1 - Hugo : un matin comme un autre

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Hugo Fohl arriva à l'ambassade avec un peu d'avance sur son horaire habituel, ce matin-là, ce qui signifiait qu'il était très en avance sur l'horaire des autres employés. Le garde à l'entrée se frottait encore les yeux de fatigue. Il passa sous le portique de détecteur de métaux et tendit son passeport, une simple formalité pour lui. Le garde lui fit un signe de tête.

— Monsieur Fohl...

Hugo répondit simplement :

— Bonjour.

Il ignorait le nom du garde et ne s'était jamais préoccupé de l'apprendre. Il entra dans le bâtiment et fut tout de suite saisi par la puissance de la climatisation. Il frissonna de froid et d'agacement. La climatisation était trop forte et faisait un contraste désagréable avec le climat tropical extérieur. Tout le monde était d'accord là dessus mais personne n'y faisait rien. Hugo avait fait remonter ses doléances, sans que cela ne change quoi que ce soit. Une limite de plus à son autorité. Il trouvait d'ailleurs qu'il y avait beaucoup trop de limites à son autorité.

Il déverrouilla son bureau, marqué d'une plaque "Hugo Fohl, directeur, département juridique". Les dossiers l'attendaient, nombreux et déprimants. En outre, il était trop tôt pour que son assistant soit là. Il allait en profiter pour se pencher sur les dossiers confidentiels, ceux qui traitaient d'affaires n'ayant officiellement jamais eu lieu. Il se dit qu'il y en avait beaucoup, en ce moment. Il attendait avec impatience l'arrivée du nouvel ambassadeur. Cela le soulagerait de discuter de tout cela avec quelqu'un connaissant les secrets de la maison.

Hugo jeta un coup d'œil par la fenêtre, où le soleil se levait sur le petit royaume du sud-est asiatique. Encore une journée étouffante, sous la couverture nuageuse, humide et désagréable. C'était la saison sèche. Quand la saison des pluies arriverait, alors la journée deviendrait étouffante, nuageuse, extrêmement humide et désagréable. De quoi vous faire regretter amèrement la France.

Hugo lut des comptes-rendus, apposant sa signature sur certaines pages, raya des paragraphes sur d'autres. Il ajouta un tampon "confidentiel" à côté de sa signature. Quand il avait terminé un dossier, il le rangeait à nouveau dans le coffre-fort. Quelqu'un toqua à la porte, le faisant sursauter. Il camoufla prestement la feuille qu'il avait alors sous les yeux.

— Entrez.

C'était son assistant, enfin.

— Bonjour monsieur Fohl.

— Bonjour... répondit-il distraitement en poussant ses papiers.

Il devina plus qu'il ne vit le coup d'œil exaspéré que lui lançait le jeune homme. Il s'appelait Buisson, se rappela soudain Hugo. Trop tard pour l'ajouter à sa salutation. D'ailleurs il s'intéressait assez peu à son entourage...

— Vous pouvez classer les dossiers de la pile de droite. Ceux de la pile de gauche doivent être scannés et envoyés à Paris, au bureau 3 du quai d'Orsay. Avez vous transmis ceux d'hier ?

— Je n'ai pas eu le temps de finir avant le soir...

— Vous auriez pu rester. C'est urgent. Commencez par ceux-là ce matin. Vous auriez pu d'ailleurs arriver plus tôt pour le faire.

Buisson ne dit rien et prit les dossiers du jour. Puis il tendit une feuille de papier à son supérieur.

— Je voulais vous montrer ça.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Le CV d'un nouveau coopérant, je pense que vous pourriez être intéressé.

— Vous trouvez que je n'ai pas assez de ces incapables au service juridique ?

Hugo saisit cependant la feuille, surtout par réflexe. Les coopérants, ou plutôt les volontaires civils internationaux comme on les nommait désormais, étaient les sept plaies d'Égypte à eux seuls. C'étaient de jeunes diplômés qui ne savaient pas encore quoi faire de leur vie et se portaient volontaires pour trois ans à l'étranger. On les affectait dans des ambassades ou consulats à droite à gauche, pour un travail pour lequel ils n'avaient généralement aucune compétence.

Le service juridique de Fohl comptait déjà trois de ces gamins qui ne pensaient qu'à s'amuser, étaient incapables d'obéir aux ordres et brassaient de l'air inutilement. Hugo avait le plus grand mal à les supporter. Ce qu'il pouvait dire de mieux sur eux, c'est qu'ils ne faisaient pas trop de dégâts.

— Celle-là semble douée en informatique.

— Celle-là ? s'étonna Hugo.

En effet la photo d'identité lui renvoya l'image d'une jeune fille blonde aux cheveux longs. Les volontaires féminines étaient rares. Il parcourut rapidement son CV : diplômée en lettres, déjà volontaire civile depuis deux ans, passée par l'Amérique du Sud et l'Afrique, et le plus intéressant, une attestation en compétences numériques avancées. Voilà qui changeait des autres. Hugo pouvait la réquisitionner avant qu'un autre service ne lui mette la main dessus. Son homologue au service culturel serait sûrement très intéressé.

Il y avait un "mais".

— Je ne sais pas si c'est une bonne idée de balancer une fille...., commença Hugo en regardant attentivement la photo, ... qui plus est assez jolie, au milieu des coopérants de vingt ans qui ont les hormones en ébullition.

Il lut enfin son nom, Héléna Michel, puis regarda la photo à nouveau. Il ne parvenait pas à déterminer de quelle couleur étaient ses yeux. La photo était trop petite.

— Bon, lança-t-il brusquement, je la prends.

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Bonjour, je suis nouvelle sur Wattpad ! J'ai déjà écrit des fanfics avant, ailleurs. J'ai envie d'écrire mes histoires maintenant. N'hésitez pas à me donner des conseils, parce que c'est nouveau pour moi. Merci d'avoir lu!

Les ambassades sont remplies d'espions (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant