Chapitre 18 : Un après-midi chez Margot

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Le samedi après-midi, Bruno déposa Marc devant la maison de Margot. La nervosité était palpable dans l'air alors que père et fils se garèrent devant la demeure. Bruno, regardant son fils, lui posa la question : "Tu veux que je t'accompagne ?"

Marc, essayant de masquer son propre malaise, secoua la tête. "Non, ça ira, papa. Je vais y aller seul." Les deux échangèrent un regard significatif, plein de compréhension tacite, avant que Marc ne sorte de la voiture.

Les parents de Margot, ayant repéré l'arrivée de Marc, les accueillirent chaleureusement à la porte. Après les salutations, ils proposèrent aux adolescents de prendre une boisson. Margot, cependant, déclina poliment et rapidement en expliquant qu'ils étaient là pour la dissertation. "On va s'installer dans ma chambre. Ça te dérange pas, n'est-ce pas ?"

Marc, un peu surpris par l'invitation directe, accepta en hochant la tête. Ils montèrent ensemble à l'étage, et Margot ouvrit la porte de sa chambre. La pièce n'était pas parfaitement rangée, mais c'était le genre de désordre organisé qui donne un charme particulier. Des posters de groupes de rock chrétien décoraient les murs, et un petit espace de prière était aménagé dans un coin traduisant les aspirations de la jeune fille.

Le bureau de Margot était couvert de feuilles et d'un ordinateur portable. Un ours en peluche bien usé trônait sur le lit. Marc ne put s'empêcher de remarquer ce détail et se sentit immédiatement plus à l'aise. Il n'était pas le seul adolescent à apprécier la présence réconfortante d'une peluche.

Margot, après avoir refermé la porte derrière eux, se dirigea vers son lit et s'y jeta. "Pfiou, je suis crevée. J'ai encore mal dormi à cause de l'alarme du pipi stop de mon frère."

La déclaration de Margot fit sourire Marc, qui se sentit soudain moins seul dans sa propre lutte contre l'énurésie. "J'ai regardé un peu sur internet, je ne suis pas sûr que j'aimerais dormir avec ça." Répondit-il en s'asseyant sur la chaise du bureau après l'avoir approchée du lit.

Margot sourit à Marc. "Bah ça va, on pourrait dormir avec sans problème toi et moi. Ce qui est chiant, c'est que ce machin est trop sensible. Ça réveille Pierre alors qu'il a même pas envie de faire pipi, et quand il a un vrai accident, il met du temps à se réveiller."

Marc rougit légèrement, car Margot ignorait que lui aussi souffrait de fuites la nuit, et qu'il vivrait le même calvaire que Pierre. Finalement, il se dit qu'il a eu de la chance de tomber sur Suzanne qui lui a fait découvrir les couches. "Il n'y a pas possibilité de la régler ?"

Margot se redressa pour s'asseoir sur son lit avec une expression d'exaspération sur le visage. "Mais si ! C'est ça le pire ! Mes parents ont mis le niveau maximal de sensibilité. Soi-disant pour l'encourager à devenir propre ! Sauf que son lit il est juste là !" dit-elle en pointant le mur qui juxtaposait son lit. "À la limite, si ça ne réveiller que lui. Moi, je n'ai rien demandé."

Marc était troublé par la tirade de Margot contre ses parents et il ne pouvait s'empêcher de se mettre à la place de Pierre. "Ouai, mais c'est pas cool pour ton frère. En plus il doit se réveiller dans des draps froids."

Margot souleva un sourcil à cette remarque "Non mais, je ne lui en veux pas à mon petit frère. Au contraire, je l'adore et je sais qu'il aimerait dormir au sec comme nous. Non, c'est à mes parents que j'en veux de lui avoir retiré les couches. Soi-disant Pierre ne ferait pas d'effort parce que les couches sont trop confortables. Pierre, il a dix ans ! Ils ne voient pas qu'il voudrait ne plus faire pipi au lit. Il ne va à aucune pyjama partie, et il n'y peut rien."

Marc ne pouvait qu'être d'accord avec la remarque de la jeune fille. Même si Suzanne lui avait permis d'accepter la situation, ça restait très humiliant d'en parler. "C'est clair, ils ne savent pas ce que ça fait que de s'endormir avec la trouille de que tout le monde sache."

Pas facile la vie de familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant