Chapitre 3

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En entendant la prophétie annonçant la naissance d'un enfant destiné à le vaincre, Voldemort avait été furieux.

Bien que son premier instinct fut de prétendre que c'était un mensonge inventé par Dumbledore, une peur sournoise commença à l'envahir.

Depuis des années, Voldemort avait fait en sorte d'échapper à la mort. Il avait corrompu son âme pour créer ses horcruxes, n'hésitant pas à en faire plusieurs pour s'assurer d'être immortel.

Il était devenu un mage noir puissant, se servant de la magie pour asservir ses fidèles, n'hésitant jamais à éliminer les ennemis sur son passage.

Quiconque se dressait devant lui était tué, le plus souvent de façon spectaculaire et douloureuse. Il voulait inspirer la terreur et s'assurer de décourager les sorciers de s'opposer à lui.

La magie lui avait offert beaucoup, mais cette prophétie était un véritable camouflet, comme si tout son empire n'était au final qu'un château de cartes.

L'idée qu'un simple nourrisson puisse avoir le pouvoir de le vaincre lui donnait l'impression désagréable que des insectes rampaient sur sa peau. Il voulait hausser les épaules et ricaner, assurer qu'un enfant ne pourrait jamais le défaire, mais au fond de lui, Tom l'orphelin avait peur de tout perdre.

Une petite voix pernicieuse chuchotait dans son esprit, le rendant agité et colérique, plus encore qu'à son habitude.

Et si...

Et si cet enfant avait réellement le pouvoir de l'atteindre ?

Et s'il laissait cet enfant grandir en paix pour finalement devoir faire face à un ennemi puissant, au-delà de ses compétences ?

Et si ses Mangemorts doutaient de lui à cause de cette prophétie ?

Et si l'espoir donné aux sorciers était suffisant pour qu'ils se soulèvent contre lui ?

Ainsi, il ordonna à ses laquais de lui donner une liste des sorcières devant accoucher d'un enfant pour juillet. Voyant la tension dans les épaules d'un de ses Mangemorts — Lucius Malefoy — il le fixa jusqu'à ce que l'homme s'incline.

– Maître. Ma propre épouse est enceinte et son terme est prévu pour juin, mais...

Avec un ricanement, Voldemort repoussa les craintes de l'homme.

— Concentrez-vous sur les sorcières proches de ce vieux fou de Dumbledore... Un tel enfant ne naîtrait pas dans vos familles, de toute évidence...

Malefoy se redressa et hocha la tête, cachant son soulagement derrière une expression déterminée. Tout comme son père avant lui, Lucius était un pur opportuniste et il était fidèle tant qu'il y trouvait des avantages. Il se pensait probablement grand stratège, mais Voldemort le connaissait suffisamment pour savoir qu'il devrait l'avoir à l'œil si les choses devaient... se gâter pour lui.

Après tout, Voldemort avait dû piéger ce vieil Abraxas pour l'obliger à lui amener son héritier... La dragoncelle qui l'avait fauché était arrivée à point nommé pour soigner sa loyauté vacillante, puisqu'il semblait soudain se poser des questions sur ses origines...

En regardant autour de lui, Voldemort vit de nombreux Mangemorts dont les épouses attendaient un enfant et sa remarque semblait les avoir soulagé. Comme s'il allait s'attaquer à la future génération de Mangemorts... le moment venu, il leur demanderait d'amener leurs héritiers pour qu'ils soient marqués à leur tour.

Durant les quelques jours où il attendit de savoir qui allait enfanter de son futur ennemi, le mage noir fut irascible et nerveux.

Pour la première fois depuis qu'il était devenu lord Voldemort, il doutait.

Devait-il prendre cette prophétie au sérieux ou non ? Après tout, le jeune Rogue l'avait entendue au fond d'une taverne miteuse, connue pour être un repère d'ivrognes. La tête de sanglier n'avait jamais eu bonne réputation et il s'étonnait que Dumbledore ait choisi précisément cet endroit pour y mener un entretien d'embauche.

Pile le jour où l'un de ses jeunes Mangemorts décidait d'aller s'enivrer.

S'il admettait que la prophétie était valide, devait-il s'attaquer à la famille de l'enfant à naître ? Devait-il éliminer toutes les femmes enceintes proches de Dumbledore ?

Un tel massacre ne le rebutait pas, mais il avait conscience que le monde magique risquait de se retourner contre lui. Il avait parfaitement conscience que les enfants magiques étaient précieux, contrairement aux moldus qui traitaient leur progéniture comme du bétail...

Il se répéta les mots de la prophétie en boucle, essayant de trouver un sens caché, quelque chose qui lui permettrait de prendre une décision.

Il était lord Voldemort après tout, le plus grand mage noir du monde magique. Il avait déjà effacé Grindelwald de toutes les mémoires en semant la terreur, réussissant à dominer l'Angleterre magique. Il décimait ses ennemis, sans la moindre pitié. Il dirigeait ses Mangemorts d'une main de fer.

Il ne doutait pas. Jamais.

Finalement, il apprit que deux femmes proches de Dumbledore allaient accoucher en juillet. Deux femmes qui se battaient contre lui, qui le défiaient constamment. Deux ennemies.

Longdubat et Potter.

L'un de ces enfants aurait quelque chose de spécial, ce qui lui donnerait le pouvoir de l'atteindre.

Peut-être devrait-il tuer les deux enfants, sans se poser de questions... Mais il voulait donner un coup fatal à Dumbledore. Il voulait que le vieil homme comprenne que sa prophétie ne servirait à rien et pour cela, il devait découvrir quel était l'enfant concerné. Il allait enfin montrer à son ancien professeur qu'il était bien plus intelligent que lui et qu'il n'aurait jamais dû le sous-estimer comme il l'avait fait.

Persuadé d'avoir trouvé la solution idéale, Voldemort ordonna à ses Mangemorts de se renseigner sur les deux familles attendant un heureux évènement. Il voulait tout savoir, ne doutant pas un seul instant que ces informations lui permettraient de découvrir l'enfant de la prophétie. Ainsi, il éliminerait la menace qui pesait sur lui et il affaiblirait Dumbledore, suffisamment pour le faire chuter de son piédestal.

Les semaines puis les mois s'écoulèrent. Voldemort continuait de semer le chaos dans le monde magique, mais entre chaque bain de sang, il cherchait l'enfant de la prophétie. Il vit les ventres de ces femmes s'arrondir, puis elles donnèrent naissance à quelques heures d'écart.

Deux garçons, nés du dernier jour de juillet, comme pour confirmer la prophétie.

Il apprit tout ce qu'il put sur eux, sans pouvoir se décider. Lequel d'entre eux aurait le pouvoir de le vaincre ? Ils étaient tous deux des bébés fragiles, dénués de toute capacité de combat...

A travers ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant