Chapitre 17

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CHAPITRE 17

Je ne l'ai jamais été

Samedi 1er juin 2013, 15h, Paris

Yl

J'étouffais sous le poids de son corps inanimé, j'étais tellement épuisée que je n'arrivais plus à le bouger.

La bulle de silence dans laquelle je m'étais plongée explosa à l'instant où Ignacio venait m'aider à m'extirper du cadavre du dernier combattant.

La foule hurlait et scandait le nom de mon père au rythme des tambours qui jouaient.

Ils étaient tous euphoriques.

Je ne savais pas où me mettre ni quoi faire.

Je venais de tuer quelqu'un. J'avais tué un homme de mes mains. Il est mort.

Le regard hagard, je cherchais Ignacio, la seule personne pouvant m'aider à me sortir de cet enfer mental dans lequel je me retrouvais bloqué.

Mon entraîneur m'aida à descendre du ring avant de lever mon bras, en signe de victoire.

Mon monde hurla encore plus fort.

Mon père m'avait mené au combat simplement pour le luxe de se pavaner devant ses adversaires en leur montrant qu'il était capable de former des armes humaines. J'avais échoué, selon ses lois. Il allait se venger, je ne le connaissais que trop bien. Tout n'était que vengeance, punition et douleur en cas de trahison.

Dans la cacophonie ambiante, je réussis malgré tout à entendre ce qu'Ignacio me chuchotait du bout des lèvres, avant qu'il ne me pousse vers cet homme qui possédait mon sort entre ses mains.

- Fuis sans te retourner et surtout ne reviens jamais. C'est ta chance, saisie là !

Mon " pourquoi " d'incompréhension ne suffit pas à obtenir une réponse claire de sa part.

- Pour la dernière fois Yl, fait moi confiance, barre toi ! C'est le dernier ordre que je te donne.

Pourquoi soudainement se met-il à défier les ordres de mon père ? Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce qu'il pourrait m'arriver de pire, que ces trois dernières années de souffrances quotidiennes ?

- Tu me déçois beaucoup Yl.

Mon père.

- J'ai gagné.

- En trichant. Tu ne mérites pas mieux que ces perdants.

Je le vis alors sortir son flingue avant qu'il ne tire une balle dans la tête de ceux qui avaient abandonné. Leur rédemption avait été courte.

Il avait tous les droits ici, il savait qu'il ne risquait rien... dans son propre pays, sur ses terres.

- Pourquoi t'as fait ça ? Ils n'ont rien fait !

- J'ai fait ce que tu aurais dû faire sur ce ring espèce d'incapable ! Tu n'es même pas fichue de respecter MES règles ! Comment est-ce que je pourrais de nouveau te faire confiance ? Tu es faible, tu m'entends ? Faible !

- J'ai tué pour toi !

La gifle partit avant que je n'ai le temps de l'esquiver. J'étais épuisée, mes réflexes ne fonctionnaient plus.

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