l'ai ren... rencontré. Il était avec Hagrid. Un g-g-gosse poli.
Rogue sembla s'étouffer tandis que Dumbledore sourit doucement en hochant la tête. Il insista, en fixant le professeur de potions.
— Oui, je suis certain que Harry est un gentil garçon.
Quirrell reprit son repas et il était satisfait de voir la confusion dans les regards de Rogue. La marque des ténèbres sur son bras avait-elle réagi à la présence de son maître à proximité ? Il l'ignorait, mais il était évident que l'homme n'avait que quelques doutes et il ferait en sorte de le mener en bateau autant que possible.
Le jour de la rentrée arriva enfin et Poudlard bourdonnait d'activité, même avant l'arrivée des enfants. Profitant du fait que Hagrid préparait les barques pour conduire les premières années au château, Quirrell se glissa dans la forêt interdite et s'y enfonça sans hésitation. En dehors du turban volumineux, si quelqu'un avait aperçu sa silhouette, cette personne n'aurait pas pu identifier le professeur hésitant et renfermé, qui semblait toujours replié sur lui-même.
L'homme qui marchait dans la forêt interdite avançait d'un pas assuré, le dos droit et la tête haute. Il n'hésitait pas et ne semblait pas craindre les créatures parfois mortelles qui se terraient dans l'obscurité des arbres centenaires...
Il s'arrêta dans une clairière et s'installa sur une souche d'arbre, puis il déroula patiemment son turban. Enfin, au prix de terribles souffrances, la créature qu'était devenue Voldemort se sépara de son hôte.
Quirrell vacilla et il s'appuya contre le tronc d'arbre le plus proche, clignant lentement des yeux. La créature le fixa et lui rappela de ne pas bouger, son expression lui promettant les pires tortures qui soient s'il osait s'éloigner sans lui.
Après s'être assuré que Quirrell n'envisage pas de s'éloigner, Voldemort s'enfonça entre les arbres, flottant au-dessus du sol, sans se soucier de l'obscurité qui régnait dans le sous-bois.
Bien qu'il soit plus tangible qu'un esprit, il n'aimait pas sa condition et il renifla comme un animal pour localiser ce qu'il cherchait.
Guidé par un instinct qu'il ignorait avoir, il flotta jusqu'à la créature qu'il cherchait et il l'observa quelques instants, dissimulé derrière un buisson, s'assurant qu'elle était seule.
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A travers ses yeux
FanfictionEt si... l'histoire telle qu'on la connaît était racontée par quelqu'un d'autre ? Et si la perspective changeait ?