Chapitre 4, Elle était juste là...

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Ilkka


L’endroit l’étouffe, malgré l’omniprésence de la nature autour de lui. Ilkka transpire, essoufflé. Ses yeux voient tellement de choses que son cerveau n’est pas assez rapide pour tout enregistrer et canaliser le flux de ses émotions. Sans qu’il ne sache pourquoi, il cherche un endroit
où se cacher. Il lui faut agir vite. Il le sait. Il est en danger. Un danger mortel. Il n’aura pas le temps de choisir sa cachette, alors la première sera la bonne.
Un trou entre deux racines se matérialise devant lui, assez large pour laisser passer un humain. Il s’engouffre dedans et glisse pendant des secondes qui lui paraissent éternelles. Crier lui est impossible. Son cri se perd dans sa respiration coupée par le choc. Des feuilles mortes partout autour de lui, dans une cavité assez haute pour se tenir debout. C’est le début d’un couloir dont le bout est éclairé par une lumière jaunâtre.
Retenant son souffle, il avance aussi silencieusement qu’un chat vers la porte ronde entrouverte. Une femme aux longs cheveux blancs, vêtue d’une robe blanche ornée de perles
scintillantes est assise à un bureau, dos à lui :
- Je t’attendais, Ilkka.
Ce n’est que lorsqu’elle lui dévoile son visage qu’il ne peut s’empêcher de reconnaître Chérégalki. Elle a une cinquantaine d’années de moins que la dernière fois qu’il l’a vue, mais
possède toujours son regard vif de ses yeux violets. La femme qu’il a en face de lui ressemble au détail près à la grande toile du palais de Vradilleni.
La Rose est posée près d’elle sur le bureau à côté de sa plume, juste au dessus de son parchemin. Elle serait si facile à prendre et à mettre en sécurité ! Ilkka n’aurait qu’à tendre le bras et à la saisir.
- Ce n’est pas si facile, malheureusement. Tu ne pourrais pas la ramener dans ta réalité. Mais le
temps d’un rêve, pour te redonner suffisamment de forces, je peux te transmettre un peu de son
pouvoir.
Une fois la Rose en main, il suit Chérégalki, parcouru de petits picotements :
- Chaque souverain de Draggilys cré de son vivant sa demeure éternelle. Nous avons tout ce qu’il nous faut ici. La nourriture se renouvelle à chaque fois que l’on en a besoin, et surtout, cela nous permet d’aller visiter n’importe qui par un rêve. J’ai commencé à la construire dès que j’ai reçu la couronne. Je voulais quelque chose de simple, caché et libre. Presque infini.
Chérégalki tend à Ilkka un verre de nectar orange :
- Bois ça. Cela te donnera la force dont tu as besoin pour te sortir de là.
Le liquide sirupeux dévale la gorge d’Ilkka en une douce caresse rassurante. Il s’autorise à fermer les yeux un instant.
- La nuit s’est écoulée, Ilkka. Tu dois retourner parmi les vivants.
Pour la première fois depuis son arrivée, il parvient à murmurer :
- Nous sommes encore vivants ?
- Votre souffle de vie ne m’est pas encore parvenu. Il est loin de moi. Vous êtes loin de la Mort.
C’est pour cela que tu dois retrouver la Rose Éternelle. La vraie.
Se souvenant qu’il tient le souvenir de la Rose dans les mains, il la repose à sa place, sur le bureau de Chérégalki. Mais lorsqu’il retire sa main, une épine lui érafle la peau…

La Rose Éternelle 3, AhwlalalDonde viven las historias. Descúbrelo ahora