Chapitre 18

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Là où il s'attendait à voir Severus Rogue arriver, avec son air renfrogné et accusateur, Voldemort fut surpris de découvrir que son visiteur inattendu était Harry Potter.

Le gamin était sale et échevelé — plus qu'à son habitude — mais il avait une expression déterminée, et Voldemort ne put faire autrement que de reconnaître qu'il se débrouillait bien pour un si jeune enfant.

Lui était un sorcier confirmé, particulièrement puissant et versé dans les arts sombres, sans compter qu'il avait eu connaissance des épreuves à traverser avant de s'engager. Le gamin à l'inverse ne connaissait que quelques sorts de première année, mais il avait compensé son inexpérience par une détermination sans faille — et probablement une bonne dose de débrouillardise.

Il savoura l'expression choquée sur le visage de l'enfant et ce dernier laissa échapper un « Vous ! » surpris. Il se tourna pour lui faire face avec un sourire moqueur.

De toute évidence, Potter avait soupçonné son ignoble professeur de potions jusqu'au dernier instant et il semblait perplexe en voyant Quirrell lui faire face.

Quirrell laissa échapper un ricanement mauvais et il hocha la tête, amusé. Lorsqu'il prit la parole, il n'y eut aucune trace de bégaiement dans sa voix.

— Bien sûr, moi ! Qui aurait pu imaginer le p-p-pauvre professeur Quirrell, si peureux, et si b-b-bégayant ? Personne bien évidemment ! Il était bien plus simple d'accuser l'horrible professeur Rogue alors que ce pauvre Severus a fait de son mieux pour te protéger...

La compréhension apparut dans les yeux verts lorsqu'il singea son bégaiement et le gamin recula d'un pas, regardant autour de lui, avec une expression traquée que Voldemort apprécia.

Quirrell haussa les épaules, et il lui tourna le dos, l'ignorant, pour regarder une fois encore dans le miroir. Il n'avait pas peur de l'enfant et il aimait avoir un spectateur impuissant pour son grand retour...

L'image se brouilla et il cligna des yeux. Cette fois, le reflet était différent. Il était de nouveau Voldemort, dans son corps d'antan, jeune et puissant. Il tenait la pierre philosophale avec un sourire cruel, et à ses côtés se tenait Harry Potter. Le garçon semblait plus vieux et ses bras nus montraient la marque des ténèbres exposée fièrement, signe qu'il l'avait rejoint.

Voldemort prit la parole à haute voix, utilisant son visage monstrueux plutôt que de murmurer dans l'esprit de Quirrell.

— Utilise l'enfant...

Les yeux du garçon s'écarquillèrent et Voldemort se délecta de sa peur. Cependant, Potter resta immobile, sans chercher à fuir, comprenant sans doute qu'il n'avait nulle part où aller.

Quirrell leva sa baguette et attira Harry Potter près de lui, le plaçant ainsi devant le miroir.

Voldemort nota que le gamin ne semblait pas surpris de l'apparence de l'objet imposant devant lui et il se demanda s'il l'avait déjà vu. Il observa attentivement le visage juvénile et il vit passer plusieurs expressions. La surprise, en premier lieu, puis un léger choc, avant qu'il ne cherche à dissimuler un air... satisfait.

Quirrell lui demanda ce qu'il voyait dans le reflet et le gamin répondit avec un peu trop d'entrain.

— Je suis capitaine de l'équipe de Quidditch. Et préfet aussi ! C'est génial ! Est-ce que c'est l'avenir ?

Voldemort gronda, n'ayant pas besoin de lire l'esprit de l'enfant pour sentir qu'il mentait. Il murmura, avec une sorte d'anticipation.

— Laisse-moi lui parler, Quirinus.

Quirrell tenta de protester, craignant l'enfant ne puisse pas répondre à leurs questions s'il était trop effrayé. Cependant, Voldemort le poussa à obéir, lui rappelant que le jeune garçon l'avait déjà rencontré sous sa forme la plus monstrueuse, dans la forêt interdite...

Le Gryffondor eut un mouvement de recul alors qu'il observait avec méfiance Quirrell dérouler lentement son turban volumineux. Il hoqueta et écarquilla les yeux en voyant le visage de Voldemort dans le crâne de Quirrell, mais il ne se mit pas à hurler.

Voldemort l'observa sans un mot, fasciné par ce garçon qui se trouvait sans cesse sur sa route. Il nota sa grimace de douleur avec délectation, et il l'observa frotter sa cicatrice. Il se demanda brièvement quel était le lien entre eux, pour que l'enfant en ait une sensation physique, mais il fut distrait par un geste du garçon, alors qu'il tâtait sa poche de son autre main, et il comprit immédiatement.

Avec un rire amusé — et probablement effrayant compte tenu du mouvement de recul de l'enfant — il donna ses ordres, sans le quitter des yeux.

— Il a la pierre. Attrape-le.

Le garçon s'élança pour fuir et Quirrell commença à lancer des sorts pour lui couper toute retraite. Lorsqu'ils furent face à face, Voldemort grogna, lassé de son entêtement.

— Tue-le !

Obéissant, Quirrell agrippa le garçon par les épaules, mais Harry Potter le repoussa de son mieux, posant ses mains sur son visage.

En toute logique, l'enfant n'avait pas la moindre chance face à un adulte bien plus grand et bien plus fort. Cependant, Quirrell hésita brièvement, avant de hoqueter.

Il lâcha l'enfant et recula, haletant, ses mains tremblantes dressées devant ses yeux.

— Que se passe-t-il ? Maître ? Que...

Voldemort sentit confusément que quelque chose n'allait pas. Il avait la sensation de perdre son emprise sur son hôte. Il voulut reprocher à Quirrell d'avoir lâché l'enfant quand il vit les mains de l'homme se nécroser et se décomposer.

Ils observèrent tous les trois le premier doigt de Quirrell tomber en poussière, puis le professeur laissa échapper un cri d'agonie en posant ses mains sur son visage.

Le jeune Potter recula d'un pas, les yeux écarquillés, avec une expression horrifiée, alors que son regard passait de ses mains — intactes — à son professeur qui devenait poussière sous ses yeux.

Voldemort laissa échapper un cri de rage alors qu'il se retrouvait une fois encore sans corps physique par la faute de Harry Potter. Il avait été si proche de revenir à la vie, mais ce fichu gamin avait dû s'interposer.

Alors qu'il n'était rien de plus qu'un esprit, il se précipita sur le jeune Potter en pensant faire de lui son nouvel hôte. Ce serait probablement pénible de devoir rester dans le corps d'un jeune enfant, au moins au début, mais il pourrait le modeler à sa guise et exploiter tout son potentiel... Ce n'était qu'une mince consolation, mais il lui semblait juste qu'après avoir fait échouer tous ses projets, Harry Potter doive donner sa vie pour lui permettre de reprendre la sienne là où il l'avait laissée, dix années plus tôt.

A travers ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant