Une vie oubliée et sauvée

Chapitre 12 - Tout est bien réel [Savannah]

Un mois s'était écoulé depuis mon rendez-vous. Je me sentais pleine d'entrain et de joie. Le neurologue nous avait confirmé, après plusieurs examens, que ma mémoire commençait à revenir. Depuis, des fragments de ma vie surgissaient dans mes rêves, que j'empressais de noter dans un cahier afin de ne pas les oublier. Les journées passaient à une allure folle. J'avais obtenu mon permis de conduire du premier coup, j'avais aussi reçu mon dossier universitaire contenant mon diplôme mention très bien d'un master de commerce international, ainsi qu'une lettre qui disait que j'étais majore de ma promotion. Il avait juste fallu faire quelques tests pour confirmer mes acquis. Will et moi avions pris l'habitude de prendre du temps pour nous occuper de l'entreprise. Nous avions décidé de ne prendre aucun risque et de continuer avec les fournisseurs et clients actuels. Nous avions également pris la peine de les appeler les uns après les autres pour leur expliquer la situation, et tous avaient été très compréhensifs. L'autre, comme nous l'appelions, s'occupait toujours de la logistique et nous n'avions plus eu de nouvelle depuis le notaire. Le seul problème que nous avions trouvé, c'était qu'un nouveau virement de dix mille dollars avait été effectué vers la société HRB. Nous en avions parlé à Beth qui nous avait mis en contact avec le détective privé qu'elle avait embauché. Il nous avait dit de lui envoyer tous les documents par mails et que dès qu'il aurait plus de renseignements, il nous contacterait. De son côté, Will avait demandé à un de ses amis informaticien de voir s'il pouvait craquer le mot de passe du fameux dossier. Nous aussi pris contact avec le notaire pour savoir si mes parents avaient mentionné la filiale HRB dans un de leurs documents, mais celui-ci nous répondit par la négation.

Cette situation m'avait stressée, aussi je décidai d'aller faire un tour. Je longeais le chemin qui menait à la grande route, je me délectais de l'odeur des fleurs et du chant des oiseaux. Au bout du chemin, je vis le facteur déposer le courrier dans la boite aux lettres et décidai de le récupérer. En reprenant le chemin de la maison, je regardai les enveloppes, dont une portait mon nom. Qui pouvait bien m'écrire des USA ? Pas grand monde savait que je vivais ici, hormis les administrations. Je regarderais ça plus tard, j'étais sortie pour me vider l'esprit. Sur le retour, je vis Shadow montée par Will, galopant dans les plaines. La symbiose entre eux était d'une telle évidence que c'était magnifique à regarder. Clarity et moi avions retrouvé une certaine complicité mais nous étions loin d'être à leur niveau. Mes yeux se rivèrent sur Will. Je pouvais voir chaque muscle de son corps se tendre. D'ici, on pouvait le comparer à un highlander qui partait au combat. Le vent lui ébouriffait les cheveux, ce qui lui donnait un petit côté rebelle. Je sentis le rouge me monter aux joues quand je m'aperçus que ses yeux étaient rivés aux miens. Je détournai le regard rapidement et d'un pas très pressé me dirigeai vers la maison. En rentrant, Beth était au salon, finissant de remplir les quelques formulaires administratifs que nous devions renvoyer au notaire pour l'argent que mes parents m'avaient légué. Je lui tendis le tas de courrier.

« Tiens Mam's, j'ai récupéré le courrier. »

Elle levait les yeux vers moi et me remercia avec un de ses sourires qui me faisait fondre d'amour un peu plus chaque jour. C'était ma grand-mère, ma famille, mon sang et rien ni personne ne nous séparerait.

« Ma chérie, celle-ci est pour toi.

- Ah oui c'est vrai, j'avais vu une lettre pour moi. Mais je me demande de qui ça peut venir car j'ai reçu tous les courriers que j'attendais. »

Je saisis l'enveloppe et l'ouvris. Une grande feuille de papier pliée en deux s'y trouvait, ainsi qu'un tas de photos. J'ouvris le papier et mon sang se glaça face à la phrase qui était écrite, avec des lettres découpées dans des journaux ou magasines :

NE VA PAS PLUS LOIN ET RESTE A TA PLACE SI TU NE VEUX PAS FINIR COMME TES PARENTS. CA SERA MON SEUL AVERTISSEMENT.