Nous parlons le même langage et pourtant je te connais si peu : toi l'enfant oublié, toi l'enfant si diffèrent. Je vois des larmes jamais versées, des souvenirs trop douloureux, mais je ne comprends pas : comment peux-tu être aussi distant ?
Dis-moi mon amour, ton coeur est-il mort, comme le mien ? Enfoui sous des monceaux de peines à jamais tues ? Est-il seulement éteint? Dis-moi mon amour, comment faire pour être heureux, dis-moi, que fais-tu de tous ces maux que tu retiens ?
Tels deux enfants en cage, d'un plumage se fondant aux tempêtes et aux galères, nous nous sommes perdus à coup de faux-semblants.
S'adapter, plaire, hocher la tête, nous savons faire, jusqu'à oublier qui l'on est vraiment. Derriere nos artifices, je vois, je m'entête, et je me perds.
Et toi, tu mens.
Bien que nous venions de la même planète étrange, parfois je me sens triste et délaissée : moi l'enfant oublié, moi l'enfant si violent.
Il y a derrière mes colères de la haine et des douleurs jamais criees, mais je ne comprends pas : doit-on m'abandonner pour autant ?
Dis-moi mon amour, comment fait-on pour faire confiance, quand même l'humanité ne nous a jamais rien prouvé ? Comment fait-on pour retrouver l'innocence, rassurer l'enfant en nous, pour oublier ?
Nous avons volé au-delà des volcans endormis, au dessus des nuages : nous les Phoenix arrogants sûrs et certains de dominer les cieux. Et alors l'ego regonflé et le coeur trop rempli, oubliant tous nos adages, nous avons, sans réfléchir, plongé têtes baissées dans ce petit jeu.
En même temps, il faut nous pardonner, nous les âmes jumelles, nous nous étions attendus pendant si longtemps ! Mon amour se serait-on brûlé les ailes? Volé trop près du soleil ? Aurait-on aimé jusqu'à l'épuisement ?
Tu me l'as promis, juré, craché, mais comment peut-on m'aimer, moi qui me déteste tant ? Prouve-le moi, et je te prouverai que tu peux compter sur moi. S'il est encore temps ! À trop nous être blessés, je t'ai perdu, tu m'as perdue, et aujourd'hui tu n'es plus là. Mais comment on va faire nous, si on ne s'aime plus, pour réchauffer nos deux petits coeurs froids ?
J'ai tout de même l'espoir qu'un soir tu rentres. Qu'il ne soit pas trop tard, qu'on ait pas tout gâché... Mais, dis moi, est ce que l'amour se réinvente quand il a été si difficile à confier ? Et si tu ne veux pas, si j'ai été trop chiante : aurais-tu toute fois l'obligeance de m'aider un peu à avancer ? J'ai deux trois trucs qui me hantent et deux trois autres trucs à pardonner.
Toi mon meilleur ami, toi mon amour, toi ma vie, toi mon amant, penses-tu qu'on pourrait tout recommencer ? A t'on le droit d'y rêver, d'y songer juste un instant ? Me laisseras-tu te faire sourire, panser tes plaies ? Seras-tu plus présent ? Et s'il te plait, si c'est possible, qu'on y arrive, pourras-tu me réconforter, me faire plaisir et me laisser entrer de temps en temps ? La porte de tes pensées est verrouillée, tu as emporté les clefs en t'en allant.
