Faux-self

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Je suis si forte. La plus forte, la meilleure. Toutes les épreuves je les surmonte et je remporte tous les combats.
Je suis la première, j'ai maitrisé toutes mes peurs, dépassé mes hontes et réussi tellement d'exploits.
Je connais tout, j'ai tout vécu, tout vu, tout parcouru, j'ai tout fait et tout tenté pour qu'il me voit.

Que vais-je revêtir aujourd'hui pour conquérir le monde ? Serais-je drôle, autoritaire ? Bienveillante et cruelle à la fois ?
Serais-je la lionne, l'ingénue, ou la sorcière ? Je peux être si belle dans mes tenues d'apparats.
Séduire les hommes, convaincre les foules, je sais tout faire, je serai celle qui les intriguera.

Et voilà, je les ai vaincu, tous eu, tous mis à terre. On m'adule, on m'encense, on m'acclame, mais il ne les entend pas.
Comme je les méprise, ces faibles, à courrir derrière le vent. Il n'y a rien à admirer. Si c'était vrai, il serait là.
Mais qu'ils se cassent, qu'ils me laissent seule. Je me fous de leur amour. Narcisse n'avait ni amis, ni père, ni roi.

De toute façon ils ont tort et je les pietinerai, torturerai, me defendrai jusqu'au dernier combat.
Sous mon armure si bien forgée, rien ni personne ne me touche, je suis une championne, une guerrière, un vrai soldat.
Même que je sais tenir, me battre, encaisser comme un homme. Cet homme qu'il aurait tant voulu que je sois.

Mais aujourd'hui je suis tombée, dû abdiquer, on ne m'a laissée ni gagner, ni combattre cette fois.
Pourtant j'ai tout tenté pour qu'ils s'éloignent, qu'ils capitulent, mais cette armée n'avait pas peur de moi.
J'ai bataillé seule, aveugle et entêtée. Et à trop porter sur mes épaules, elles se sont écroulées sous le poids.

Détrônée, gisant au sol j'ai d'abord cru avoir gagné. Je le savais ! Regardez, ils sont partis, ils ne sont plus là.
Mais, ils attendaient, tapis dans l'ombre, que je ne veuille plus être la meilleure. Juste une meilleure version de moi.
À leurs mains tendues j'ai dû me rendre à l'évidence, je n'ai rien vu, je ne sais rien, n'ai rien vécu. Souffrir n'était pas une fin en soit.

J'ai le droit d'etre faible, tanguer ou vaciller. J'ai appris que si un jour je tombe, quelqu'un me rattrapera.
Et si ce n'est pas lui, je lui pardonne, lorsque l'on fuit, blesse ou qu'on abandonne, c'est qu'on ne s'aime pas.

textes 2Where stories live. Discover now