Pas facile la vie de famille

Chapitre 16 : Suis-je un fantôme ?

Le lundi midi, le collège baignait dans une atmosphère paisible et hivernale avec le vent et les flocons qui ne faisait que tomber depuis les premières heures de cours. Les élèves les plus téméraires s'amusaient dans la cour, tandis que la majorité préférait rester au chaud dans la salle de pause où il y avait des jeux de société, des babyfoots et des billards. D'autres très minoritaires, comme Marc, préféraient la solitude de la bibliothèque. Assis à une table seul, Marc était plongé dans un livre de fantasy médiéval, laissant son esprit s'évader dans les aventures épiques déployées devant lui.

Margot entra silencieusement dans la bibliothèque, repérant Marc isolé sur une table, et décida de s'approcher. Voyant que le garçon ne s'était même pas aperçu de sa présence, elle s'assit devant lui, sortit une feuille et un crayon de son sac, inscrivit un simple "Bouh" qu'elle glissa ensuite discrètement vers lui.

Le nez toujours plongé dans son livre, Marc ne remarqua pas immédiatement la présence de Margot. Cependant, son regard fut attiré vers le bas. Il découvrit le mot mystérieux. Intrigué, il le lut, leva les yeux et baissa légèrement le livre pour se retrouver face à Margot, qui arborait un sourire malicieux.

Rougissant fortement, Marc se demanda ce qui se passait. Margot, par un geste de la main, lui fit signe de la suivre à l'extérieur de la bibliothèque. Marc hésita un instant à la suivre à cause de sa timidité. Mais, voyant que la jeune fille semblait déterminée, il la suivit. Une fois dans le couloir, où le calme de la bibliothèque avait fait place au brouhaha de l'agitation des collégiens, Margot prit la parole.

"Tu joues au ninja ou quoi ? Personne ne savait où tu étais, ça fait un quart d'heure que je te cherche et que je demande à des gens s'ils t'ont vue."

Mal à l'aise, Marc balbutia quelques mots pour expliquer qu'il avait déjeuné seul à la cantine et qu'il préférait la tranquillité de la bibliothèque. Margot, curieuse, demanda pourquoi il était hier à la messe avec l'ancienne nounou de son petit frère.

"Mes parents sont partis en week-end, et Suzanne s'est occupée de moi car c'est une bonne amie de ma mère," répondit Marc, omettant volontairement les causes de l'organisation de ce week-end.

Margot trouva injuste que les parents de Marc partent sans lui, mais elle ne poussa pas davantage sur le sujet. Au lieu de cela, elle voulait en savoir plus sur lui. Elle questionna Marc sur la messe et découvrit qu'il n'y aurait rien compris sans Suzanne, mais qu'il avait trouvé l'ambiance joyeuse.

"Je suis rassuré, car quand je t'ai vu arriver à la bourre et ta tête quand je t'ai fait signe, j'ai cru que tu avais été puni. Mais, c'est débile d'utiliser la messe comme punition."

Margot partagea alors son amour pour la messe et son rêve de devenir pasteur, malgré l'opposition de ses parents qui préféraient la voir devenir médecin ou pharmacienne. Curieuse, elle demanda si Marc aussi avait des rêves que ses parents ne voulaient pas lui offrir. Timidement, il avoua n'avoir jamais trop réfléchi à son métier et omis de parler des idées de son père sur l'éducation.

Profitant d'avoir la parole, Marc osa poser la question depuis le début de cette rencontre impromptue : "Pourquoi tu me cherchais au fait ? Car bon, tu ne vas pas me faire croire que tu voulais juste savoir pourquoi j'étais avec Suzanne à la messe, non ?"

Margot sourit et expliqua qu'elle voulait initialement le remercier d'avoir parfaitement réussi lors de l'interrogation orale d'histoire. Grâce à lui, l'enseignante avait annulé l'interrogation écrite collective, la remplaçant par une dissertation à rendre la semaine prochaine.

"Merci, mais si j'ai si bien réussi, c'est parce que je ne voulais pas avoir d'observations dans mon carnet," répondit modestement l'adolescent.

"Vu ce que cette peau de vache t'a dit vendredi, tu aurais simplement pu répondre simplement à ces questions. Mais là, on aurait dit que tu donnais cours, tu as lié tous les événements et les dates comme si tu lisais un livre." Elle s'interrompue et regarda derrière elle la porte de la bibliothèque. "Ne me dit pas qu'il y a un livre qui reprend tout le cours d'histoire et que tu l'as appris par cœur ?"