Chapitre 12 : Nora

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Mardi 26 décembre

— Maman ! Papa ! Il neige !

Les cris excités du petit Xander me sortent de ma concentration. Après le déjeuner, je me suis installée à la table de la salle à manger pour bosser un peu, ce que je voulais faire pendant mes vacances solitaires. En attendant, les plans ont changé et je n'ai pas eu trop le temps de me pencher sur mon nouveau chantier. J'espérais surtout échapper à la discussion sur le sport et le travail qui occupe le père de Josh et ses deux frères. Iris, Tayla et Whitney regardent un dessin animé avec Xander, tandis que Rita est allée se reposer dans sa chambre. Quant au maître des lieux, il a eu la même idée que moi et on se retrouve face à face pour bosser. De temps en temps, on se jette des œillades en souriant. Ça, c'est quand il me voit, parce que je n'arrête pas de l'observer. En quelques heures, je connais ses tics par cœur. Sa façon de tapoter son crayon contre sa lèvre inférieure pendant qu'il réfléchit, sa façon de pianoter sa tempe de ses doigts au moment où il a un doute ou qu'il hésite, sa façon de sourire légèrement lorsqu'il est satisfait de son travail. Et évidemment, quand j'observe ses mains tracer des lignes sur le papier, je ne peux m'empêcher de penser à ce matin. À l'instant où il m'a pris dans ses bras, où j'ai pleuré alors que je déteste me laisser aller devant témoins. Toutefois, je ne me suis pas sentie honteuse avec lui, parce qu'il comprend ce que je ressens. J'ai la sensation qu'il me connaît plus que moi-même. « Je suis là, je ne vais nulle part » est une phrase que j'aurais rêvé d'entendre dans la bouche de mes parents, dans celle d'Hamilton aussi, fut une époque. Pourtant, elle a été prononcée par un homme qui ne me connaît pas depuis longtemps, et qui n'a aucune obligation envers moi.

— On peut aller construire un bonhomme de neige ? Hein ? On peut ?

Je souris en contemplant Xander sautiller, alors que les flocons qui virevoltent au-dehors s'accumulent sur le lit blanc formé cette nuit. Josh aussi a posé son crayon et observe son neveu.

— Tu ne veux pas finir « La belle et la bête », d'abord ? questionne sa mère.

Il secoue fortement la tête et sa tante met le Disney sur pause.

— Allons nous emmitoufler, alors ! Vous voulez venir ? demande Whitney en nous regardant tous.

Tout le monde accepte, à part Samuel, ce qui me va très bien. Nous nous habillons donc tous chaudement et sortons sur la terrasse. Les flocons dansent lentement et doucement. C'est magique. J'ai toujours adoré la neige, sa blancheur, sa manière de rendre tout plus féerique. Sans attendre, Xander s'élance et commence le façonnage du bonhomme. On s'y attèle tous et au bout de plusieurs minutes, le tour est joué.

— Attendez, je vais chercher une carotte et des pommes de terre !

Sous le rire de Don, Iris court vers la maison. Je la suis des yeux sans partager l'amusement de son futur époux et de tous les autres. C'est ridicule et déplacé, mais je n'apprécie pas de constater qu'elle n'a aucune gêne d'aller fouiller dans la cuisine. Chez son ex, devant sa copine actuelle et son fiancé. Je trouve ça vraiment limite. Irrespectueux, même.

Nora, tu exagères ! Elle ne fait rien de mal !

Elle revient avec les légumes, joyeuse, et mes pupilles se posent sur Josh. Qui sourit, attendri. Et là, j'ai juste envie de les envoyer tous se faire voir et d'aller m'allonger sous la couette ! Non, en vérité, ce que je meurs d'envie de faire, c'est de lui tirer ses cheveux blonds à la Boucle d'Or et de la balancer dans une maison avec des ours, mais beaucoup moins sympas que dans le conte original !

Lorsque je reviens à la réalité, la carotte fait office de nez sur le bonhomme de neige et les patates d'yeux. Et je me dis que je dois réellement manquer de sommeil pour penser de telles choses. Je n'ai jamais désiré frapper personne à ce point... Bon, à part Hamilton, peut-être, mais ça aurait été mérité. Non, je veux dire, quelqu'un qui ne m'a rien fait de mal, ce qui est le cas d'Iris. De ce que j'ai pu voir, c'est une gentille fille, alors pourquoi je réagis de cette façon ? Ça ne me ressemble vraiment pas. Mais je n'ai pas l'occasion d'analyser mes ressentis, quelque chose de glacé me touche en pleine tête, sur le côté. Je pousse un cri perçant, avant de me tourner lentement vers le responsable. Donovan. Et son sourire provocant.

Secret (Fucking) SantaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant